đč En Ce Temps LĂ L Amour Avignon
AvignonOff 2022.La 56Ăšme Ă©dition du Festival Off dâAvignon sâest achevĂ©e le 30 juillet. En 2019 on avait estimĂ© Ă 300 000 le nombre des spectateurs. Les orgnisateurs Ă©valuent la frĂ©quentation Ă 270 000 en 2022 malgrĂ© ce qui reste de la pandĂ©mie et une canicule trĂšs pesante qui risque malheureusement de se renouveler plus souvent Ă lâavenir.
ScĂšne de La DacultĂ© » dans la cour du lycĂ©e Mistral - Christophe Raynaud de Lage La nouvelle piĂšce de Christophe HonorĂ©, La FacultĂ© », se passe quelque part en banlieue, entre fac et citĂ©. Mais lâauteur a le don â la facultĂ© â de faire dĂ©river les lieux et les ĂȘtres dans un ailleurs, un peu comme les chansons quâil invite dans ses films. Je suis la pĂ©dale, je suis la fifille, je suis lâenculĂ© » Il y a bien lĂ une mĂšre, madame Leflamair qui, dans son appartement de la citĂ© les Iris, Ă©lĂšve seule ses trois fils, JĂ©rĂ©my, Kevin et Yoann. Il y a bien lĂ un Arabe prĂ©nommĂ© Ahmed, Anna la petite dealeuse le beau Harouna irradiant la chambre quâil occupe lĂ oĂč vit sa famille dans le lotissement Jules VallĂšs, et la discrĂšte Souab, qui connaĂźt tout le suite aprĂšs la publicitĂ© Il y a bien lĂ une police qui rĂŽde, les lumiĂšres dâun commissariat. Il y a lĂ , trĂšs vite, au dĂ©but de la piĂšce, un fait divers dont vont sans doute sâemparer les mĂ©dias Ahmed que lâon retrouve shootĂ© au crystal, la tĂȘte dĂ©foncĂ©e de coups, agonisant dans un terrain vague entre fac et citĂ© et qui meurt sur le chemin de lâhĂŽpital. MĂȘme si Ahmed est rouĂ© de coups ayant entraĂźnĂ© sa mort sans avoir eu lâintention de la lui donner, il meurt dâabord dâamour. Pour Harouna. Lâun des trois Ă lui donner de fatals coups de casque de scooter sur la tronche. Les deux autres, ce sont les frĂšres de JĂ©rĂ©my qui, lui, avait Ă©tĂ© lâamant dâun soir dâAhmed, lequel Ă©tait aussi lâesclave sexuel consentant de son prof de fac, StĂ©phane. LâhomosexualitĂ© souvent cachĂ©e, difficilement assumĂ©e de ces jeunes de banlieue », et que les autres » ne veulent pas voir Ahmed meurt parce quâil nâexiste pas, Christophe HonorĂ© lâaborde frontalement scĂšne de baise et rĂȘves lyriques traversent sa piĂšce. JĂ©rĂ©my, une nuit de neige, revenant sur les lieux du crime et sâadressant Ă Ahmed La suite aprĂšs la publicitĂ© Ils tâont battu, Ă mort, et ils tâont oubliĂ©. Ils pourraient passer prĂšs de ton cadavre, ils ne te reconnaĂźtraient pas, ni toi, ni ce quâils ont fait. Et ils pourraient me tuer, moi aussi, parce que pour eux, je ne suis rien dâautre que toi. Je suis la pĂ©dale, je suis la fifille, je suis lâenculé⊠» Une commande dâEric Vigner pour son acadĂ©mie La piĂšce qui prend le temps de se mettre en place et oscille ou hĂ©site entre plusieurs registres, se concentre peu Ă peu et se grandit autour de son nĆud tragique JĂ©rĂ©my va-t-il aller dĂ©noncer ses frĂšres ? Comment choisir entre lâamour dâune mĂšre et son amour propre ? Entre la vĂ©ritĂ© dite et le silence complice ? Entre le sang des siens et lâodeur dâune peau aimĂ©e ? Entre lâaffirmation du jour et le remord de la nuit ? Eric Vigner a commandĂ© cette piĂšce pour les acteurs de son acadĂ©mie, alors mĂȘme quâils nâavaient pas Ă©tĂ© choisis. Pourtant, tant ils sont tous trĂšs justes, la piĂšce semble avoir Ă©tĂ© Ă©crite pour eux et pour Scott Turner Schofield StĂ©phane et la trĂšs impressionnante Jutta Johanna Weiss la mĂšre, qui complĂštent les six de lâacadĂ©mie. Le parti pris de Vigner prolonge la façon dont HonorĂ© lance ses mots au large des rives du rĂ©alisme et les laisse dĂ©river. Rien de naturaliste. Ni dans le jeu, ni dans les costumes Ă commencer par ceux des jeunes garçons qui semblent sortis dâune photo de Bernard Faucon. Et nullement dans le dĂ©cor une plage de sable fin qui envahit les rues de la citĂ© et rend lunaires ses arbres, ses rĂ©verbĂšres. Le tout plongeant la piĂšce dans une ouate dâonirisme. En plein accord. Lâhistoire de Josef Fritzl De SuĂšde lâartiste plasticien Markus Ăhrn et de Finlande les compagnies Nya Rampen et Institutet nous vient un Conte dâamour » de trois heures, le spectacle, Ă ce jour, le plus troublant du festival. Un bloc opaque et lumineux Ă la fois qui ne vous lĂąche plus, et vrille estomac et cervelet longtemps suite aprĂšs la publicitĂ© Le dispositif vidĂ©o de Conte dâamour » - Christophe Raynaud de Lage Au dĂ©part, un fait divers mondialement mĂ©diatisĂ© lâhistoire de Josef Fritzl, un Autrichien qui, dans sa cave, sĂ©questra sa fille durant 24 ans, eut avec elle sept enfants. La haine, lâhorreur auraient pu engendrer la mort, le suicide ou la fuite Ă plus ou moins brĂšve Ă©chĂ©ance. Il nâen fut rien. Le temps qui nâen finit pas, les annĂ©es qui sâaccumulent ne vont pas sans chemins de traverse et renversements, lâhorreur engendre la douceur sans lâannuler pour autant, la haine est aussi fille de lâamour, un pĂšre reste un pĂšre. Mais le mystĂšre demeure. Et lâĂ©nigme reste entiĂšre comment tout cela, aujourdâhui, a-t-il Ă©tĂ© possible ? Un dispositif dâune effroyable justesse Les artistes du spectacle ne rĂ©pondent pas mais ouvrent lâespace de ce possible. Et le temps du spectacle â plus de trois heures â est le temps quâil faut pour dĂ©ployer les ailes de ce dispositif en mĂ©nageant ses plages oĂč le temps se vide, oĂč le ressassement tient lieu de sablier. Câest Ă la fois Ă©prouvant et fascinant. Et, comme un baume jetĂ© sur la plaie, traversĂ© de chants dâamour. Le dispositif est dâune effroyable et magnifique justesse. Sur la scĂšne, une minuscule barriĂšre blanche dĂ©limite le pĂ©rimĂštre propriĂ©taire comme dans bien des pavillons europĂ©ens. A lâintĂ©rieur du pĂ©rimĂštre, un bloc Ă trois Ă©tages. A mi-hauteur, un sofa oĂč est allongĂ© le pĂšre au dĂ©but du spectacle, entourĂ© de poupĂ©es de suite aprĂšs la publicitĂ© Une trappe mĂšne Ă la partie basse un espace cave qui nous est masquĂ© par un drap blanc mais dont on percevra les ombres et les lumiĂšres câest lĂ que cela se passe. Et cela, on le voit, nous spectateurs, dans la partie haute, sur un Ă©cran vidĂ©o. Lequel parfois divisĂ© en deux diffuse les images en direct de ce qui se passe dans la cave. Soit une camĂ©ra fixe, comme une camĂ©ra de surveillance, disposĂ©e dans un angle de la piĂšce et dont les habitants de la cave regardent lâĆil et, partant, nous regardent ; une camĂ©ra mobile, miniature, que les habitants de la cave se passent, se filmant les uns les autres, et câest comme un cordon ombilical qui les relie. ScĂšne de Conte dâamour » prise par la camĂ©ra vidĂ©o fixe Je tâaime papa... je tâaime papa » La force théùtrale de ce dispositif dont la vidĂ©o est constitutive de lâĂ©criture et non fioriture comme souvent est complĂ©tĂ©e par un parti pris radical de distribution qui se rĂ©sume Ă quatre individus la fille et ses deux enfants, dont un bĂ©bĂ©, sont jouĂ©s par des acteurs hommes, tout comme le pĂšre. Le faisceau de troubles que procure ce Conte dâamour » nâen est que renforcĂ©. Des effigies, des babioles miniatures filmĂ©es en gros plans, les chansons dâamour triste de la fille qui ne sait que chanter mĂȘme quand son pĂšre sâallonge sur elle, des jeux dâenfants entre le pĂšre incestueux et ses enfants, des phrases lancĂ©es comme Je tâaime papa », dont on ne sait si elles sont le fruit du cĆur ou de la peur, traversent cet espace confinĂ©. Car amour il y a aussi. Et conte donc. Lâartiste suĂ©dois et les deux compagnies finlandaises travaillent actuellement Ă une nouvelle crĂ©ation Nous aimons lâAfrique et lâAfrique nous aime » qui sera créée la saison prochaine Ă Berlin.
Construitecomme une sĂ©rie policiĂšre, cette tragĂ©die aborde des enjeux contemporains : amour, engagement, fidĂ©litĂ©, politique. Texte : Jean Racine. Mise en scĂšne : Robin Renucci. Avec Judith dâAleazzo, Henri Payet, Marilyne Fontaine, Solenn Goix, Julien LĂ©onelli, Sylvain MĂ©allet, Patrick Palmero et Chani Sabaty.
En ce temps-là l'amour - Grand Format "En ce temps-là , l'amour était de chasser ses enfants..." Ainsi commence le récit que Z entreprend devant un petit magnétophone. AprÚs avoir longuement... Lire la suite 10,00 ⏠Neuf Expédié sous 6 à 12 jours Livré chez vous entre le 31 août et le 6 septembre "En ce temps-là , l'amour était de chasser ses enfants..." Ainsi commence le récit que Z entreprend devant un petit magnétophone. AprÚs avoir longuement hésité, encouragé sans doute par les quelques photos de son arriÚre-petit-fils qui viennent tout droit d'arriver d'Amérique, il se décide enfin à raconter, par bande magnétique interposée, un souvenir gravé à jamais dans sa mémoire l'étrange rencontre avec un pÚre et son jeune garçon dans le wagon qui les emmenait vers les sinistres camps allemands. Et surtout l'extraordinaire volonté chez cet homme de profiter de chaque instant pour transmettre à son fils l'essentiel de ce qui aurait pu faire de lui un homme. Un récit qui serait sans doute insoutenable sans le talent poétique au sens le plus noble du terme de Gilles Ségal. Date de parution 01/01/2016 Editeur Collection ISBN 978-2-8071-0086-2 EAN 9782807100862 Format Grand Format Présentation Broché Nb. de pages 40 pages Poids Kg Dimensions 11,6 cm à 20,5 cm à 0,4 cm Biographie de Gilles Segal Né en Roumanie, Gilles Ségal est auteur, mime, comédien. Il a travaillé avec Marcel Marceau et Jean-Louis Barrault, puis pour le cinéma et la télévision. En 1996, son spectacle Monsieur Schpill et monsieur Tippeton publié chez Lansman a obtenu deux MoliÚre. Il est décédé en 2014.
Vousavez aimé En ce temps-là , l'amour ? Vous aimerez aussi : Coeurs: La derniÚre lettre: Taking sides, le cas FurtwÀngler: Amen: Gouttes d'eau sur pierres brûlantes: La Fausse Suivante: Pays de Production de En ce temps-là , l'amour Pays : Dates de Sortie de En ce temps-là , l'amour Année Production : 2002: Date de Sortie Cinema : 14/01/2004: Voir aussi la fiche
PubliĂ© dimanche 10 juillet 2022 Ă 1937 ModifiĂ© lundi 11 juillet 2022 Ă 1406 Il vous Ă©puise et vous le remerciez. Il vous conduit au cĆur des enfers, lĂ oĂč fulmine HadĂšs, et vous vous sentez un enfant du paradis. Ce mois de juillet, Olivier Py fait ses adieux au Festival dâAvignon, aprĂšs neuf ans de rĂšgne. Il y reviendra, bien sĂ»r, mais plus comme directeur. Alors, pour tirer sa rĂ©vĂ©rence, il a commis une piĂšce fleuve, qui est une homĂ©lie et un manifeste, une comĂ©die et une Ă©lĂ©gie, une farce de maĂźtre-queux et une priĂšre de pĂšlerin errant dans le dĂ©sert.
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En ce temps-là , l'amour" Gilles Segal Le comité français pour Yad Vashem a proposé le 9 janvier 2012 à ses adhérents et sympathisants, une soirée consacrée à une piÚce de théùtre
PrĂ©sentation du projet Notre premiĂšre piĂšce, "Pendant que les autres dansaient", part au Festival d'Avignon du 7 au 31 juillet 2022!! NOTRE AVENTURE ! Voila maintenant deux ans que nous nous sommes dans la rĂ©alisation de ce puissant projet. Loin de nous douter de la tournure que ce dernier allait prendre, mais tout en l'espĂ©rant, nous avons Ă travers les rĂ©pĂ©titions, les reprĂ©sentations, les moments de parfaite harmonie et les tunnels administratifs un peu plus compliquĂ©s. Ceci Ă©tant dit, nous voila aujourd'hui extrĂȘmement de vous annoncer que " Pendant que les autres dansaient " part Ă Avignon et pour tout le mois de juillet. C'est assez fou. Nous allons jouer au théùtre " Au Bout LĂ -Bas ", une trĂšs belle petite salle d'une cinquantaine de places, idĂ©alement situĂ©e. Autant vous dire que nous sommes tous fous de joie. Comme vous vous en doutez, malgrĂ© notre passion pour ce que nous faisons, et l'amour que nous avons Ă travailler ensemble Avignon demande un peu plus que ça, et notamment financiĂšrement... Voila pourquoi nous venons aujourd'hui, aussi humblement que possible, et en espĂ©rant pouvoir vous le rendre Ă travers notre travail, vous demander de l'aide. De l'aide pour pouvoir continuer Ă avancer, de l'aide pour continuer Ă crĂ©er, ensemble. NOTRE PIECE. Trois ans aprĂšs un viol, Diane dĂ©cide dâentrer dans le Laboratoire, un lieu hors du temps oĂč il lui est permis dâobserver et dâinteragir avec diffĂ©rentes facettes, diffĂ©rents pĂŽles de sa personnalitĂ©. Diane veut aller mieux, car tout ne sâest pas arrĂȘtĂ© cette nuit lĂ . Il y a autre chose Ă trouver pour elle la reconstruction, la rĂ©silience, la joie. Mais aprĂšs une telle violence, comment se reconstruire ? Que deviennent confiance, raison, rĂȘve et amour ? NOTRE COMPAGNIE. Les membres fondateurs de la compagnie Le temps de reprendre notre souffle » sont issus de la pĂ©dagogie alternative Waldorf, et elle se compose en majoritĂ© dâartistes issus du Studio de Formation Théùtrale de Vitry-sur-Seine dirigĂ©e par Florian Sitbon. Cette compagnie a pour but de laisser Ă©merger des crĂ©ations originales engagĂ©es, oĂč sâentremĂȘlent diverses formes dâart musique, danse, vidĂ©o etc., car pour nous, le théùtre est avant tout un moyen de transmettre lâintimitĂ© des individualitĂ©s, sous quelque forme quâelle soit. Notre compagnie croit donc que lâempathie, mĂȘme soumise au regard critique quâimpose une reprĂ©sentation, permet de sâouvrir de façon apaisĂ©e Ă des rĂ©cits de vie et par lĂ -mĂȘme fait place Ă une possibilitĂ© de se comprendre en tant que communautĂ© Ă travers lâensemble des singularitĂ©s. A quoi sert l'argent collectĂ© GrĂące Ă cet argent, nous allons pouvoir vivre cette aventure, payer les comĂ©diens, payer la salle, payer le logement. Et qui sait ? Peut-ĂȘtre s'offrir une glace si nous dĂ©passons le budget. Objectif de collecte 10 400,00 ⏠Montant Global 30 300,00 ⏠DĂ©penses DĂ©signation Montant DĂ©penses Promotion 500,00 ⏠PrĂ©stations exterieures Assurances, inscriptions, droits 1 800,00 ⏠Salaires 22 700,00 ⏠Location salle 5 300,00 ⏠SOUS TOTAL 30 300,00 ⏠TOTAL TOTAL 30 300,00 ⏠Recettes DĂ©signation Montant Recettes prĂ©visionnelles Aides 3 000,00 ⏠ReprĂ©sentation thĂ©atre Pixel 2 000,00 ⏠Billetterie 6 800,00 ⏠SOUS TOTAL 11 800,00 ⏠Proarti Financement participatif proarti 10 400,00 ⏠TOTAL TOTAL 22 200,00 ⏠Quel aprĂšs pour une personne violĂ©e ? Est-il une reconstruction possible, ou est-elle condamnĂ©e Ă errer dans ses traumatismes passĂ©s ? Est-ce tabou dâaller bien aprĂšs un viol?Au-delĂ de lâomerta, la piĂšce entend dĂ©fendre le postulat suivant prendre conscience de lâĂ©tendue des consĂ©quences dâun tel traumatisme sur tous les aspects Ă©motionnels et rationnels dâun sujet, sur tous ses pĂŽles », câest permettre Ă ce mĂȘme sujet de redevenir acteur de son histoire, et par-lĂ relĂ©guer la douleur au rang de sujet dâĂ©tude. Dans lâapprĂ©hension des consĂ©quences dâun viol, force est dâabord de constater lâimportance des changements qui sâopĂšrent chez la victime, et lâĂ©tendue des domaines de sa personnalitĂ© qui sont touchĂ©s. Une victime de viol voit sa vie entiĂšre chamboulĂ©e au-delĂ des consĂ©quences sur sa santĂ© physique et sexuelle, câest tout son rapport aux autres et Ă elle-mĂȘme qui se modifie. La raison sâadapte, module sa façon mĂȘme dâĂȘtre en consĂ©quence du traumatisme. La mĂ©moire oublie, retient de maniĂšre tonitruante, revient en flashbacks, ou au contraire bloque. Lâamour se voit confier lâimpossible tĂąche de devoir oublier pour pouvoir exister, alors que le corps retient de maniĂšre incontrĂŽlable. Un viol, câest le bouleversement complet dâun monde, auquel sâajoute dâabord lâimpossibilitĂ© dâen rendre compte. Pourtant en rendre compte est une Ă©tape dĂ©cisive dans la voie de la rĂ©silience, laquelle nâest pas nĂ©cessairement vouĂ©e Ă sâancrer sur un long chemin de malheur. Nâest-il pas possible dâaller bien aprĂšs un viol ? Ne peut-on pas, en parlant, reprendre le contrĂŽle ? Et reprendre le contrĂŽle, nâest-ce pas se frayer une possible voie vers la reconstruction ? Câest en tout cas le parti pris de notre crĂ©ation, de notre Ă©criture. Parler, porter haut la joie que peut aussi ĂȘtre ce chemin. Dire que les retrouvailles â libĂ©ratrices - avec son pouvoir se font lĂ , Ă la jonction prĂ©cise entre souffrance et rĂ©silience. Diane entre dans le Laboratoire pour y confronter tout ce quâelle est devenue se prendre pour sujet dâĂ©tude, câest mettre le mal Ă distance, câest reconquĂ©rir le pouvoir sur lui. Pourquoi le théùtre quand il existe tribunaux, articles de presse, pĂ©titions en ligne ? Pourquoi le mettre en fiction plutĂŽt que de lâaffronter dans la rĂ©alitĂ© ? Car par-delĂ lâangle adoptĂ©, celui de la reconstruction, se dessine aussi celui de la construction dans sa gĂ©nĂ©ralitĂ©. Il nây a pas que ça » pour Diane, entrer dans le Laboratoire, câest Ă©galement espĂ©rer trouver sa place dans le monde en gĂ©nĂ©ral; et câest ce que tend Ă montrer notre spectacle pluridisciplinaire. Câest dans ce Laboratoire quâelle espĂšre comprendre ce qui en elle est dĂ©jĂ apaisĂ©, et ce qui au contraire fait encore rage. Quelle place dans son parcours pour la volontĂ©, la raison, la solitude ou encore la confiance ? Pendant que les autres dansaient est aussi un rĂ©cit dâinitiation Ă lâĂąge adulte, celui dâune conscience qui refuse de se soustraire Ă lâexamen profond et lucide de ce qui en elle mĂ©rite encore dâĂȘtre questionnĂ©. Sarah Nusbaumer et Gabriel Arbessier
AmourAmĂšre Festival dâ Avignon. Jâai dĂ©couvert lâĂ©criture de Neil LaBute avec Providence Neil LaBute Pierre Laville dont je garde encore un trĂšs fort souvenir, ce texte lĂ me restera assurĂ©ment en mĂ©moire aussi!. Edouard Carr se livre Ă nous, Ă lâoccasion de la veillĂ©e funĂšbre de sa si aimĂ©e Ă©pouse qui vient de mourir.
Au Théùtre de la Luna, dans le cadre du Festival dâAvignon le OFF, David BrĂ©court dĂ©fend En ce temps-lĂ lâamour, piĂšce de Gilles Segal, mis en scĂšne par Christophe Gand. AprĂšs une belle saison estivale en 2019, le comĂ©dien reprend avec plaisir de rĂŽle dâune vie. Quel est votre premier souvenir dâart vivant ? La ComĂ©die-Française, Les Femmes Savantes dans la mise en scĂšne de Jean-Paul Roussillon. Du rĂ©alisme pur !!! Quel a Ă©tĂ© le dĂ©clencheur qui vous a donnĂ© envie dâembrasser une carriĂšre dans le secteur de lâart vivant ? De voir papa et maman sur scĂšne NDLR Claude BrĂ©court et Anne Fournet. Quâest-ce qui a fait que vous avez choisi dâĂȘtre comĂ©dien ? Le hasard ! Jâai rencontrĂ© dans la rue, Monsieur Jean Meyer, qui Ă©tait le metteur en scĂšne de papa, qui a insistĂ© pour me faire jouer le rĂŽle de Souplier dans La ville dont le prince est un enfant de Montherlant, qui fut mon premier spectacle. Votre plus grand coup de cĆur scĂ©nique ? Les Bas-fonds de Gorki Ă LâOdĂ©on !!! Une claque Quelles sont vos plus belles rencontres ? Toutes mes rencontres ont Ă©tĂ© belles !!!! En quoi votre mĂ©tier est essentiel Ă votre Ă©quilibre ? Pour lâimaginaire, le rĂȘve, le rire⊠Quâest-ce qui vous inspire ? Les autres acteurs et actrices De quel ordre est votre rapport Ă la scĂšne ? Câest un endroit de peur oĂč tout est presque permis ! Ă quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre dĂ©sir de faire votre mĂ©tier ? Le CĆur forcĂ©ment ! Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? Arestrup, Darmon, Depardieu. Ă quel projet fou aimeriez-vous participer ? TOUS !! Si votre vie Ă©tait une Ćuvre, quâelle, serait-elle ? En ce temps-lĂ lâamour. Marie-CĂ©line NiviĂšre En ce temps-lĂ , lâamour de Gilles Segal Festival dâAvignon le OFFThéùtre de la Luna1 rue SĂ©verine84000 Avignon du 7 au 31 juillet â RelĂąches 13, 20, 27 juillet 2021Ă 18h45 Mise en scĂšne de Christophe GandAvec David BrĂ©courtLumiĂšre de Denis KoranskyDĂ©cors de Nils ZachariasenComposition musicale de RaphaĂ«l SanchezCostumier de Jean-Daniel Vuillermoz CrĂ©dit photos © DR et © Denis Koransky
Letemps du trajet, ignorant le chaos qui s'installe de jour en jour dans le wagon, ce pÚre va profiter de chaque instant pour transmettre à son fils l'essentiel de ce qui aurait pu faire de lui un homme. La piÚce est séquencée en 7 chapitres pour les 7 jours du trajet du train. Sept jours comme la création du monde, un monde que ce pÚre
Critiques Cet amour-lĂ , Cie LittĂ©rature Ă Voix Haute, Salle Roquille, Festival OFF dâAvignon 2018 Cet amour-lĂ se joue Ă la Salle Roquille Ă 15h pendant le festival off dâAvignon. Un texte de Yann AndrĂ©a sur sa rencontre, son amour et sa vie avec Marguerite Duras. Simple, sensible, vrai⊠et qui nous rappelle notre devoir de lire tout Duras. Ces temps-ci Nous oublions vite que ce festival ne reprĂ©sente pas la totalitĂ© du champ théùtral et de ses productions, tellement que le marchĂ© se dit dâavoir tout. 1000 spectacles, mille Ă©motions voudrait plus ou moins dire quâil nây en a pas dâautres. Ă part que ce soit le 1001Ăšme qui change la donne ? Mais il faut jamais cesser de se rappeler les conditions de travail pour participer Ă ce festival et nous sommes alors devant la preuve la plus manifeste ce que la libĂ©ralisation de la culture et de tous les autres champs Ă de destructeur tant sur la qualitĂ© du travail, que sur la diversitĂ© des formes. Temps de montage, nombre de crĂ©neaux, coĂ»t de la location de la salle, coĂ»t de lâhĂ©bergement font en sorte quâil faut rĂ©duire la scĂ©nographie, le nombre dâacteurs, les lumiĂšres⊠Pour nombreuses compagnies, Avignon est un Ă©norme risque Ă©conomique. Quand la salle nâest pas pleine, câest le dĂ©ficit qui se creuse. Alors que lâhistoire du théùtre sâest Ă©crit avec ce qui Ă©taient souvent un moment des salles la Salle Roquille, on tente de faire un peu diffĂ©remment. Moins de spectacles et un cadre prĂ©servĂ©, serein et respectueux de lâacte artistique ». On comprends donc quâon demande Ă la presse de participer financiĂšrement. Nous proposons aux pros un tarif Ă 8 euros. Est-ce que cela vous dĂ©range ? » Cela ne peut me dĂ©ranger, mais cela pose la question comment faire dĂšs lors quâil nây ait plus dâargent non plus pour la presse, en tout cas, pas la nĂŽtre. LĂ aussi câest le marchĂ©. Qui paie donc ? Et nous voyons lĂ que bientĂŽt pourront faire seuls les riches ce quâils dĂ©sirent. Les autres, gagnez votre pain et dĂ©guerpissez ! Service publique, patrimoine de celles et ceux qui nâen ont pas. Cet amour-lĂ Cet amour-lĂ est cet amour qui frappe avec une Ă©vidence certaine, miraculeux hasard de la vie. Que ce soit une femme ou un livre, une auteure. Tout Ă coup, elle est lĂ , lâautre. Et on se regarde. Deux enfants face Ă face. Elle a 100 ans, et 10 000 ans. Mais aussi 15 ans. » Câest ce temps hors du temps. Ou câest le temps. Ăcrire. Yann AndrĂ©a aura Ă©crit pendant cinq ans Ă Marguerite Duras. Sans rĂ©ponse. Il ne fait rien dâautre. Il boit et il Ă©crit. Puis arrive un livre quâil aime moins. Il cesse dâĂ©crire. Elle renvoie des livres. Il recommence Ă Ă©crire. Ils se voient et il lâaccompagne le reste de sa vie. Câest une histoire, comme Duras aurait pu Ă©crire peut-ĂȘtre, ou en a en effet Ă©crit. Et câest racontĂ© ici Ă nouveau, toujours la mĂȘme et toujours Ă©tonnante comme lâĂ©vĂ©nement lui-mĂȘme lors quâil se produit. Cet amour-lĂ est dit ici par Thomas Sacksick avec une simplicitĂ© et une douceur que nous ne voyons plus que rarement au théùtre. Trop souvent sâagit-il de dĂ©montrer ses capacitĂ©s musculaires et non pas une sensibilitĂ© vraie. Avec cette sincĂ©ritĂ© Ă lâĆuvre, nous oublions nos questions sur la pertinence du tabouret mĂ©tallique, du tiroir, du costume et des lumiĂšres. Nous oublions notre fixation sur ses mains qui veulent peut-ĂȘtre trop dire, Ă moins que ce ne soit les mains qui au théùtre nâĂ©crivent plus et deviennent des sortes de membres superflues, dĂ©laissĂ©es. Que pourrait-elle faire, la Compagnie LittĂ©rature Ă Voix Haute avec les mains qui sont Ă la source de ces mots ? Sinon, Thomas Sacksick a cette humilitĂ© de rien nous imposer et cette nĂ©cessitĂ© Ă nous faire entendre ce texte. Comme Yann AndrĂ©a, aprĂšs avoir Ă©tĂ© mis dehors par Marguerite Duras, qui a jetĂ© sa valise dans la rue en disant quâelle ne le supportait plus, comme Yann AndrĂ©a, qui revient le lendemain et qui Ă©tonne Marguerite Duras Quel genre dâhomme es-tu dâavoir si peu de fiertĂ© ?, comme Yann AndrĂ©a, Thomas Sacksick revient avec cette tranquillitĂ© vers nous pour nous raconter toute cette histoire, cette tranquillitĂ© que seule une nĂ©cessitĂ© intime et profonde nous peut garantir. SĂ©rĂ©nitĂ© qui importe beaucoup dans ce monde oĂč on veut nous vendre du théùtre dynamique, Ă©nergĂ©tique et drĂŽle. SĂ©rĂ©nitĂ© qui est peut-ĂȘtre en lien direct avec le travail sur les mots. Ăcrire et savoir que par lĂ on participe Ă une aventure qui nous dĂ©passe. Comme il dit trouver dâautres mots, des mots Ă lâĂ©cart, pour dire autre chose et lâespace, ce nĂ©ant qui sâouvre, se tenant dans la vĂ©rité⊠quelle vĂ©ritĂ© ? Allez savoir. Enfin, lâenvie de lire et relire Duras. Cet amour Ă©tait sensible et peut-ĂȘtre est-ce contaminantâŠ
Onla surnomme la disparue de lâhĂŽpital dâAvignon. Marie-Pascale Sidolle sâest volatilisĂ©e dimanche 14 avril 2019, alors quâelle allait attaquer sa journĂ©e au
Nous voici Ă un mois jour pour jour du lancement du Festival dâAvignon 2022. Cette sĂ©lection mâa Ă©tĂ© demandĂ©e par plusieurs de mes amies qui pour des raisons diverses, ne resteront que trĂšs peu de temps en Avignon. Voici donc ma sĂ©lection de piĂšces incontournables y compris spectacles musicaux et spectacles destinĂ© au jeune public â que jâai eu la chance de voir Ă Paris, Ă quelques exceptions prĂšs. LE MONTESPAN de Jean TeulĂ© Je vous ai dĂ©jĂ dit ICI tout le bien que je pense aussi bien de la mise en scĂšne remarquable que du talent des comĂ©diens notamment de SalomĂ© Villiers , MoliĂšre 2022 de la rĂ©vĂ©lation fĂ©minine de la mise en lumiĂšre, des dĂ©cors⊠bref allez-y ! La piĂšce sera Ă 16h Ă la Condition des Soies BEYROUTH HĂTEL de Remi De Vos Le Pitch Un auteur de théùtre français se rend au Liban pour rencontrer un metteur en scĂšne qui envisage de monter lâune de ses piĂšces. Mais une fois Ă lâaĂ©roport, le metteur en scĂšne censĂ© lâaccueillir est introuvable. LâĂ©crivain dĂ©cide de lâattendre dans un hĂŽtel de Beyrouth. Il y passera lĂ plusieurs jours, sans sortir, passant du hall dâaccueil Ă sa chambre. En effet, ce nâest pas la grande forme. Ses piĂšces ne rencontrent aucun succĂšs, et pour parfaire le tableau, sa femme vient de le semble vide, Ă lâexception de la rĂ©ceptionniste, jeune femme enjouĂ©e et pleine dâallant. Entre ces deux ĂȘtres que tout sĂ©pare, va se nouer une conversation quâil refusera dâabord, pour la rechercher ensuite⊠Avec Nathalie Comtat et Olivier Douau Au Théùtre lâAdresse Ă 18h35. RĂ©servations ICI LE JOURNAL INTIME DâADAM ET EVE de Julien Grisol Cette dĂ©licieuse adaptation de lâoeuvre de Mark Twain, suit Adam et Ăve dans le jardin dâĂden, chacun dâeux sâinterrogeant sur lâautre et sur le but de leur vie. Le journal intime dâAdam et Ăve sera au Shamâs Théùtre Ă 10h. Ă lâOMBRE DâOZ dâOlivier Schmidt Un spectacle musical inĂ©dit, sur les traces de Judy Garland et les mystĂšres entourant le tournage du Magicien dâOz. Les comĂ©diens des Joyeux de La couronne et leur directeur artistique, lui-mĂȘme comĂ©dien et metteur en scĂšne, Olivier Schmidt ont fait leurs preuves depuis bien longtemps Lâempereur des Boulevards, Monsieur ChasseâŠetc . Autant vous dire que chacune de leurs crĂ©ations est un succĂšs. Je vous recommande Ă lâOmbre dâOz tout en Ă©tant persuadĂ©e que, vu le succĂšs quâils ont eu Ă Paris pratiquement toutes les reprĂ©sentations Ă©taient Ă guichets fermĂ©s!, il est probable que vous lâayez dĂ©jĂ vu. Ă LâOMBRE DâOZ Ă©crit et mis en scĂšne par Olivier Schmidt Ă 12h au Théùtre de lâObservance. GAZON MAUDIT au Théùtre du roi RenĂ© Je ne lâai pas â encore â vue mais Helene Zidi qui reprend un titre dâune telle envergure âŠje nâai aucun doute sur le niveau » de la piĂšce⊠GAZON MAUDIT mis en scĂšne par HĂ©lĂšne ZidiDu 7 au 30 juillet Ă 18h10 relĂąche les lundis au Théùtre du Roi RenĂ© DANY AND THE DEEP BLUE SEA Le Pitch New York. Le Bronx. Dans un bar perdu, Roberta est seule Ă sa table. Danny, un jeune homme aux mains abĂźmĂ©es par les coups, entre. Lui, tout le monde lâappelle La bĂȘte. Elle, porte un terrible secret⊠Dany and the deep blue sea, câest le genre de piĂšces qui provoquent tellement de sentiments Ă la seconde ⊠jâavais lâimpression dâun camion, bourrĂ© de dynamite, lancĂ© Ă fond sur une route⊠ou dâune plongĂ©e en eaux troubles⊠dans les deux cas on se demande oĂč et comment tout cela va sâarrĂȘter⊠Jâai beaucoup aimĂ© cette piĂšce qui mâa un peu fait penser Ă lâunivers de lâAmĂ©rique Profonde et pauvre de Of mice and Men⊠DANY AND THE DEEP BLUE SEA â Mise en scĂšne Nicolas Taffin Avec Estelle Georget et Vincent Simon Théùtre De La Luna Ă 18h05 PHASE FINALE Une piĂšce qui vous amusera, puis vous surprendra, pour en fin de compte vous Ă©mouvoir. PHASE FINALE contrairement aux apparences, nâest absolument pas une piĂšce qui parle de foot. Enfin si, mais finalement non ! En fait cette piĂšce est tout le contraire de ce quâelle semble ĂȘtre ⊠Je lâai vue la semaine derniĂšre au Théùtre du Marais et je suis persuadĂ©e que le public dâAvignon saura lâapprĂ©cier Ă sa juste valeur. Les comĂ©diens Thomas Le Tallec, Nathan Martin, Mathieu Peralma, Maxime Seynave sont excellents. La mise en scĂšne Morgane Delacour extra et le texte plein dâhumour. Alors allez-y non seulement parce que dialogues et quiproquos sont extrĂȘmement drĂŽles mais aussi parce que Phase Finale vous amĂšnera, mine de rien, Ă rĂ©flĂ©chir sur pas mal de choses et notamment sur ce que signifie vraiment lâamitiĂ©. PHASE FINALE, du 7 au 30 juillet 2022 Ă 22h au Théùtre Carnot JE TâAIME Ă LâITALIENNE Grosse dĂ©tente ! Une bonne vieille comĂ©die sans chichis qui fait rire Ă chaque seconde et qui cartonne depuis plusieurs annĂ©es moi je lâai vue en 2019 au Palace Ă 17h50 Tant quâon est sur du trĂšs drĂŽle », impossible de faire lâimpasse sur la reprise de la piĂšce du Splendid. Le PĂRE NOĂL EST UNE ORDURE La Compagnie SaynĂšte et sans bavure â quâon ne prĂ©sente plus â propose une nouvelle mise en scĂšne, accueille de nouveaux comĂ©diens et part sĂ©duire le public dâAvignon⊠à mon avis, ça devrait le faire ! LE PĂRE NOĂL EST UNE ORDURE Ă 20h05 au Théùtre Notre Dame LES 3 SPECTACLES JEUNE PUBLIC QUE JE VOUS RECOMMANDE LâARBRE DâHIPOLLENE Lâarbre dâHipollĂšne adaptĂ© de lâalbum jeunesse de Claude Ponti. Ăvidemment, on valide! Et vu le succĂšs quâil a eu auprĂšs du public â jeunĂ© et moins jeune â au Théùtre du Gymnase Ă Paris, nul doute quâil fera salle comble Ă la Chapelle des Italiens Ă 10h30 LE PETIT RĂSISTANT ILLUSTRĂ En 2024, nous fĂȘterons les 80 ans du DĂ©barquement et de la LibĂ©ration de Paris. Le petit rĂ©sistant est un hommage en forme de fĂȘte . Paul et Ferdinand, anciens artistes de cabaret, reviennent de lâau-delĂ pour raconter la Seconde Guerre mondiale Ă leur façon marrante et dans une salle de classe, ils rejouent pour nous les grands thĂšmes de ce conflit, du IIIĂšme Reich aux histoires extraordinaires de la le burlesque rejoint le tragique pour mieux servir la comprĂ©hension de lâHistoire. Théùtre & Clown â DurĂ©e 1h10 â Ă partir de 7 ans MADEMOISELLE GAZOLE Le Pitch Le futur. Ou un autre monde. Ou un monde dâaprĂšs le nĂŽtre. Quoi quâil en soit, notre histoire se passe plus tard, dans un monde dans lequel les enfants nâappartiennent plus Ă leurs parents pour toute la vie. Ils sont les agents spĂ©ciaux de sociĂ©tĂ©s qui les louent Ă lâheure ou Ă la journĂ©e pour des missions spĂ©cifiques tel un anniversaire ou une histoire avant de se meilleur de ces agents sâappelle Mademoiselle, et son majordome Gazole. Ă eux deux, ils vont partir Ă la dĂ©couverte de ce que pourrait ĂȘtre une enfance qui sâappartient encore, en faisant des dĂ©couvertes stupĂ©fiantes qui vont gripper la machine de Lâ pour toute la famille Ă partir de 7 ans. RĂ©servations Théùtre la Luna Ă 10h00 ET SI VOUS AIMEZ LES SPECTACLES MUSICAUX ⊠Dalida sur le Divan⊠créé au Théùtre de Bastia. Dalida se confie Ă son Psy et lui parle de ses peurs, de ses angoisses mais surtout de ses Amours et de sa famille. Une Dalida avec ses mots, ses textes et surtout ses chansons. Jâavoue que je nâai pas vu ce spectacle mais en fan inconditionnelle de Dalida je me devais de vous le citer. Au Théùtre Le Verbe fou Ă 13h30. Un spectacle avec un pied » dans la catĂ©gorie jeune public et lâautre dans celle des spectacles musicaux⊠RAGâN BOOGIE LA TOUTE PETITE HISTOIRE DâUNE EXTRAORDINAIRE MUSIQUE » de SĂBASTIEN TROENDLE Savant mĂ©lange de musique et de rĂ©cit oĂč le pianiste, virtuose de boogie-woogie et de ragtime, RAGâN BOOGIE Ă©voque lâhistoire des noirs amĂ©ricains, de leur musique et de leurs conditions de vie. Cette version du spectacle est adaptĂ©e au jeune public de 6 Ă 12 ans, avec lequel SĂ©bastien TROENDLE souhaitait partager et transmettre ce quâil appris grĂące Ă la musique. Des documents dĂ©filent de ci de lĂ sur un Ă©cran, ils montrent sans pathos, la rĂ©alitĂ© parfois indicible de la condition des afro-amĂ©ricains au temps de lâesclavage, des images documentaires en noir et blanc que la musique accompagne, une musique enjouĂ©e et rĂ©jouissante. RAGâN BOOGIE RAG N BOOGIE version pour le jeune public, les 7, 9, 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25 et 29 juillet au THĂĂTRE DE LA LUNA â salle 2 Ă 11H. TOUTES LES INFORMATIONS ICI DOUBLE JE, de Joshua Lawrence DOUBLE JE est Ă voir absolument. Dâune douceur extrĂȘme, ce spectacle est apaisant et vous transporte des annĂ©es en arriĂšre. Pour ceux et celles qui apprĂ©cient les chansons de Michel Berger⊠et mĂȘme pour les autres! DOUBLE JE DE JOSHUA LAWRENCE Ă 18h au Théùtre LE VERBE FOU Salvador et Monsieur Henri On a tous quelque chose en nous de Salvador ! On rĂȘve de Syracuse, on mange des bananes avec Juanita, on pleure le lion quâest mort ce soir, on sâendort avec une chanson douce⊠Deux comĂ©diennes chanteuses pianistes virtuoses et complices rendent hommage Ă sa voix de crooner, Ă ses soleils verts , Ă ses rythmes chaloupĂ©s , Ă son Ćil qui pĂ©tille, Ă son rire qui claque. Un tendre et joyeux voyage dans lâuniversalitĂ© ïżŒde Monsieur Henri. Ă voir absolument, nâest-ce pas ? Je suis sĂ»re que vous y serez . SALVADOR ET MONSIEUR HENRI Théùtre des 3 Soleils salle 2 Ă 21h00 Avec Anne CadilhacCaroline Montier/ Juliette Pradel en alternanceMise en scĂšne Yann de Monterno LA TRUITE Spectacle musical mis en scĂšne par Eric Bouvron Ce spectacle a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© ici trĂšs rĂ©cemment. Prolongeant lâidĂ©e initiale du compositeur romantique et de son âthĂšme et variationsâ, inspirĂ© dâun poĂšme mettant en garde, Ă la maniĂšre de La Fontaine, le poisson contre les ruses du pĂȘcheur, le quintette atypique violon, guitare ou hautbois, batterie, accordĂ©on et contrebasse propose plus de 30 variations oĂč sâenchaĂźnent, avec humour et Ă©nergie, le conte, la chanson et la danse. LA TRUITE a eu tellement de succĂšs au Théùtre du Gymnase Marie Bell quâil y a eu prolongations ! Le spectacle se jouera du 7 au 31 juillet Ă 19h20 au Festival OFF dâavignon au Théùtre du Petit Louvre. Chapelle des Templiers. MAHALIA ET MOI de FLORENCE AUBRUN Mahalia Jackson a sans nul doute Ă©tĂ© touchĂ©e par la grĂące. Elle chantait du gospel parce que ça lui donnait de lâespoir dâun mondemeilleur. Câest pour ces mĂȘmes raisons que Florence Aubrun veut lui rendre hommage. Le spectacle musical MAHALIA ET MOI de Florence Aubrun sera au Shamâs Théùtre Ă 22h. Et puis voici quelques spectacles que jâirais volontiers revoir et qui seront aussi sur les scĂšnes avignonnaises. Si vous les avez loupĂ©s Ă Paris, câest le moment oĂč jamais ! ADIEU MONSIEUR HAFFMANN, Ă 10h au théùtre du roi RenĂ©, JAMAIS PLUS Ă 11h40 au Théùtre EpiscĂšne, MAIS TâAS QUEL ĂGE ? De et avec Marion Pouvreau qui nous dit avec tellement dâhumour ces choses quâon prĂ©fĂ©rerait parfois oublier sur le temps qui passe elle sera Ă 13h20 au théùtre Arto VERY MATH TRIP , ce belge, ancien prof de maths reconverti dans le one man show est juste hilarant ! Il dĂ©mystifie les maths Ă 14h05 au théùtre Le Palace, ALBERT EINSTEIN UN ENFANT Ă PART Ă 10h15 au Théùtre des 3 Soleils Thierry Lhermitte, excellent dans Fleurs de Soleil sera Ă 19h55 au Tbeatre du ChĂȘne Noir. AUTHENTIQUE le -en-scĂšne drĂŽlissime de ClĂ©mence Baron Ă 13h au Shamâs, 25 Rue Saint-Jean le Vieux. Ou SEULS, un autre seul-en-scĂšne trĂšs drĂŽle aussi oĂč Karim Mendil explore les dĂ©boires dâun comĂ©dien abandonnĂ© par sa partenaire quelques minutes avant le dĂ©but du spectacle⊠Il sera Ă 17h sur la scĂšne de La Petite caserne, 119 rue Carreterie. Vous nâavez plus quâĂ prendre un crayon â Ă moins que vous ne le notiez directement sur lâagenda de votre tĂ©lĂ©phone â et faites-vous un planning complet pour ce Festival Off 2022. Théùtralement vĂŽtre!
\nen ce temps lĂ l amour avignon
Noussommes une agence spĂ©cialisĂ©e dans l'organisation et la dĂ©coratition de mariages modernes et authentiques en Provence. BasĂ©e au Grand Avignon dans le Vaucluse, nous nous dĂ©plaçons partout lĂ oĂč lâAmour est au rendez-vous ! Empreinte EphĂ©mĂšre, wedding planner Provence Ă Avignon a pour mission de crĂ©er et d'organiser des
Textes liturgiques annĂ©e C Ac 5, ; Ps 29 30, 3-4, 5-6ab, 13 ; Ap 5, 11-14 ; Jn 21,1-19 Garde Ă ton peuple sa joie, Seigneur, toi qui refais ses forces et sa jeunesse. » Câest ce que nous avons demandĂ© Ă Dieu au dĂ©but de cette cĂ©lĂ©bration. Nous lâavons demandĂ© car nous sommes souvent menacĂ©s par le danger de la tristesse, de lâaffadissement et de lâinertie spirituelle. Le temps pascal est un moment de revitalisation de notre vie chrĂ©tienne nous devons repartir du centre de notre foi Ă travers notre rencontre avec le RessuscitĂ©. Et câest ce que nous permet cette page dâĂ©vangile nous sommes dans le dernier chapitre de lâĂ©vangile selon Jean et pourtant nous avons lâimpression que tout commence, comme au premier jour. Les disciples reprennent leurs activitĂ©s quotidiennes et JĂ©sus appelle Ă le suivre. Impression de dĂ©jĂ -vu ! En fait lâĂ©vangĂ©liste Jean nous indique Ă travers le cheminement de lâapĂŽtre Pierre trois critĂšres pour ĂȘtre de vrais disciples du RessuscitĂ©. Le premier critĂšre est celui de lâĂ©preuve du temps. Il faut du temps pour devenir disciple du Christ. Il est frappant de voir que lâappel de Pierre situĂ© dans les trois autres Ă©vangiles au tout dĂ©but quand le Christ passe devant le lac de TibĂ©riade nâapparaĂźt chez Jean quâici, Ă la fin. Dans le premier chapitre, Pierre rencontre JĂ©sus grĂące Ă son frĂšre AndrĂ© et le Messie le regarde en disant Tu es Simon, fils de Jean ; tu tâappelleras KĂšphas. » 1, 42 Mais il ne lui dit pas suis-moi ». Câest un peu comme si lâĂ©vangĂ©liste avait voulu transposer lâappel vĂ©ritable de Pierre Ă la fin, pour nous dire quelque chose dâimportant on ne devient vraiment disciple de JĂ©sus que lorsquâon a touchĂ© sa misĂšre. Avant, on pouvait prĂ©tendre suivre le Christ mais ce nâĂ©tait pas sans illusion. Pierre, aprĂšs le lavement des pieds avait affirmĂ© Ă JĂ©sus quâil continuerait de marcher Ă sa suite et lui avait dit Seigneur, oĂč vas-tu ?â JĂ©sus lui rĂ©pondit LĂ oĂč je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard.â Pierre lui dit Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre Ă prĂ©sent ? Je donnerai ma vie pour toi !â » 13, 37 Et nous connaissons la suite avec le triple reniement. Suivre JĂ©sus Ă partir de ses propres forces ne mĂšne pas trĂšs loin ; en tout cas, cela mĂšne tĂŽt ou tard Ă lâimpasse, Ă lâexpĂ©rience de notre incapacitĂ© fonciĂšre Ă marcher derriĂšre JĂ©sus. Pierre a eu beau entendre lâavertissement du Christ ; il ne lâa pas cru tant quâil nâa pas fait lâexpĂ©rience de sa faiblesse. Le disciple ne lâest vraiment quâĂ partir du moment oĂč il a touchĂ© son pĂ©chĂ© et a reconnu son besoin dâĂȘtre sauvĂ©, dâĂȘtre arrachĂ© Ă sa complicitĂ© avec le mal. Et pour cela, il faut du temps, lâexpĂ©rience de la vie qui Ă©prouve nos belles paroles et nos prĂ©tentions. Le deuxiĂšme critĂšre aprĂšs celui du temps pourrait ĂȘtre la confession dâamour. Pierre a dĂ©jĂ fait devant les apĂŽtres sa confession de foi Seigneur, Ă qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie Ă©ternelle. Quant Ă nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » Jn 6,68-69 Il a affirmĂ© avec force qui Ă©tait JĂ©sus pour lui et pour les Douze, et ce Ă un moment difficile de la prĂ©dication de JĂ©sus oĂč beaucoup de disciples lâavaient abandonnĂ©. Mais il restait surtout pour Pierre Ă faire sa confession dâamour pas simplement je sais qui tu es, mais je te dis que je tâaime. Et je te le dis avec lâexpĂ©rience de ma misĂšre, de ma parole trahie, avec la conscience de ma lĂąchetĂ© et de mes paroles creuses. Mais je te dis quand mĂȘme Seigneur, toi, tu sais tout tu sais bien que je tâaime. » Câest-Ă -dire, tu sais que je tâaime avec mes contradictions, avec mes incohĂ©rences et mes mesquineries. Mais je choisis de demeurer avec toi en accueillant sans cesse ton pardon et en sachant que dĂ©sormais câest toi qui seras ma force. Câest toi qui referas mes forces et ma jeunesse. Et cette confession dâamour se vĂ©rifiera dans sa maniĂšre de vivre devenir disciple de JĂ©sus, câest renoncer Ă conduire sa vie par soi-mĂȘme. Suivre le Christ, câest bien marcher derriĂšre lui et non devant comme lâa tentĂ© Pierre qui a alors entendu Passe derriĂšre moi, Satan. » Mt 16, 23 Accepter de ne plus dĂ©cider par soi-mĂȘme oĂč lâon va, mais se laisser guider par un autre vers un chemin inconnu, comme JĂ©sus lâannonce Ă Pierre Ă travers lâimage de la ceinture quâil se laissera mettre. Cet apprentissage de lâobĂ©issance Ă lâEsprit Saint, câest dans lâhumble quotidien quâil se vĂ©rifiera. JĂ©sus rejoint ici Pierre chez lui, en GalilĂ©e, dans son travail habituel de pĂȘcheur. Câest chaque jour que nous apprenons Ă suivre le Christ lĂ oĂč nous sommes. Câest lĂ que le RessuscitĂ© se manifeste au milieu de nous si nous savons le reconnaĂźtre. Le troisiĂšme critĂšre est ecclĂ©sial. On ne suit pas JĂ©sus tout seul. Chacun suit personnellement le Christ mais il le fait avec dâautres. Dans lâĂ©vangile, Pierre ne discerne pas seul la prĂ©sence et lâappel de JĂ©sus. Il a besoin dâun autre disciple, celui que JĂ©sus aimait. Câest lui qui reconnaĂźt au signe de la surabondance du poisson que cet inconnu sur le rivage ne peut ĂȘtre que le Christ, lâhomme qui donne toujours sans compter le vin Ă Cana, le pain sur la montagne et maintenant le poisson. Comme pour le tombeau vide, ce disciple voit et il croit. Pierre a besoin de lâentendre dire câest le Seigneur » pour plonger dans la foi. On ne croit pas tout seul ; nous avons besoin de la foi des autres pour grandir dans notre propre foi. Dans les Actes des ApĂŽtres, Pierre et Jean sont ainsi associĂ©s sans cesse dans les premiers chapitres, chacun dans son rĂŽle. Un disciple ne va jamais seul mais avance avec ses frĂšres et sĆurs. Et il se nourrit avec eux du repas eucharistique Ă©voquĂ© par ce dĂ©jeuner au bord du lac câest bien JĂ©sus qui prend le pain et le donne Ă tous. Pour ĂȘtre disciple du Christ, il nous faut donc du temps, de lâamour et la communautĂ©. Câest tout lâitinĂ©raire de Pierre le temps de faire lâexpĂ©rience de sa faiblesse ; le temps de dire son amour viscĂ©ral pour JĂ©sus ; le temps de former avec les autres apĂŽtres la communautĂ© naissante. Pierre a refait ses forces dans la RĂ©surrection du Christ et dans les Actes des ApĂŽtres, nous le verrons prĂȘcher et agir avec une assurance Ă©tonnante. Celle-ci ne vient pas de son caractĂšre elle est le don de lâEsprit Saint que Dieu donne aux disciples qui lui obĂ©issent. Alors avec Pierre, frĂšres et sĆurs, demandons Ă nouveau Garde Ă ton peuple sa joie, Seigneur, toi qui refais ses forces et sa jeunesse. » Amen
Demain, dĂšs lâaube, Ă lâheure oĂč blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu mâattends » Dans la cour du MusĂ©e Calvet, Daniel Auteuil avait retenu lse vers de ce poĂšme de Victor Hugo Ă©crit dans le recueil « Les Contemplations », pour le spectacle quâil donnait sous lâĂ©gide de France Culture. A quelques mĂštres de lĂ , au 11, salle trĂšs frĂ©quentĂ©e en
EXCLUSIVITĂ ! âLES BEFORE AVIGNON AU THĂĂTRE DE LA CONTRESCARPEâ DĂCOUVREZ EN EXCLUSIVITĂ ET EN AVANT-PREMIĂRE LA CRĂATION 2019 DE âEN CE TEMPS-LĂ LâAMOURâ QUI SERA PRĂSENTĂE POUR LA PREMIĂRE FOIS AU FESTIVAL OFF DâAVIGNON EN JUILLET ! 2 DATES EXCEPTIONNELLES DE âEN CE TEMPS-LĂ LâAMOURâ mardi 28 et mercredi 29 mai Ă 19h30. EXTRAITS Dans le wagon, câĂ©tait un vacarme infernal. Les gens gueulaient, passant de lâaffolement Ă lâabattement, de lâabattement Ă la rĂ©volte, puis au dĂ©sespoir. [⊠] Et tout Ă coup, au milieu de ce merdier, jâentends tout prĂšs de moi, une voix⊠je veux dire une voix normale ! Normale dans cette folie⊠câest fou, non ? CâĂ©tait un homme qui Ă©tait lĂ , dans un coin, avec son fils⊠douze ans, le fils⊠dans un coin, avec son fils, et je lâentends lui dire⊠je lâentends lui dire, le plus simplement du monde Est-ce que tu as fait tes devoirs pour demain, mon fils ? » En ce temps-lĂ , lâamour Ă©tait de chasser ses enfants. Moi, jâavais pu Ă©viter Ă ta sĆur et Ă toi dâĂȘtre dans ce train qui nous menait vers⊠bon, tu sais. Le petit, câest-Ă -dire toi, jâavais rĂ©ussi Ă le⊠Mais ça aussi, en gros tu es au courant. Et puis ce nâest pas mon histoire Ă moi que je veux te raconter. Elle nâa malheureusement pas grand-chose dâoriginal. Pour lâĂ©poque je veux dire. » Il ne termina pas sa phrase. Lâenfant sâendormait dĂ©jĂ et murmurait dans son demi-sommeil Maman⊠mam⊠». Alors lâhomme lui demande Sais-tu pourquoi le roi et la reine dâAngleterre nâont pas le droit de voyager ensemble ? Non ? Câest pourtant simple. Pour Ă©viter le risque quâils disparaissent tous les deux dans un mĂȘme accident ! » Et il se met Ă rire, Ă rire, je le jure ! Câest en riant quâil dit Câest comme ta mĂšre et moi, nous ne voyageons pas dans le mĂȘme train ! » Lâhomme Ă©tait livide. Ses yeux brillaient de fiĂšvre. Et il riait ! Fou ! Oui, il Ă©tait fou ! Note dâintention du metteur en scĂšne Jâai rencontrĂ© Gilles Segal en 2010 pour un court-mĂ©trage que je rĂ©alisais et dans lequel il interprĂ©tait le personnage principal. Ă cette occasion, jâai dĂ©couvert un homme sensible, doux, secret, intelligent et trĂšs Ă lâĂ©coute du tout jeune cinĂ©aste que jâĂ©tais. Quelques annĂ©es plus tard, jâai assistĂ© Ă une reprĂ©sentation de sa piĂšce En ce temps-lĂ , lâamour⊠quâil jouait lui-mĂȘme. Au théùtre, câest le plus grand choc que jâai eu en tant que spectateur. La poĂ©sie incroyable et lâhumour qui se dĂ©gagent de cette piĂšce, malgrĂ© la lourdeur du sujet, offrent Ă ce texte une force et une Ă©motion intense. Jâai rĂ©cemment dĂ©couvert David BrĂ©court dans Kamikazes de StĂ©phane GuĂ©rin et en le voyant jouer, jâai repensĂ© Ă ce texte de Gilles Segal. David a cette force tranquille, un regard perçant et surtout ce type de jeu organique que jâimagine pour interprĂ©ter Z, le personnage de la piĂšce qui enregistre ce souvenir ». MĂȘme si on ne parlera jamais assez de la Shoah, on ne compte plus les films, les romans et les piĂšces de théùtre sur ce sujet. Jâai toujours Ă©tĂ© passionnĂ© » par cette pĂ©riode, et tourne dans ma tĂȘte cette question sans rĂ©ponse oĂč sâarrĂȘtait lâhorreur, au point de concevoir lâextermination des Juifs de maniĂšre industrielle » ? MalgrĂ© la charge autobiographique de sa piĂšce, Gilles a rĂ©ussi lâimmense pari de traiter de ce sujet en nous intriguant, en nous immergeant dans un conte et mĂȘme en nous faisant rire. Pas une seule fois il y a trace de pathos dans le texte, ou dâĂ©lĂ©ments larmoyants. Seul sur scĂšne le personnage, marquĂ© par lâarrivĂ©e au monde de son petit-fils, sent le besoin de tĂ©moigner, la nĂ©cessitĂ© de transmettre. De maniĂšre indirecte, il se livre par lâintermĂ©diaire dâun Revox Ă bandes. Au lieu dâassister Ă lâaction dans le train, nous sommes immergĂ©s avec cet homme dans son enregistrement. Nous vivions ses fĂȘlures, ses difficultĂ©s Ă parler, son besoin de livrer un texte Ă son fils, sans fausse note. Jâai fait le choix dâancrer la piĂšce dans les annĂ©es 60. Je ne souhaite pas proposer un seul en scĂšne dĂ©nuĂ© de scĂ©nographie. Lâauteur, dans les didascalies du dĂ©but, propose diffĂ©rents lieux possibles. Parmi eux, jâai choisi lâatelier dâhorlogerie de Z pour le rapport au temps. La trame ce pĂšre qui veut donner Ă son fils la possibilitĂ© de vivre toute une vie dâhomme le temps du trajet du train est marquĂ©e par ce temps qui passe, ce temps imposĂ©, ce temps dont le fils sera dĂ©possĂ©dĂ©. Jâai donc la volontĂ© de travailler ce rapport au temps, le rapport de ce personnage, qui a fait le choix de vivre au milieu dâhorloges, de cadrans, dâaiguilles, de chiffres, de tic-tacs. La piĂšce est sĂ©quencĂ©e en 7 chapitres pour les 7 jours du trajet du train. Sept jours comme la crĂ©ation du monde, un monde que ce pĂšre refuse de voir sâeffondrer. Pour donner aux spectateurs des moments de respirations, des musiques marqueront ces 7 pĂ©riodes.
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1La Cause freudienne â Parce que ses mots ont donnĂ© forme Ă nos sentiments, Stendhal est un classique. Dans Le Rouge et le Noir, nâest-ce pas lâamour qui est en cause ? plus prĂ©cisĂ©ment lâamour aprĂšs la RĂ©volution française, Ă©poque de la bourgeoisie triomphante, de lâindustrie et de lâargent ?2Philippe Berthier â Cette histoire, câest le contraire dâune histoire intemporelle. Ce nâest pas lâamour sub specie ĂŠternitatis, câest une chronique de 1830 ». On peut rappeler que le livre a Ă©tĂ© imprimĂ© au moment mĂȘme des barricades de la RĂ©volution de Juillet, puisque nous avons une note oĂč les ouvriers typographes ont abandonnĂ© leur travail pour aller dans la rue faire le coup de feu. Il y a lâinscription mĂȘme de lâactualitĂ© la plus brĂ»lante de la politique en fusion, au moment oĂč le livre est en train de se est quelquâun qui ne considĂšre jamais les questions de maniĂšre dĂ©sincarnĂ©e et dĂ©connectĂ©e des circonstances historiques, surtout en tant que thĂ©oricien de lâamour. On pourrait dire de son De lâamour qui prĂ©cĂšde ses grands romans câest un traitĂ©, ce nâest pas un roman, câest lâanalyse dâun sentiment qui peut passer pour Ă©ternel mais en mĂȘme temps, dĂ©jĂ dans ce texte-lĂ , il prend bien soin de montrer quâon nâaime plus au xixe siĂšcle comme on aimait au Moyen Ăge, quâĂȘtre amoureux Ă Stockholm, ce nâest pas du tout la mĂȘme chose quâĂȘtre amoureux Ă y a toujours ce sentiment aigu des dĂ©terminismes locaux et temporels. En tant que romancier, il applique tout Ă fait cela en montrant les contradictions de lâamour et celles de la sociĂ©tĂ©. Il choisit deux personnages dont la trajectoire nâaurait jamais dĂ» se croiser Mme de RĂȘnal, aussi bien que Mathilde de La Mole, appartiennent Ă des univers oĂč le fils du charpentier Sorel, de VerriĂšres en Franche-ComtĂ©, nâaurait jamais dĂ» pĂ©nĂ©trer. Il y a lĂ une sorte dâembardĂ©e sociologiquement aberrante et impossible. Dâune certaine façon, câest le cĂŽtĂ© conte de fĂ©es du Rouge et le Noir. Câest donc une expĂ©rimentation. Il met en prĂ©sence, dans la chimie sentimentale, deux personnes venant dâhorizons absolument Ă©trangers lâun Ă lâautre et il observe ce que ça donne. Ăvidemment, ça ne peut ĂȘtre que conflictuel et trĂšs difficile, au moins avec Mathilde de La Mole. Tandis quâavec Mme de RĂȘnal, cela se situerait sur un autre plan. La psychanalyse dirait peut-ĂȘtre que Mme de RĂȘnal rĂ©pond Ă dâautres besoins, et de Stendhal et de Julien Sorel. Câest un personnage maternel. Tandis que Mathilde de La Mole incarne, par sa situation de la plus brillante hĂ©ritiĂšre du faubourg Saint-Germain, un horizon de rĂ©ussite â Est-ce que le conflit est celui-lĂ ? Parce que, dans le fond, Julien Sorel rĂ©ussit Ă se faire aimer des deux. Sa rĂ©ussite sur le plan de lâamour est Ă©clatante dans les deux cas. Nây a-t-il pas une contradiction plus forte que lui, celle qui oppose le monde moderne glorifiant le revenu » et lâamour devenu pour le bourgeois une passion inutile ?6Ph. B. â Justement ni Julien Sorel ni Mathilde de La Mole ne sont du xixe siĂšcle, tout en y Ă©tant forcĂ©ment. Je veux dire par lĂ que Mathilde de La Mole, comme vous le savez, est une espĂšce de Bovary avant la lettre, qui sâennuie beaucoup dans ce monde monotone de pauvre petite fille riche » et se rĂȘve en tant quâhĂ©roĂŻne de la Fronde. Elle nâaime pas son temps. Elle rĂȘve dâun xixe siĂšcle qui ressemblerait au xvie. Julien Sorel en tant quâil est un volcan dâĂ©nergie lui aussi est du xvie siĂšcle et mĂȘme plutĂŽt de la RĂ©volution. Il cite Danton et lit lâhistoire de la RĂ©volution de Thiers. Ces deux ĂȘtres si diffĂ©rents ont un dĂ©nominateur commun extrĂȘmement puissant et tel quâils vont se reconnaĂźtre justement comme Ă©tant de la mĂȘme race, au-delĂ de tout ce qui les justement ce refus du xixe siĂšcle, en tant que câest un siĂšcle de lâĂ©teignoir, comme dit Stendhal. En 1815, quand il apprend la dĂ©faite de Waterloo, il dessine un grand Ă©teignoir dans son journal intime, et il Ă©crit Ă lâĂ©teignoir » comme si câĂ©tait la devise du xixe siĂšcle. Ă partir de la Restauration, câest lâextinction des feux, littĂ©ralement, câest-Ă -dire quâil nây a plus de place pour les Ăąmes gĂ©nĂ©reuses qui ont le feu sacrĂ©. DĂ©jĂ quinze ans en avance, il nây a donc plus quâĂ sâenrichir par le travail et lâĂ©conomie comme le dira François en quoi ils sont dĂ©viants et en quoi ils sont des corps Ă©trangers non intĂ©grĂ©s dans le monde qui est le â Est-ce que Julien Sorel aime lâamour autant que Madame de RĂȘnal ? Stendhal fait dire Ă Julien Sorel que sa grande passion, câest de faire fortune Si tu devinais que cette figure de jeune fille si pĂąle et si douce cachait la rĂ©solution inĂ©branlable de sâexposer Ă mille morts plutĂŽt que de ne pas faire fortune. »âŠ10Ph. B. â Comme toujours chez Stendhal, le roman dĂ©crit justement lâapprentissage de lâamour vĂ©ritable. On sâen fait dâabord une idĂ©e qui se rĂ©vĂšle non pertinente, fausse, non comblante et peu Ă peu, on lâ peut rappeler que câest Madame de RĂȘnal, complĂštement en dehors de tout ce monde de lâambition et de la rĂ©ussite Ă tout crin, obscure provinciale, entiĂšrement circonscrite dans le microcosme domestique, qui finalement lâemporte sur Mathilde de La Sorel quant Ă lui, se dĂ©pouille continĂ»ment. Câest comme Ă la fin de La Chartreuse de Parme, les personnages, selon un itinĂ©raire quâon pourrait qualifier, non sans audace, dâascĂ©tique, voire â certains critiques lâont fait â de mystique, se dĂ©pouillent de leurs oripeaux mondains et peu Ă peu sâouvrent Ă une dimension trĂšs spirituelle de lâamour, dĂ©sintĂ©ressĂ© de tout ce qui nâest pas lui. Câest donc pourquoi, dans la prison de Besançon, il y a des scĂšnes magnifiques oĂč il nây a plus que deux ĂȘtres, Julien et Madame de RĂȘnal qui sâaiment, en dehors de tout autre considĂ©ration. Mathilde de La Mole reste seule, dĂ©pareillĂ©e, elle a perdu. Elle Ă©lĂšvera seule lâenfant de Julien et Madame de RĂȘnal aura emportĂ© la meilleure â Dans La Chartreuse de Parme, câest le contraire la duchesse, si toute mĂšre » soit-elle, B. â Absolument, la duchesse perd. Mais pourquoi ClĂ©lia gagne-t-elle ? Parce que ClĂ©lia ressemble plus Ă Mme de RĂȘnal quâĂ Mathilde de La Mole, parce que ClĂ©lia est une personne humble, modeste, rĂ©servĂ©e, religieuse. Câest quâon ne sait absolument rien du rapport Ă Dieu de la Sanseverina, ClĂ©lia Conti est toujours dĂ©finie par sa profonde et sincĂšre piĂ©tĂ©, comme Mme de RĂȘnal. Câest trĂšs important que Mme de RĂȘnal soit une femme religieuse. Dans ses Histoires dâamour Julia Kristeva sâest beaucoup scandalisĂ©e de ce que, chez Stendhal, on aime ce quâelle appelle avec mĂ©pris les femmes archaĂŻques, les catholiques passionnĂ©es, les Italiennes irrationnelles. Câest profondĂ©ment vrai, mais pourquoi se scandaliser ?16Pour Stendhal, la piĂ©tĂ© est une preuve de sensibilitĂ©. Une femme quâon peut aimer, câest une femme pieuse, authentiquement pieuse. Et, bien entendu, pour le romancier, câest de lâor en barre, parce que vous imaginez les drames de conscience, les remords bourrelants, toute la dramaturgie du pĂ©chĂ© ! Il est trĂšs important que lâobstacle tienne Ă Dieu. Bien que Stendhal soit un athĂ©e affirmĂ©, cela ne remet pas en cause ses positions personnelles parce quâen tant que romancier, il doit crĂ©er des conflits, organiser des crises, etc. Quel obstacle plus fort que le commandement divin ? Je crois que ClĂ©lia Conti Ă©tait programmĂ©e pour lâemporter sur la duchesse Sanseverina quâon ne voit pas une seule fois Ă lâĂ©glise, alors quâon voit ClĂ©lia en oraison, sâarrachant les cheveux parce quâelle a lâimpression de se â ClĂ©lia a une Ăąme, alors que la DuchesseâŠ18Ph. B. â Ce qui condamne la duchesse est quâĂ partir du moment oĂč elle a compris quâentre ClĂ©lia et Fabrice, câĂ©tait pour la vie, elle devient possessive. Elle sâabĂźme beaucoup. Ce personnage admirable, irrĂ©sistible, Ă partir dâun certain moment refuse de sâeffacer, devient sadique, devient carrĂ©ment un personnage malfaisant, mĂ©chant qui trouve plaisir Ă marier ClĂ©lia avec le marquis Crescenzi. Elle trouve cette satisfaction mesquine dans le au moins, il ne lâaura pas ». Il y a lĂ la revanche de la perdante. Le personnage se dĂ©grade dans toute la fin du roman. Plus ClĂ©lia monte et sâimpose, plus la Sanseverina dĂ©cline. Elle nâa pas cette Ă©lĂ©gance de savoir se retirer en comprenant quâelle a perdu la partie. Câest PhĂšdre et Aricie. Balzac, dans son grand article de la Revue parisienne de 1840 oĂč il cĂ©lĂšbre La Chartreuse de Parme comme un des plus grands livres du xixe siĂšcle, compare ce livre Ă PhĂšdre. Dâailleurs, dans le texte, il y a des citations de PhĂšdre qui ne sont pas entre guillemets mais complĂštement infusĂ©es dans le texte. Il y a aussi le thĂšme de lâinceste qui est au cĆur du sujet puisque la tour FarnĂšse a Ă©tĂ© construite pour y incarcĂ©rer un prince incestueux. La comparaison avec Hippolyte et PhĂšdre est explicite dans le roman, qui a donc cet aspect cannibale et incestueux, alors que ClĂ©lia est complĂštement en dehors de tout cela. Câest cela qui lui assure la victoire. Fabrice se dĂ©tourne complĂštement de cet amour dâemprise qui veut vraiment sâemparer de lâautre dâune façon qui le dĂ©vore. Je crois que ClĂ©lia Conti et Mme de RĂȘnal, au-delĂ de tout ce qui les diffĂ©rencie, sont fondamentalement de la mĂȘme famille. Câest pourquoi finalement, elles restent les â Quel lien avec Armance ?20Ph. B. â Lâimpasse dâOctave de Malivert, câest sans doute une impasse physique â câest en pointillĂ© â on ne saura jamais quel est son secret. De quel ordre est son impuissance ? Sâagit-il dâune impuissance gĂ©nitale, sâagit-il â certains critiques lâont soutenu â dâune impuissance historique ? Il appartient Ă une classe condamnĂ©e. Cette impuissance physique ne serait que la mĂ©taphore dâune autre impuissance beaucoup plus radicale, tenant Ă lâabsurditĂ© dâĂȘtre un jeune duc en 1827 et dâavoir des privilĂšges, de ne pas sentir son ĂȘtre au monde justifiĂ©. Quâest-ce que jâai fait ? Je nâai rien fait. Je me suis donnĂ© la peine de naĂźtre, je suis le fils de papa et câest une absurditĂ© au siĂšcle de la machine Ă â Il y a un cĂŽtĂ© Marivaux Ă lâenvers !22Ph. B. â Absolument, câest une problĂ©matique qui obsĂšde les hĂ©ros stendhaliens. On la retrouve dans Lucien Leuwen. Lucien Leuwen qui se dit Quâest-ce que jâai fait ? Jâai fait la guerre aux cigares. VoilĂ ce dont je peux me vanter. Ce nâest pas trĂšs brillant Ă vingt-cinq ans. OĂč est lâĂ©poque de NapolĂ©on oĂč jâaurais pu faire mes preuves sur le champ de bataille ? » On en revient toujours lĂ , câest lâĂ©ternelle obsession de ces jeunes gens. Quant Ă Armance, dans la situation dâĂ©migrĂ©e oĂč elle se trouve puisquâelle vient de lâOrient, elle est sans moyen de survie financiĂšre, elle dĂ©pend des autres. Je rappellerai aussi quâArmance est trĂšs pieuse, quâelle pense Ă ĂȘtre religieuse, comme ClĂ©lia Conti. Elle entre au couvent, Ă la fin du livre. On voit bien que ce sont aussi deux inadaptĂ©s qui ne trouvent pas dans le monde qui les entoure un terrain oĂč ils puissent sâĂ©panouir. Leur rĂȘve, dâailleurs, quand ils dĂ©cident de se marier, câest de sâenfuir loin de Paris et dâaller sâenterrer au fin fond dâune province pour vivre lâun de lâautre en coupant toute relation avec la sociĂ©tĂ© et la mondanitĂ©. Ce sont toujours la dissonance et lâĂ©cart chez Stendhal un ĂȘtre qui serait parfaitement en phase avec son temps, son xixe siĂšcle, qui serait complĂštement adaptĂ©, serait un ĂȘtre nul, comme dans ce roman inachevĂ© qui sâappelle Feder oĂč lâon voit un peintre rĂ©ussir merveilleusement par sa mĂ©diocritĂ©. On sâarrache ses tableaux, il fait fortune, il est heureux en mĂ©nage, tout lui sourit, pourquoi ? Parce quâil est nul. Câest un texte qui paraĂźtra dans le troisiĂšme volume de la PlĂ©iade. Selon lâordre chronologique nous aurons dâabord, en effet, le deuxiĂšme volume, 1830-1837, dont la sortie est prĂ©vue en octobre, oĂč le gros morceau sera Lucien Leuwen, puis le troisiĂšme, qui comprendra les textes fictionnels Ă©crits par Stendhal jusquâĂ sa mort en â Quelquâun de parfaitement adaptĂ© au monde post-napolĂ©onien ne sera jamais chatouillĂ© par lâamour ?24Ph. B. â Balzac dit la mĂȘme chose. Stendhal nâest pas du tout le seul et câest un thĂšme lancinant dans la premiĂšre gĂ©nĂ©ration romantique. Lâamour nâexiste plus, et sâil y a un endroit oĂč câest particuliĂšrement vrai, câest Paris. Un jeune Parisien du faubourg Saint-Germain en 1825 nâa aucune idĂ©e de ce que câest que lâamour, sauf, peut-ĂȘtre, au sixiĂšme Ă©tage dans les mansardes, lĂ dâoĂč un jeune homme de temps en temps se suicide par amour, ou dans les classes pauvres, en proie aux vrais besoinsâŠ25LCf â Est-ce la chute de NapolĂ©on ou sa politique qui sont responsables de cet effacement de lâamour ? Ne dirait-on pas que Stendhal a variĂ© sur ce point ? [1]26Ph. B. â Et pourquoi ? Câest parce que NapolĂ©on avait rĂ©installĂ© une cour. Il faut bien comprendre que pour Stendhal, il y a Bonaparte et NapolĂ©on. Sâil a servi trĂšs loyalement NapolĂ©on jusquâau bout, rĂ©pĂ©tant je nâai admirĂ© quâun seul homme, NapolĂ©on », il a aussi Ă©crit heureux les hĂ©ros morts en 1804 », câest-Ă -dire au moment oĂč NapolĂ©on se couronne et restaure ce que Stendhal appelle les vieilleries monarchiques. Donc quelle dĂ©ception de voir cet Ă©mancipateur extraordinaire, le Bonaparte de 1796, voyez le dĂ©but de La Chartreuse de Parme, devenir, Ă son tour, une sorte de despote, de tyran ! Il y a chez Stendhal des dĂ©clarations extrĂȘmement dures sur ce quâĂ©tait devenu NapolĂ©on. Il nâa jamais remis en cause son engagement Ă son service. Il lâa accompagnĂ© jusquâĂ Moscou et ça lui a coĂ»tĂ© la retraite de Russie. Stendhal a vraiment beaucoup donnĂ© pour NapolĂ©on. On ne peut pas le suspecter de lâavoir trahi. Mais en mĂȘme temps, il Ă©tait parfaitement lucide et il a bien vu que NapolĂ©on rĂ©installait lâennui, le conformisme, le rĂ©gime de la faveur, des cordons ».27LCf â RĂ©installait ou installait ?28Ph. B. â ⊠le rĂ©installait, parce quâon retrouvait ce qui avait lieu avant la RĂ©volution⊠Donc, il y a eu un moment miraculeux, ça a Ă©tĂ© le moment du Directoire, disons les annĂ©es 1796-1804, mĂȘme pas une dĂ©cennie â prodigieux ! â oĂč lĂ , comme le dit Stendhal tout est pur, tout est grand, tout est noble, tout est sublime, tout est poĂ©tique. Et puis, Ă partir de 1804, ça se gĂąte⊠et, malheureusement, voilĂ , il y a, vous avez tout Ă fait raison, on peut le dire, il y a de la faute de NapolĂ©on dans cette espĂšce de pĂ©nĂ©plaine tellement assommante et consternante qui est celle du dĂ©but du xixe siĂšcle et de la fin de lâEmpire. Il y a tout de mĂȘme dans la lettre de Stendhal Ă Balzac, dans les trois brouillons il sây est repris Ă trois fois pour rĂ©pondre Ă lâarticle de Balzac sur la Chartreuse Le Prince de Parme, je lâai copiĂ© dâaprĂšs ce que jâai vu Ă Saint-Cloud en 1811⊠» Câest quand mĂȘme trĂšs lourd de consĂ©quences ça veut dire que ce petit Prince ridicule aberrant et tyrannique, en fait, je lâai observĂ© Ă la cour de lâEmpereur ! CâĂ©tait comme ça, Ă une autre Ă©chelle, que ça se passait Ă la cour de France, en 1811âŠDonc câest quand mĂȘme trĂšs dur ! Un adversaire de NapolĂ©on ne dirait pas pire, et sous la plume de Stendhal, qui admire tant NapolĂ©on par ailleurs, ça a tout son poids, â Pourrait-on dire quâil y a un cĂŽtĂ© hybride chez Stendhal, Ă la fois anti-moderne, contre les affairistes et en mĂȘme temps rĂ©volutionnaire ?30Ph. B. â Oui, mais parce que pour lui lâavenir câest une amĂ©ricanisation du monde, gĂ©nĂ©rale ; notre avenir, ce sont les Ătats-unis. Câest la seule RĂ©publique vertueuse, câest la seule RĂ©publique qui marche bien, dit-il, dans le monde ; câest bien, on peut saluer chapeau bas, Washington, Jefferson. Stendhal a lu Tocqueville, il a lu beaucoup de rĂ©cits de voyages aux Ătats-unis et il salue le cĂŽtĂ© civique. Mais il voit aussi le volet nĂ©gatif, parce que aux Ătats-unis, il y a une espĂšce de perversion qui fait que, tout se rĂ©glant Ă tous les niveaux par lâĂ©lection, câest la campagne Ă©lectorale permanente, et la campagne Ă©lectorale permanente, câest la dĂ©magogie Ă fond, et donc la confiscation du moi. Or, pour Stendhal, le moi, câest la valeur absolue, câest cela quâil appelle le beylisme une culture du moi, non pas le culte du moi Ă la maniĂšre barrĂšsienne, mais culture au sens de volontĂ© de sâanalyser soi-mĂȘme, de se connaĂźtre parfaitement, pour essayer tout simplement dâĂȘtre le plus heureux possibleâŠ31LCf â Culture de sa singularitĂ© ?32Ph. B. â Câest ce quâon appelle la souverainetĂ©, il faut sâappartenir, et donc on ne doit absolument pas se laisser grignoter, ni, a fortiori, annexer, coloniser ou squatter par le non-moi. Or, aux Ătats-Unis, Ă©tant donnĂ© que la position que jâambitionne Ă tout niveau, ne serait-ce que pour ĂȘtre⊠shĂ©rif dans mon village dĂ©pend de la faveur de mes concitoyens, je dois leur plaire, donc je fais la cour aux boutiquiers, ce qui implique lâaliĂ©nation totale. Lâaccent porte sur le renoncement, lâabdication de la libertĂ© individuelle, pour se faire bien voir de celui dont on dĂ©pend. Pour Stendhal câest une sorte de mise sous tutelle du moi qui lui est odieuseâŠ33LCf â Câest lĂ que vous situez lâorigine du beylisme, ou câĂ©tait dĂ©jĂ avant ?34Ph. B. â Ah, non, le beylisme, il est trĂšs ancien ! Il date vraiment de ses annĂ©es de formation. Dans son journal il Ă©crit Quelques principes de beylisme⊠». CâĂ©tait lĂ trĂšs tĂŽt, câest un pilotis, pour reprendre un de ses termes, fondateur de sa vision du en finir avec les Ătats-Unis, Ă©videmment, lâimprĂ©gnation biblique de la sociĂ©tĂ© est Ă©pouvantable pour lui. Le puritanisme, câest lâhorreur absolue, et, accessoirement, jâallais dire, mais enfin ça nâest pas accessoire tout de mĂȘme, câest mĂȘme tout Ă fait important, câest un monde sans culture comment pourrait-il y avoir de lâart ! Câest suspect, naturellement ! Ce quâil faut, câest travailler, travailler, parce que câest bien vu par le Seigneur. Plus on fait fortune, plus on est bĂ©ni du ciel, et câest ce que Stendhal appelle dâune formule qui fait choc le culte du dieu dollar. Câest la religion amĂ©ricaineâŠAlors, on voit dans son Ćuvre, Ă certains moments de crise, que les protagonistes sont tentĂ©s de franchir lâAtlantique. Câest tellement moche et tellement sans horizon en France. Allons refaire notre vie de lâautre cĂŽtĂ© de la mer. Mais, chose trĂšs significative, personne ne passe Ă lâacte. Ă propos des jeunes conspirateurs rĂ©publicains de 1834 qui avaient subi un procĂšs retentissant que Stendhal considĂšre comme absolument inique, il dit Au lieu de les mettre en prison et de les condamner, il faut leur offrir aux frais de lâĂtat, un sĂ©jour de six mois Ă Cincinnati, ça les guĂ©rira dĂ©finitivement de leurs rĂȘveries dĂ©mocratiques et amĂ©ricaines ! » Alors, lĂ , Ă©videmment, on saisit un point oĂč certains pourraient voir une contradiction comment Stendhal peut-il dâun cĂŽtĂ© dire je souhaite sincĂšrement le bonheur du plus grand nombre », mais en mĂȘme temps dire pour rien au monde je ne voudrais ĂȘtre avec le peuple, qui est toujours sale Ă mes yeux. » Je suis persuadĂ© quâil y a beaucoup dâintellectuels qui le pensent, mais personne nâose le dire, parce que, Ă©videmment, ce serait trĂšs choquant aujourdâhui, ça heurterait la bien-pensance gĂ©nĂ©rale ! Donc, je veux de tout mon cĆur que le peuple soit heureux, mais ne me demandez pas de vivre avec lui, jâai plus de plaisir Ă ĂȘtre dans un salon du Faubourg Saint-Germain, avec un lĂ©gitimiste qui est mon adversaire politique, mais avec qui je partage des rĂ©fĂ©rences communes, quâavec un ouvrier ou quelquâun de la plĂšbe, que je voudrais vraiment et sincĂšrement voir heureux, mais Ă qui je nâai rien Ă dire, parce que finalement on ne vit pas dans le mĂȘme â Ce qui est magique chez Stendhal, et hybride en mĂȘme temps, câest ce culte du plaisir, alliĂ© justement Ă sa sympathie pour les rĂ©volutionnairesâŠ37Ph. B. â Bien sĂ»r ! Câest un jacobin, un jacobin Ă talons rouges, comme on lâa dit â Il nâĂ©tait pas xviiiiĂšmiste au sens dâun Sollers aujourdâhuiâŠ39Ph. B. â Il est trĂšs xviiiiĂšmiste dans la mesure par exemple oĂč il dit Lâendroit du monde oĂč je me trouve le mieux, câest un salon, Ă minuit, oĂč on boit du punch, oĂč on mange des glaces avec des femmes qui ont toutes eu des amants et oĂč on frotte sa cervelle Ă la cervelle dâautrui, dans des conversations spirituelles, brillantes, sans prĂ©jugĂ©s⊠» Câest un rĂȘve de xviiiiĂšmiste, dâun monde dâavant la il y a chez lui cette tension â je prĂ©fĂšre le mot de tension Ă celui de contradiction â entre ses goĂ»ts et ses idĂ©es. Du point de vue des idĂ©es, il nây a aucun doute quâil est entiĂšrement du cĂŽtĂ© du mouvement, du progrĂšs etc.., mais en mĂȘme temps du point de vue de son idiosyncrasie, de ses goĂ»ts, de sa personne, il est entiĂšrement du cĂŽtĂ© dâavant la grande fracture. Il en a la nostalgie quand il Ă©voque un Laclos en garnison Ă Grenoble avant la RĂ©volution, des jeunes femmes tellement charmantes dans des salons brillants, des soirĂ©es exquises⊠la douceur de vivre ! Il essaie dâen recueillir un peu les morceaux dans la modernitĂ© ; mĂȘme sâil a un sens aigu de leur disparition, une partie de sa personnalitĂ© en a câest ce qui explique que dans sa fortune critique, il ait pu ĂȘtre revendiquĂ© aussi bien par la droite que par la gauche. Il y a eu un Stendhal marxiste que nous connaissons tous. Aragon et dâautres ont dit voilĂ le dĂ©mocrate, lâhomme contre les privilĂšges, le fĂ©ministe, le dĂ©fenseur des causes progressistes. Et puis il y a eu une droite rĂ©torquant mais pas du tout, et qui a mis lâaccent sur un autre cĂŽtĂ©, qui interdit toute militance. Nous retrouvons lĂ le clivage entre les Rougistes et les Chartreux, parce que les premiers insistent plutĂŽt sur le cĂŽtĂ© rĂ©volutionnaire alors que les seconds abondent plutĂŽt dans le sens dâune rĂȘverie nostalgique, dâun Ă©den comme dit Julien Gracq Un Ă©den revisitĂ© en songe ». On est dans lâEurope normalisĂ©e » de Metternich, le gouvernement est baroque, infĂąme, et pourtant ce gouvernement â câest Ă©videmment une idĂ©e trĂšs choquante et trĂšs dĂ©rangeante pour notre moralitĂ© â permet de se consacrer aux choses les plus importantes la connaissance du cĆur humain et lâamour. Ă Parme, pour un esprit citoyen câest le dĂ©sespoir, il nây a que le suicide, aucune perspective dâaction politique, tout Ă©tant tellement corrompu et marchant sur la on met la politique entre parenthĂšses, on lui tourne le dos, elle est en vacances. Et alors, que faire sinon lâamour, Ă©couter Madame Pasta, passer des soirĂ©es heureuses avec des gens quâon aime dans des salons dĂ©licieux ? Câest trĂšs dĂ©mobilisateur mais on nâen a pas mauvaise conscience. La seule urgence câest le â LâactualitĂ© de Stendhal, nâest-ce pas une promotion de la solitude, autre aspect du beylisme dont nous parlions ?44Ph. B. â Ah, certainement, je suis tout Ă fait dâaccord avec vous, le beylisme est une forme de solitude. Il y a la monade du moi, dâabord me connaĂźtre, savoir qui je suis, moi le plus irremplaçable des ĂȘtres » comme dira Gide, quelque chose de socratique Ă la base. Par exemple, au dĂ©but de son autobiographie inachevĂ©e la Vie de Henry Brulard, il Ă©crit Je vais avoir cinquante ans, il serait bien temps que je me connaisse. Quâai-je Ă©tĂ© ? Suis-je intelligent, suis-je bĂȘte, suis-je bon, suis-je mĂ©chant, je ne le sais pas ! »45LCf â Mais je le saurai en Ă©crivantâŠ46Ph. B. â VoilĂ , je le saurai en Ă©crivant. Me connaĂźtre, pour pouvoir connaĂźtre les autres et pour pouvoir agir sur eux, câest Ă partir dâun socle mĂ©thodologique inspirĂ© des philosophes sensualistes et des IdĂ©ologues, tous ces penseurs qui ont Ă©tĂ© les repĂšres thĂ©oriques de Stendhal trĂšs tĂŽt, dĂšs les annĂ©es 1800âŠ47LCf â Ce qui nous parle Ă nous, au-delĂ de ses narrations, câest magnifique quand B. â Je crois quâil est trĂšs conscient de ce scandale que la plupart des ĂȘtres meurent sans sâĂȘtre jamais rencontrĂ©s. Je suis moi, pour le meilleur et pour le pire, qui suis-je, que suis-je ? Si je me connaissais, je pourrais savoir sur quel clavier jouer, pour pouvoir mâassurer la plus grande somme de bonheur possible. Il sâassigne comme devoir, premier devoir, premier commandement du beylisme, de partir tous les matins Ă la chasse du bonheur, non pas dâun bonheur in abstracto mais du bonheur pour moi, en sachant trĂšs bien que le bonheur pour Henri Beyle, ce qui le rend heureux lui, peut laisser de marbre son voisin, donc chacun est unique, et câest pourquoi il importe tant de se connaĂźtre Ă fond soi-mĂȘme pour savoir comment sâĂ©panouir, pour savoir comment devenir qui lâon est et accomplir toutes les potentialitĂ©s, toutes les virtualitĂ©s quâon a en soi⊠et qui ne sont absolument pas â Câest un goĂ»t pour la singularitĂ© qui nâa rien Ă voir avec le culte du moiâŠ50Ph. B. â Le mot, lâadjectif, lâĂ©pithĂšte singulier », câest immĂ©diatement qualifiant dans le monde stendhalien. Quand Stendhal dit dâun personnage de roman elle ou il avait une physionomie singuliĂšre » ça veut dire quâil ou elle nâĂ©tait pas comme tout le monde et donc câest immĂ©diatement prometteur. Stendhal est quelquâun qui sacralise la diffĂ©rence. Câest parfois trĂšs risquĂ© comme on le voit dans son rĂ©cit de sa premiĂšre expĂ©rience avec ses camarades Ă lâĂ©cole centrale. On se moque de lui parce quâil nâest pas comme les autres et il comprend tout de suite ce grand axiome de la vie sociale diffĂ©rence engendre haine. Si vous ĂȘtes diffĂ©rent, si vous ne bĂȘlez pas, câest le cas de le dire, avec les moutons, vous serez un paria, vous serez exclu. Stendhal en a souffert, parce quâil y avait aussi en lui le besoin de communiquer, mais il a toujours voulu ĂȘtre comme lui-mĂȘme et non pas comme plusieurs, comme la masse ou comme les autres. Et donc, il a toujours montĂ© en Ă©pingle sa singularitĂ©, câĂ©tait son Ă©thique. Comme dans lâĂvangile, le premier commandement, celui qui rĂ©sume tous les autres, câest Aimez-vous les uns les autres », pour lui câest ĂȘtre moi-mĂȘme ». Michel Crouzet a dâailleurs intitulĂ© sa grande biographie Stendhal ou Monsieur moi-mĂȘme, câest une citation de Stendhal Mister Myself ». Câest vraiment fondamental. Il a tout construit lĂ -dessusâŠ51LCf â Et les considĂ©rations sur la solitude ?52Ph. B. â Oui la solitude, il en a souffert. Racontant dans son autobiographie son arrivĂ©e Ă Paris, il dit avoir crevĂ© de solitude. Il mâaurait fallu un ami, jâaurais pu lui expliquer, jâaurais pu mâĂ©pancher, mais Ă quel ami ai-je jamais dit un mot de mes souffrances dâamour ? » Il y a cette solitude fondamentale en lui, de mĂȘme quâil nâa pas eu de famille. Il est mort Ă lâhĂŽtel et nâa jamais eu de chez soi. Câest un grand solitaire, Stendhal. Il a fait des tentatives, il a essayĂ© de se marier trois ou quatre fois, mais enfin, on ne peut pas imaginer une Madame Stendhal !53LCf â Il nâen faisait pas une thĂ©orie, une Ă©thique de B. â Il ne thĂ©orisait pas du tout. Simplement, il avait un tel besoin de libertĂ© quâil sâĂ©tait assez vite rendu compte que les contraintes dâune conjugalitĂ© quelconque lui auraient Ă©tĂ© odieuses trĂšs â Il a une phrase inouĂŻe sur le fait quâil nâaime pas trop frĂ©quenter les femmes honnĂȘtes, parce quâil est sensible Ă lâhypocrisie quâil faut pourâŠ56Ph. B. â Câest pourquoi il veut frĂ©quenter des femmes qui ont eu des amants, parce quâavec elles on ne ment pas. On peut ĂȘtre soi-mĂȘme, sans jouer la comĂ©die. Donc, Ă©videmment, tout cela va de pair avec une grande Ă©thique du naturelâŠ57LCf â Ment ou amants ! Toutes les femmes nous trompent avec le Christ dit quelque part Flaubert dans sa correspondance. Il nây a que les femmes qui ont une relation Ă Dieu ?58Ph. B. â Mais oui, absolument ! Par exemple, un homme qui porte un cierge dans une procession, Stendhal sâen moque immĂ©diatement. Une femme qui va se confesser, il ne sâen moquera pas. Câest vraiment pour lui un signe, un indice, un symptĂŽme de sensibilitĂ©, et donc, câest fĂ©minin essentiellement. Et une femme qui nâest pas religieuse, nâen dĂ©plaise Ă Julia Kristeva, câest une femme qui manque de fĂ©minitĂ©, et qui sera donc moins dĂ©sirableâŠ59LCf â Une des rĂ©fĂ©rences de Lacan Ă Stendhal concerne lâamour comme un certain rapport au savoir et Ă la croyance. Au-delĂ des figures imaginaires que Stendhal Ă©grĂšne de lâamour, il y a au fond une figure majeure fondĂ©e sur le fait quâun homme croit une femme, il croit ce quâelle dit⊠comme un fou croit au B. â Lâamour quand il est vĂ©ritable comporte une sorte dâĂ©vidence on ne se pose pas de questions, on ne ratiocine pas, il est immĂ©diat et porteur de vĂ©ritĂ©, la vĂ©ritĂ© de ceux Ă©videmment qui le ressentent, mais aussi dâune vĂ©ritĂ© extĂ©rieure Ă eux, la vĂ©ritĂ© tout simplement et il nây a rien dâautre, il abolit tout en â Stendhal Ă©crit aussi Si jâeusse Ă©tĂ© habile, selon les conseils de mon oncle Gagnon, je serais dĂ©goĂ»tĂ© des femmes jusquâĂ la nausĂ©e et par consĂ©quent de la musique et de la peinture[âŠ]. Au lieu de cela dans tout ce qui touche aux femmes jâai le bonheur dâĂȘtre dupe[âŠ] »62Ph. B. â Câest cela, Ă lâĂąge de fifty-two, il est encore un jeune homme et Ă ce moment-lĂ , il rappelle ce quâil avait dĂ©jĂ dĂ©veloppĂ© dans lâincipit dâune de ses Chroniques italiennes, Les Cenci », le dialogue entre Werther et Don Juan câest celui qui stocke les femmes, qui les additionne. Il a tous les succĂšs, mais il est blasĂ©, il nâaime pas. Werther rate, en arrive au suicide, mais il a eu la meilleure part parce quâil a aimĂ© vĂ©ritablement. Il dit moi je suis beaucoup plus Werther que Don Juan. Jâai eu trĂšs peu de succĂšs⊠» â vous vous rappelez au dĂ©but de la Vie de Henry Brulard, il dresse la liste et Ă©videmment ça nâest pas innocent câest une reprise de la scĂšne du Don Giovanni de Mozart oĂč Leporello fait la statistique pays par pays â la plupart ne mâont pas honorĂ© de leurs bontĂ©s ». Donc câest plutĂŽt la statistique des ratages et il dit Bien, malgrĂ© tout ça je suis encore naĂŻf, je suis encore ingĂ©nu, jâai encore la tĂȘte pleine de nuĂ©es et de chimĂšres et je ne donnerais pas mes Ă©checs pour les rĂ©ussites des Don Juan, parce que jâai profondĂ©ment le sentiment que jâai Ă©tĂ© plus heureux en ne rĂ©ussissant pas et en aimant, Ă©ventuellement sans ĂȘtre payĂ© de retour, quâen ayant toutes les femmes qui passent couchĂ©es Ă mes pieds. »64LCf â Il aime tellement lâamour quâil parle aussi souvent de ses fiascos, il prĂ©fĂšre lâamour Ă lâĂ©rection. Ph. B. â Ah oui, il nây a aucun doute lĂ -dessus. Dans sa vie sentimentale et sexuelle câest trĂšs frappant. On le voit trĂšs bien avec AngĂ©la PiĂ©tragrua il lui a fait la cour pendant onze ans, enfin le jour arrive â Je remporte cette victoire si longtemps dĂ©sirĂ©e » â et le lendemain il sâen va. Il comprend trĂšs bien que sâinstaller dans la possession, câest tuer le dĂ©sir. Tout ce qui est atteint est dĂ©truit et donc il faut immĂ©diatement la distance, lâĂ©cart. Ăvidemment, il est trĂšs content dâavoir fait lâamour avec AngĂ©la, mais pour maintenir cette relation vivante et signifiante, il faut immĂ©diatement la quitter. On a beaucoup thĂ©orisĂ© sur lâamour Ă distance chez Stendhal, mais je crois que câest une grande vĂ©ritĂ©. On peut quand mĂȘme faire remarquer que dans les romans, notamment dans La Chartreuse, il y a des annĂ©es de possession heureuse entre ClĂ©lia et Fabrice, mais le roman nâen dit rien parce que ce ne serait pas une matiĂšre romanesque. Stendhal ne jette pas du tout lâanathĂšme sur la sexualitĂ©, absolument pas. Il nâen fait nullement fi mais il est clair que pour lui elle nâĂ©puise pas la relation Ă lâ â On nâimagine pas de Madame Stendhal, mais Stendhal pĂšre nâest-ce pas plus difficile encore ? Ph. B. â Il en avait tellement soupĂ© dans sa famille ! Lisez la Vie de Henry Brulard, qui est un texte extraordinaire, je ne crois pas que dans la littĂ©rature mondiale il y ait des textes aussi durs sur lâenfance, qui montrent vraiment la maison comme un enfer. Dans cette maison oĂč, aprĂšs la mort de la mĂšre, dĂšs que la mĂšre sâest absentĂ©e, tout le monde se dĂ©teste, câest la guerre civile Ă lâintĂ©rieur de lâappartement, tout le monde se hait, ce sont des scĂšnes du matin au il dit JâĂ©tais un pauvre bambin persĂ©cuté⊠», il anĂ©antit complĂštement un certain mythe de lâenfance heureuse, il nâen reste que dĂ©combres, et voyez la scĂšne du dĂ©part de Grenoble, quand il a seize ans et quâil sâen va â enfin ! â sous prĂ©texte de se prĂ©senter au concours dâentrĂ©e Ă lâĂ©cole polytechnique. Il est lĂ sur le trottoir avec son pĂšre qui lâa accompagnĂ© Ă la voiture. Ils ne trouvent rien Ă se dire, le pĂšre se met Ă pleurnicher un peu, et tout ce que Stendhal trouve Ă remarquer, câest Je lâai trouvĂ© bien laid ! » Câest quand mĂȘme terrible, cela sonne vrai mais en donnant la chair de poule !67LCf â Il lâa jugĂ© ! Ă treize ans ! Et sans appelâŠ68Ph. B. â Et en mĂȘme temps, il se sent coupable Longtemps, je me suis dit est-ce que je suis un monstre ? Longtemps, je nâai pas trouvĂ© de rĂ©ponse Ă cette question⊠». On ne peut pas ĂȘtre parricide comme Henri a voulu lâĂȘtre sans en ĂȘtre profondĂ©ment affectĂ©, on ne tue pas papa de gaietĂ© de cĆur !69LCf â Sauf si on est fou ! Stendhal sâen servait en le dĂ©testant et ne sâen portait finalement pas plus mal !70Ph. B. â Il nây a pas la moindre complaisance. Prenons la scĂšne oĂč il raconte comment il a appris lâexĂ©cution de Louis xvi. Sa famille a vĂ©cu le procĂšs du roi comme un procĂšs de famille, la famille frappĂ©e au cĆur, la paternitĂ© mĂȘme a Ă©tĂ© assassinĂ©e, mise Ă mort par ce geste, et Henri ressent son premier orgasme⊠Câest clair, il est lĂ , sous la lampe, et il dit Jâai Ă©tĂ© bouleversĂ© dâun des plus violents mouvements de joie que jâaie jamais ressenti dans ma vie ! »71LCf â Pas trop dix-huitiĂšmiste cet orgasme !âŠ72Ph. B. â PlutĂŽt plutarquien et antique » !73LCf â Nâavait-il pas plutĂŽt la nostalgie des annĂ©es que vous dites 1796-1804âŠ74Ph. B. â Oui, câest un certain mythe, culturel plutĂŽt que politique, un certain art extraordinairement policĂ©, une sorte dâapogĂ©e dans la civilisation, dans les maniĂšres, dans la maniĂšre dâĂȘtre ensemble. Lâesprit, lâesprit ! Lâesprit coulait Ă flots dans la haute sociĂ©tĂ© de lâAncien RĂ©gime. Lâesprit, lâĂ©change, la conversation. Stendhal est fondamentalement un ironiste. Ses amis disaient quâil avait au coin de la bouche un pli dâironie. Il disait que ça lui avait fait beaucoup de mal, mais quâil ne pouvait pas sâen empĂȘcher, câĂ©tait son corps parce que câĂ©tait son esprit. On avait lâimpression quâil se moquait de tout le monde et de tout. Il Ă©tait caustique et sarcastique, ne respectant rienâŠEst-ce que ça nâest pas un trait du xviiie siĂšcle ?75Il aime Diderot. Il a dit beaucoup de bien de Jacques le fataliste. Il a beaucoup lu Marivaux, dont vous parliez tout Ă lâheure⊠Et en mĂȘme temps, lui qui aime tant la rĂȘverie, il a dit tant de mal de Jean-Jacques Rousseau. Câest quâil lutte contre un penchant glissant Je ne veux pas branler lâĂąme du lecteur ! » Il le dit Ă Balzac. Et, justement, La Nouvelle HĂ©loĂŻse, câest de lâonanisme, vĂ©ritablement. Oui, parce que ses phrases sont tellement Ă©mouvantes ! Et Stendhal qui est honnĂȘte dit Ces phrases si belles me touchaient malgrĂ© moi. »76LCf â Il dit aussi que pour dire la vĂ©ritĂ©, il faut Ă©crire trĂšs vite en Ă©vitant tout ce qui B. â Et cette phrase magnifique Je tremble toujours de noter un soupir, quand je voudrais Ă©pingler les vĂ©ritĂ©s. » Donc essayer de limiter complĂštement le coefficient dâaffect, parce que câest toujours du mensonge. Câest pourquoi il y a cette dĂ©claration qui peut nous paraĂźtre tellement bizarre, oĂč il dit que pour se mettre en train tous les matins de ces cinquante-trois jours oĂč il a dictĂ© La Chartreuse de Parme, il lisait une page du code civil, soit ce quâil y avait de plus opposĂ©. Selon lui, la phrase la plus parfaite de la langue française, câest Tout condamnĂ© Ă mort aura la tĂȘte tranchĂ©e ». Câest une phrase Ă laquelle on ne peut rien ajouter et rien retrancher, câest le cas de le dire ! Il y a une adĂ©quation idĂ©ale entre ce quâon veut dire et ce quâon dit. Et ça, câest un modĂšle absolu du style trĂšs diffĂ©rent de celui de Rousseau avec son Ă©motivitĂ© suspecte, complaisante voire â Ăcrire, dicter La Chartreuse en cinquante-trois jours, câest terrible !79Ph. B. â Oui, alors on a dit miracle ! Je pense que câest comme lâaloĂšs qui fleurit tous les cent ans, il faut quatre-vingt-dix-neuf ans dâincubation, et puis dâun seul coup, en faisant un bruit de canon, il fleurit. Câest pareil Stendhal, sur le tard, fait enfin un grand roman sur lâItalie. Il a parlĂ© de lâItalie dans dâautres livres, mais sous forme de carnets de voyage, promenades dans Rome, dans Naples et Florence, dans des nouvelles, mais jamais un roman de grande envergure. Câest le cĆur de ce qui a Ă©tĂ© son existence pendant quarante ans au moins. Comment sâĂ©tonner que cela vienne si bien ? Il sâest entraĂźnĂ© pendant des dĂ©cennies pour cette course â Mais il ne le savait pas, nâest-ce pas ça le miracle ?81Ph. B. â Il ne le savait pasâŠIl faut croire quand mĂȘme quâil y a des moments de maturation. La Chartreuse de Parme ne peut pas ĂȘtre lâĆuvre dâun dĂ©butant, Ă aucun point de vue. Elle rassemble vraiment lâexpĂ©rience de toute une vie et il faut donc admettre quâil y a une sĂ©dimentation intĂ©rieure, et puis, le moment venuâŠ82LCf â Lâanglais ?âŠCe goĂ»t pour lâanglais ?83Ph. B. â CâĂ©tait un incroyable sabir, parce quâil nây a pas que de lâanglais. Hier, encore, en travaillant au troisiĂšme volume de la PlĂ©iade, je voyais une phrase de quelques mots oĂč il y avait trois langues. Il y avait If I publie me vivente⊠», soit si je publie de mon vivant », anglais, français, latin, en cinq mots. On peut se dire pourquoi dans un Ă©crit purement privatif, ça nâa pas de sens. Ce sont des notes tout Ă fait personnelles. Il y a une part de â Et le texte de son Ă©pitaphe ?85Ph. B. â Dans son Ă©pitaphe, câĂ©tait en italien Arrigo Beyle, Milanese ». Donc, vouloir ĂȘtre enterrĂ© sous une pierre tombale en italien, câest une maniĂšre de se naturaliser Italien. Et dans la mort, de se rattacher Ă cette gĂ©nĂ©alogie fantasmĂ©e du cĂŽtĂ© de la mĂšre. Il disait que du cĂŽtĂ© des Gagnon, câĂ©taient des Guadagni, des Guadagnamo, qui seraient venus avec les Papes en Avignon. Câest un peu comme Gobineau qui sâimagine des ancĂȘtres vikings. Il y a beaucoup dâĂ©crivains qui ont Ă©chafaudĂ© des gĂ©nĂ©alogies dĂ©lirantes parce quâelles confortaient lâimage quâils avaient besoin de se faire dâeux-mĂȘmes. Ă sa mort, ses derniĂšres volontĂ©s ont causĂ© du scandale auprĂšs de lâambassadeur de France qui a dit il renie sa patrie alors quâil Ă©tait fonctionnaire français, voilĂ quâil veut faire croire quâil Ă©tait Milanais ». Son cousin, Romain Gagnon, qui a fait tellement pour lui, qui Ă©tait dâun dĂ©vouement canin Ă sa mĂ©moire, Ă©crit dans une lettre quâil Ă©tait consternĂ© dâavoir trouvĂ© ces volontĂ©s dans son testament. Il les respectera mais la mort dans lâĂąme. On ne mesure peut-ĂȘtre pas aujourdâhui ce quâavait dâĂ©tonnant ce genre de chose⊠CâĂ©tait une espĂšce de trahison, il passait de lâautre cĂŽtĂ© des Alpes. Il signifiait Ă ses compatriotes Je nâai rien de commun avec vous ». Et vous savez combien Ă Grenoble, on lui en a voulu, et jusquâĂ une date rĂ©cente, on ne sây flattait pas dâavoir donnĂ© naissance Ă Stendhal. Il passait pour un mauvais Français et mauvais Grenoblois, câest encore bien pire !86LCf â Est-ce quâon peut rapprocher, comme ça, ce goĂ»t des idiomes Ă©trangers, ce goĂ»t des langues, pour aborder certains domaines, avec ce que vous dites du dessin, dans la Vie de Henry Brulard ? [2], ces dessins quâil y a dans le manuscrit, Ă chaque fois, dirait-on, quâil sâapproche dâune zone plus sensible, dâun certain rĂ©elâŠ87Ph. B. â Oui, câest pour tenir Ă distance une dĂ©ferlante affective. Câest aux moments de grande intensitĂ© Ă©motionnelle, comme par hasard, quâon voit le dessin prolifĂ©rerâŠParce que le dessin, ça refroidit forcĂ©ment. On fait des lignes, des angles, on met petit a, petit bâŠCâest une maniĂšre de cartographier une sorte de chaos. Il y a une lave qui bouillonne et qui veut sortir, alors, pour la dominer, on essaie de la dessiner. En tout cas, ce qui est capital â et je crois que la critique lâa vraiment bien intĂ©grĂ© depuis maintenant une dizaine dâannĂ©es â câest que les dessins font partie du texte. Songez que les premiĂšres Ă©ditions de Henry Brulard, non seulement ne reproduisaient pas les dessins, mais nây faisaient mĂȘme pas allusion. On ne savait pas quâil y en avait. Câest assez rĂ©cemment que les Ă©ditions dâHenry Brulard reproduisent les dessins, et quâon se rend compte que câest une partie intĂ©grante du texte, et quâil faut essayer de penser ce rapport binoculaire entre lâaspect graphique et lâaspect textuel, qui sont absolument indissociables, organiquement dessins ne sont pas lĂ non plus en guise dâillustrations. Les lĂ©gendes des dessins disent dâailleurs souvent des choses qui ne sont pas dans le texte. Il nây a pas seulement des dessins, mais des â Par exemple ?90Ph. B. â Eh bien, aux Echelles, par exemple. Lors dâun sĂ©jour de vacances heureux quand il a treize ans, câest la seule oasis qui lui reste de son enfance, chez lâoncle Romain Gagnon, il y a Ă©normĂ©ment de dessins, et il rajoute des dĂ©tails, parce que la mĂ©moire afflue, et alors lĂ , dans les lĂ©gendes, il ajoute des dĂ©tails quâil ne reprend pas dans le texte. Câest une maniĂšre dâaller vite, aussi, vous connaissez la phrase de NapolĂ©on Un croquis en dit plus quâun long discours ».91Câest un aide-mĂ©moire, une maniĂšre Ă©conomique de dire les choses. Et puis, aussi, je crois, et pour moi, câest le plus important, une maniĂšre de les â Au tout dĂ©but de lâentretien, vous avez soulignĂ© un point trĂšs intĂ©ressant, le cĂŽtĂ© temporel, le cĂŽtĂ© datĂ© de lâamour, de ce que lâamour doit au discours, Ă la langue de son temps. Comment dire le message que Stendhal dĂ©livre sur lâamour de son temps ?93Ph. B. â Il nâen parle pas beaucoup. Vous savez quâil reprend un titre qui nâest pas de lui. Pour ses contemporains, il y avait un autre livre intitulĂ© De lâamour. On lâa complĂštement oubliĂ© aujourdâhui. CâĂ©tait un traitĂ© de SĂ©nancour. Il y avait un De lâamour de SĂ©nancour, dont Stendhal ne parle jamais, mais visiblement, il lui fait concurrence. Je crois que Stendhal ne veut pas se prĂ©occuper des thĂ©ories amoureuses de ses contemporains. Il rĂ©pond Ă une urgence. Ce livre câest une maniĂšre de se consoler. Il a visiblement un usage curatif ou thĂ©rapeutique de son Ă©chec avec MĂ©tilde Dembrowski. Quand il apprend des annĂ©es plus tard la mort de MĂ©tilde, il Ă©crit dans ses notes Death of the author », mort de lâauteur. Donc, lâauteur de De lâAmour, câest MĂ©tilde dâune certaine façon. Câest une rĂ©ponse quâil a voulu faire aux souffrances quâil a endurĂ©es. Câest toujours la mĂȘme dĂ©marche, en prenant de la hauteur et du recul, en essayant peut-ĂȘtre de souffrir moins. Il avait plusieurs fois eu lâidĂ©e du suicide. Quand il est rentrĂ© dâItalie, il Ă©crit quâil a Ă©tĂ© very near of the⊠», et il dessine un pistolet. Et je pense que chez lui, ce nâĂ©tait vraiment pas une â Il le dit en anglais ?95Ph. B. â Oui very near of the⊠», et il nâemploie pas le mot pistolet, il dessine un pistolet. Ce nâĂ©tait pas pour jouer les Werther, pas du tout. Ce nâĂ©tait pas de la pose pseudo romantique. Il ne voyait plus de raison de vivre. Mais fidĂšle Ă un principe du beylisme, qui est que dans les moments de grandes douleurs et de grand danger, il faut marcher droit Ă lâobjet, que câest la seule maniĂšre de dominer sa peur et sa douleur, il a essayĂ©, je crois, par un traitĂ© apparemment dĂ©tachĂ© et gĂ©nĂ©ral, mais tout pĂ©tri de ses expĂ©riences, en lâoccurrence pĂ©nibles, dâanalyser cet univers de sentiments dans lequel il Ă©tait faut quand mĂȘme se rappeler ce quâil a dit dans la Vie de Henry Brulard lâamour a Ă©tĂ© pour moi la premiĂšre des affaires, ou plutĂŽt la seule, aprĂšs sont venus mes ouvrages ». AprĂšs » veut dire en numĂ©ro deux ».97Un trait qui me semble trĂšs sympathique chez Stendhal, câest quâil ne sacralise absolument pas lâactivitĂ© dâĂ©criture. Il nâest pas du tout ce genre dâĂ©crivain qui dit Si on mâempĂȘchait dâĂ©crire, je mourrais. » Si on lâempĂȘchait dâĂ©crire, il continuerait Ă vivre. Il continuerait dâaller Ă lâopĂ©ra, Ă ĂȘtre amoureux. Pas de mission, de sacerdoce encore moins. Il sâagit de donner du plaisir, pas dâapporter lâ â Câest lâanti-Proust !99Ph. B. â Et lâanti-MallarmĂ©. Dâabord et avant tout lâamour. Aimer et ĂȘtre aimĂ©, câest lĂ -dessus quâon juge la rĂ©ussite dâune vie. Jâaime Ă©crire, dit-il ; Ă©crire dans un grenier pour son plaisir, dâabord pour son plaisir. Si on trouve quelques amis qui sây reconnaĂźtront, tant mieux, mais lâĂ©criture dâabord pour soi⊠Mais avant tout lâamour est la premiĂšre et la seule des affaires qui mĂ©rite quâon sây consacre. Le reste nâest â Câest lâamour qui porte ses hĂ©ros Ă lâ B. â Oui, absolument. Ce qui est sĂ»r, câest quâil Ă©tait amoureux de lâamour. Dâailleurs, câest une phrase quâil emploie une fois. Il dit Jâai Ă©tĂ© amoureux de lâamour », Amabam amare », comme dit saint Augustin, quâil nâavait sans doute pas lu. Ătre en Ă©tat dâamour toujours. Pour lui, câĂ©tait ĂȘtre en vie, rien dâautre. NâĂȘtre pas amoureux, ou nâĂȘtre plus amoureux, câĂ©tait la vieillesse, câĂ©tait la mort. Et ce qui le dĂ©sole en son temps, câest quâon est mort Ă dix-huit ans. Parmi les jeunes gens du salon de La Mole, aucun nâest amoureux. Ils vont faire de beaux mariages, ce qui est tout Ă fait autre chose, mais aucun nâa cette folie⊠Parce que lâamour, câest Ă©videmment une folie, câest le contraire du bon sens. Et câest pourquoi il est si peu français, ce Stendhal par ailleurs si français !, si ĂȘtre français câest, dans le sillage de Descartes, valoriser le bon sens, y compris en lui donnant sa noble signification philosophique. Pour lui, pas du tout, lâamour est un dĂ©lire, câest une construction narcissique. Il le montre trĂšs bien toute la thĂ©orie de la cristallisation, quâest-ce que câest ? Je prĂȘte Ă un ĂȘtre les perfections quâil nâa pas. Je les invente⊠Lâamour est donc une fiction. On peut bien imaginer combien Proust a pu sâintĂ©resser Ă cela et comment il a eu un rapport endurant avec Stendhal. Et il est trop clair quâen inventant un ĂȘtre tellement sublime dont je suis amoureux, par un effet de rĂ©verbĂ©ration, de feed-back, cela retombe sur moi. Si câest un ĂȘtre aussi sublime que jâaime, câest parce que je suis sublime moi-mĂȘme. Naturellement, il est bien digne de moi et moi de lui. Il y a un engin narcissique qui fonctionne, qui tourne Ă plein rĂ©gime dans cette cristallisation et Stendhal lâanalyse magistralement. En dehors de cette folie, mais qui est la plus belle, la plus nĂ©cessaire des folies, il nây a â Dâailleurs vous semblez dire aussi quâil entre dans ce domaine-lĂ , au sommet du Saint-Bernard en rejoignant lâarmĂ©e dâ B. â Oui absolument, puisque câest lĂ quâil bascule de lâautre cĂŽtĂ© et quâil reçoit tout dâun seul coup. Il dĂ©couvre lâamour Ă lâitalienne. Il avait Ă©tĂ© amoureux une fois Ă Grenoble dâune actrice, Virginie Kubly, quâil nâavait jamais osĂ© aborder ; quand il la rencontre par hasard nez Ă nez dans le jardin de ville, il prend ses jambes Ă son cou tellement il est terrorisĂ© dâĂȘtre prĂšs de son idole. Toujours lâamour Ă distance. Il se consume pour elle et quand, enfin, elle sâapproche de lui, il tourne les talons. Câest pour cela quâil a tant aimĂ© les cantatrices, lâopĂ©ra parce que la femme est vue Ă distance, avec le recul, sur la scĂšne, prestige de lâillusion dramatique. Câest une femme fortement libidinale mais en mĂȘme temps inaccessible. Elle est hors dâatteinte, on ne peut pas la toucher. Il faut quâelle reste hors dâatteinte. Sinon, si on faisait lâamour avec elle, ce serait une femme comme les â Vous lâavez dit Ă un moment, câest la jouissance de lâ B. â â Comment les mots de Stendhal donnent-ils forme Ă nos sentiments ?107Ph. B. â Le terme de cristallisation rĂ©pond admirablement. Il a trouvĂ© un mot. Il raconte dâailleurs quelque part, je crois que câest dans une lettre, ou peut-ĂȘtre dans les Souvenirs dâĂ©gotisme que, dans les salons, on se moquait de lui car il mettait en circulation des nĂ©ologismes. Il disait quâil y en a dâautres comme ça mais qui nâont pas marchĂ©, qui nâont pas rĂ©ussi. Le mot cristallisation, lui, sâest imposĂ© immĂ©diatement avec la mĂ©taphore du rameau dans la mine de sel de Hallein prĂšs de Salzbourg. On peut dire que depuis Stendhal, lâamour a un nouveau terme, un nouveau vocabulaire. Et comme on sait bien que les mots ce sont des choses, câest aussi une nouvelle rĂ©alitĂ©. Notes [*] Philippe Berthier est professeur de littĂ©rature française Ă la Sorbonne Nouvelle. Il a publiĂ© de nombreux essais sur la littĂ©rature du XIX Ăšme siĂšcle dont plusieurs sur Stendhal. Il co-dirige la nouvelle Ă©dition des Ćuvres romanesques de Stendhal pour la BibliothĂšque de La par Christiane Alberti, Nathalie Georges-Lambrichs et Philippe Hellebois. [1] Stendhal Paris-Londres. Chroniques Paris, Stock1997, p. 267. TantĂŽt il fait remonter lâeffacement de lâamour Ă la chute de NapolĂ©on, tantĂŽt Ă sa politique elle-mĂȘme Du fait que depuis la chute de NapolĂ©on, toute apparence de galanterie est sĂ©vĂšrement bannie des mĆurs de la province, lâennui redouble. Il ne reste dâautres plaisirs que la lecture et lâagriculture. » NapolĂ©on a jugĂ© nĂ©cessaire Ă lâĂ©tablissement de son despotisme de dĂ©crĂ©ter, en 1802, que dorĂ©navant aucune femme ne paraĂźtrait en sociĂ©tĂ©, ou dans la rue, sans son mari. Cette seule phrase du despote a tuĂ© la galanterie française qui pourrait ĂȘtre gai ou badin devant un mari ? » [2] Philippe Berthier Stendhal. Vie de Henry Brulard, Paris, Gallimard, FoliothĂšque », 2000.
VĂ©ritablecoup de cĆur pour cette remarquable leçon de vie et de transmission. Le regard dâIsabelle EN CE TEMPS LA, LâAMOUR Théùtre La Luna, 1 rue SĂ©verine, 84000 Avignon Du 7 au 31 juillet â RelĂąches les 13, 20, 27 juillet â Ă 18h45 chargement â LE PROCĂS EICHMANN Ă JĂRUSALEM â THĂĂTRE DES HALLES â FESTIVAL DâAVIGNON 2021
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DavidBrĂ©court fait sensation. Il ne sort pas indemne, nous non plus, de cette merveilleuse piĂšce Ă lâĂ©difiante universalitĂ©. En ce temps lĂ , lâamour. Une piĂšce de Gilles SEGAL. Mise en scĂšne par
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David BRECOURT Ă©tait lâinvitĂ© de lâĂ©mission DEUX SOUS DE SCENE, sur Radio Libertaire le samedi 26 Octobre 2019, ci-dessous en podcast Comme jâai enviĂ© ce pĂšre capable de susciter un tel regard dâadmiration dans les yeux de son fils » Ce cri du cĆur Ă©mane dâun individu qui sait faire partie du commun des mortels avec cette particularitĂ© cependant, celle dâavoir connu lâenfer, un enfer justement inimaginable pour le commun des mortels. Lâindividu en question Z » dans la piĂšce est redevenu un homme normal sans histoires, invisible. Non certainement, il ne sâest pas Ă©panchĂ© sur sa dramatique expĂ©rience de la shoah auprĂšs de son fils qui a Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©. La vie a repris son cours. Ce fils est loin dĂ©sormais qui lui envoie dâAmĂ©rique, une photo de son petit-fils. Bien sĂ»r, il songe sur les rapports entre pĂšre et fils qui Ă distance peuvent devenir conventionnels, distraits, banaux. Câest implicite, il nâen dit mot Ă ce fils, mais il y a ce dĂ©clic que reprĂ©sente, tombĂ©e du ciel une photo de son petit-fils. Et lui revient en boomerang, le souvenir dâune rencontre dans un train en partance pour Auschwitz, avec un pĂšre et un fils, extraordinaires. Qui ne sâest pas plu Ă observer dans les transports en commun ces relations intimes entre un parent et son enfant qui passent parfois juste par des regards, des attentions lesquelles peuvent Ă©blouir lâobservateur parce quâelles ne sont pas criantes, seulement naturelles. Dans le train de la mort, Z a dĂ©cidĂ© de ne plus penser, ne plus penser Ă lui, durant les 7 jours du voyage, il va vivre dâune certaine façon par procuration, Ă travers un pĂšre et son fils dâune douzaine dâannĂ©es. Le rĂ©cit de ce voyage quâil enregistre pour son fils, devient en quelque sorte anachronique. Qui parle, le pĂšre quâil aurait voulu ĂȘtre, le pĂšre quâil a rencontrĂ© ? Et le fils, celui dâAmĂ©rique nâaurait-il pas pu ĂȘtre celui du train de lâenfer ? Qui parle, le vieil homme ou le jeune homme quâĂ©tait Z Ă lâĂ©poque ? Les rĂ©actions de Z sont sans fard, il ne comprend pas tout dâabord, comment le pĂšre peut faire abstraction de la situation insupportable Ă laquelle sont confrontĂ©s les voyageurs, la promiscuitĂ©, lâodeur des excrĂ©ments, la mort des plus faibles, les cris des survivants. Le pĂšre durant tout le voyage dĂ©ploiera toute son Ă©nergie Ă occuper lâesprit de son enfant, un peu comme ShĂ©hĂ©razade des Mille et Une Nuits, pour lâĂ©tourdir, le faire sourire, le voir heureux jusquâau bout de la nuit et de la mort ⊠Alors Ă©tonnamment, le rĂ©cit qui aurait pu prendre la tournure dâune oraison funĂšbre, devient un hymne Ă la vie, Ă sa poĂ©sie, Ă lâamour simplement entre un pĂšre et son fils. David BrĂ©court rayonne dans ce rĂŽle de conteur. Nous oublions complĂštement quâil sâagit dâun seul en scĂšne tant son interprĂ©tation est vivante et lâhistoire captivante. Gille Segal, comĂ©dien et dramaturge, dâorigine juive romaine a certainement puisĂ© dans son histoire personnelle. Il signe avec cette piĂšce, un bijou de tendresse et dâhumanitĂ©, en donnant la parole Ă Z, un commun des mortels par dĂ©faut, auquel nous pouvons tous nous identifier, face Ă son double extraordinaire ». Que ceux qui viennent au théùtre avant tout pour se distraire et se changer les idĂ©es, ne soient pas rebutĂ©s par le thĂšme de la shoah. La piĂšce, mise en scĂšne par Christophe Gand diffuse une lumiĂšre qui ne cesse de chatoyer, mettant en valeur son interprĂšte David BrĂ©court, tout juste fascinant. Paris, le 25 Octobre 2019 Mis Ă jour le 10 Juillet 2021 Evelyne TrĂąn PubliĂ© par Evelyne TrĂąn Animatrice radio sur Radio Libertaire depuis 2008 . - Chroniqueuse pour le blog "Théùtre au vent" du site Le en 2011, puis sur le site et sur le Monde libertaire en ligne ou version papier 2019. Voir tous les articles par Evelyne TrĂąn PubliĂ© 10 juillet 202110 juillet 2021
CetĂ©moignage ou la transmission dâune leçon de vie sâavĂšre faire Ă©cho Ă ce souvenir dont il fut le tĂ©moin. Des bandes magnĂ©tiques enregistrent alors son rĂ©cit livrant Ă son fils, vivant aux Etats-Unis, un tĂ©moignage poignant de son trajet en train vers Auschwitz. Il dĂ©crit, de façon factuelle, lâhorreur de lâentassement humain, les humiliations dues Ă la promiscuitĂ©, les
Spectacles du Festival OFF Avignon 00 avis Votre avis Théùtre La Luna - Festival OFF Avignon De Gilles SEGAL Z. vient tout juste dâĂȘtre grand-pĂšre. Il se dĂ©cide alors Ă enregistrer pour son fils, sur bandes magnĂ©tiques, un souvenir gravĂ© Ă jamais dans sa mĂ©moire sa rencontre avec un pĂšre et son jeune garçon dans le train qui les conduisait aux camps de la mort. Le temps du trajet, ignorant le chaos qui sâinstalle de jour en jour dans le wagon, ce pĂšre va profiter de chaque instant pour transmettre Ă son fils lâessentiel de ce qui aurait pu faire de lui un homme. La piĂšce est sĂ©quencĂ©e en 7 chapitres pour les 7 jours du trajet du train. Sept jours comme la crĂ©ation du monde, un monde que ce pĂšre refuse de voir sâeffondrer. Lâincroyable poĂ©sie et lâhumour qui se dĂ©gagent de ce texte donnent Ă la piĂšce une force et une Ă©motion dâune rare intensitĂ©. - Elu "MEILLEUR SPECTACLE" du festival Off d'Avignon 2021 par la Presse Lire plus Fermer La presse parle de En ce temps lĂ , l'amour Un seul en scĂšne absolument bluffant. Bouleversant et dâune rare intensitĂ©. Coup de cĆur théùtral, magnifique et bouleversant. Une leçon de vie et de transmission, merveilleusement portĂ©e par D. BrĂ©court. Une rĂ©ussite! il faudrait lâĂąme bien vile et le coeur bien dur pour ne pas Ă©craser une larme. Alain Girodet David Brecourt est remarquable. En finesse, en subtilitĂ©, en toute pudeur. Armelle HĂ©liot Afficher tous Laissez un avis sur En ce temps lĂ , l'amour Ce spectacle n'est plus Ă lâaffiche Les autres piĂšces du mĂȘme genre Prochainement Prochainement Prochainement Prochainement Prochainement Prochainement Prochainement Ceux qui ont consultĂ© le spectacle En ce temps lĂ , l'amour ont aussi consultĂ© Promo L'amour c'est mieux Ă trois Edgar Prochainement Jâai pas lâair Antoine - Simone Berriau DerniĂšres Post it ComĂ©die des Suds De L'Ambition Manufacture des Abbesses Prochainement Addition SaliniĂšres Prochainement CONFĂRENCE DĂRAPANTE NAĂTRE ANIMAL, ĂTRE HUMAIN Reine Blanche Prochainement Le Rossignol / Les Mamelles de TirĂ©sias, opĂ©ras de Stravinsky et de Poulenc mis en scĂšne par Olivier Py Champs-ElysĂ©es Chers parents Paris - Salle RĂ©jane Accueil Les spectacles En ce temps lĂ , l'amour
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