đŸč En Ce Temps LĂ  L Amour Avignon

AvignonOff 2022.La 56Ăšme Ă©dition du Festival Off d’Avignon s’est achevĂ©e le 30 juillet. En 2019 on avait estimĂ© Ă  300 000 le nombre des spectateurs. Les orgnisateurs Ă©valuent la frĂ©quentation Ă  270 000 en 2022 malgrĂ© ce qui reste de la pandĂ©mie et une canicule trĂšs pesante qui risque malheureusement de se renouveler plus souvent Ă  l’avenir.
ScĂšne de La DacultĂ© » dans la cour du lycĂ©e Mistral - Christophe Raynaud de Lage La nouvelle piĂšce de Christophe HonorĂ©, La FacultĂ© », se passe quelque part en banlieue, entre fac et citĂ©. Mais l’auteur a le don – la facultĂ© – de faire dĂ©river les lieux et les ĂȘtres dans un ailleurs, un peu comme les chansons qu’il invite dans ses films. Je suis la pĂ©dale, je suis la fifille, je suis l’enculĂ© » Il y a bien lĂ  une mĂšre, madame Leflamair qui, dans son appartement de la citĂ© les Iris, Ă©lĂšve seule ses trois fils, JĂ©rĂ©my, Kevin et Yoann. Il y a bien lĂ  un Arabe prĂ©nommĂ© Ahmed, Anna la petite dealeuse le beau Harouna irradiant la chambre qu’il occupe lĂ  oĂč vit sa famille dans le lotissement Jules VallĂšs, et la discrĂšte Souab, qui connaĂźt tout le suite aprĂšs la publicitĂ© Il y a bien lĂ  une police qui rĂŽde, les lumiĂšres d’un commissariat. Il y a lĂ , trĂšs vite, au dĂ©but de la piĂšce, un fait divers dont vont sans doute s’emparer les mĂ©dias Ahmed que l’on retrouve shootĂ© au crystal, la tĂȘte dĂ©foncĂ©e de coups, agonisant dans un terrain vague entre fac et citĂ© et qui meurt sur le chemin de l’hĂŽpital. MĂȘme si Ahmed est rouĂ© de coups ayant entraĂźnĂ© sa mort sans avoir eu l’intention de la lui donner, il meurt d’abord d’amour. Pour Harouna. L’un des trois Ă  lui donner de fatals coups de casque de scooter sur la tronche. Les deux autres, ce sont les frĂšres de JĂ©rĂ©my qui, lui, avait Ă©tĂ© l’amant d’un soir d’Ahmed, lequel Ă©tait aussi l’esclave sexuel consentant de son prof de fac, StĂ©phane. L’homosexualitĂ© souvent cachĂ©e, difficilement assumĂ©e de ces jeunes de banlieue », et que les autres » ne veulent pas voir Ahmed meurt parce qu’il n’existe pas, Christophe HonorĂ© l’aborde frontalement scĂšne de baise et rĂȘves lyriques traversent sa piĂšce. JĂ©rĂ©my, une nuit de neige, revenant sur les lieux du crime et s’adressant Ă  Ahmed La suite aprĂšs la publicitĂ© Ils t’ont battu, Ă  mort, et ils t’ont oubliĂ©. Ils pourraient passer prĂšs de ton cadavre, ils ne te reconnaĂźtraient pas, ni toi, ni ce qu’ils ont fait. Et ils pourraient me tuer, moi aussi, parce que pour eux, je ne suis rien d’autre que toi. Je suis la pĂ©dale, je suis la fifille, je suis l’enculé  » Une commande d’Eric Vigner pour son acadĂ©mie La piĂšce qui prend le temps de se mettre en place et oscille ou hĂ©site entre plusieurs registres, se concentre peu Ă  peu et se grandit autour de son nƓud tragique JĂ©rĂ©my va-t-il aller dĂ©noncer ses frĂšres ? Comment choisir entre l’amour d’une mĂšre et son amour propre ? Entre la vĂ©ritĂ© dite et le silence complice ? Entre le sang des siens et l’odeur d’une peau aimĂ©e ? Entre l’affirmation du jour et le remord de la nuit ? Eric Vigner a commandĂ© cette piĂšce pour les acteurs de son acadĂ©mie, alors mĂȘme qu’ils n’avaient pas Ă©tĂ© choisis. Pourtant, tant ils sont tous trĂšs justes, la piĂšce semble avoir Ă©tĂ© Ă©crite pour eux et pour Scott Turner Schofield StĂ©phane et la trĂšs impressionnante Jutta Johanna Weiss la mĂšre, qui complĂštent les six de l’acadĂ©mie. Le parti pris de Vigner prolonge la façon dont HonorĂ© lance ses mots au large des rives du rĂ©alisme et les laisse dĂ©river. Rien de naturaliste. Ni dans le jeu, ni dans les costumes Ă  commencer par ceux des jeunes garçons qui semblent sortis d’une photo de Bernard Faucon. Et nullement dans le dĂ©cor une plage de sable fin qui envahit les rues de la citĂ© et rend lunaires ses arbres, ses rĂ©verbĂšres. Le tout plongeant la piĂšce dans une ouate d’onirisme. En plein accord. L’histoire de Josef Fritzl De SuĂšde l’artiste plasticien Markus Öhrn et de Finlande les compagnies Nya Rampen et Institutet nous vient un Conte d’amour » de trois heures, le spectacle, Ă  ce jour, le plus troublant du festival. Un bloc opaque et lumineux Ă  la fois qui ne vous lĂąche plus, et vrille estomac et cervelet longtemps suite aprĂšs la publicitĂ© Le dispositif vidĂ©o de Conte d’amour » - Christophe Raynaud de Lage Au dĂ©part, un fait divers mondialement mĂ©diatisĂ© l’histoire de Josef Fritzl, un Autrichien qui, dans sa cave, sĂ©questra sa fille durant 24 ans, eut avec elle sept enfants. La haine, l’horreur auraient pu engendrer la mort, le suicide ou la fuite Ă  plus ou moins brĂšve Ă©chĂ©ance. Il n’en fut rien. Le temps qui n’en finit pas, les annĂ©es qui s’accumulent ne vont pas sans chemins de traverse et renversements, l’horreur engendre la douceur sans l’annuler pour autant, la haine est aussi fille de l’amour, un pĂšre reste un pĂšre. Mais le mystĂšre demeure. Et l’énigme reste entiĂšre comment tout cela, aujourd’hui, a-t-il Ă©tĂ© possible ? Un dispositif d’une effroyable justesse Les artistes du spectacle ne rĂ©pondent pas mais ouvrent l’espace de ce possible. Et le temps du spectacle – plus de trois heures – est le temps qu’il faut pour dĂ©ployer les ailes de ce dispositif en mĂ©nageant ses plages oĂč le temps se vide, oĂč le ressassement tient lieu de sablier. C’est Ă  la fois Ă©prouvant et fascinant. Et, comme un baume jetĂ© sur la plaie, traversĂ© de chants d’amour. Le dispositif est d’une effroyable et magnifique justesse. Sur la scĂšne, une minuscule barriĂšre blanche dĂ©limite le pĂ©rimĂštre propriĂ©taire comme dans bien des pavillons europĂ©ens. A l’intĂ©rieur du pĂ©rimĂštre, un bloc Ă  trois Ă©tages. A mi-hauteur, un sofa oĂč est allongĂ© le pĂšre au dĂ©but du spectacle, entourĂ© de poupĂ©es de suite aprĂšs la publicitĂ© Une trappe mĂšne Ă  la partie basse un espace cave qui nous est masquĂ© par un drap blanc mais dont on percevra les ombres et les lumiĂšres c’est lĂ  que cela se passe. Et cela, on le voit, nous spectateurs, dans la partie haute, sur un Ă©cran vidĂ©o. Lequel parfois divisĂ© en deux diffuse les images en direct de ce qui se passe dans la cave. Soit une camĂ©ra fixe, comme une camĂ©ra de surveillance, disposĂ©e dans un angle de la piĂšce et dont les habitants de la cave regardent l’Ɠil et, partant, nous regardent ; une camĂ©ra mobile, miniature, que les habitants de la cave se passent, se filmant les uns les autres, et c’est comme un cordon ombilical qui les relie. ScĂšne de Conte d’amour » prise par la camĂ©ra vidĂ©o fixe Je t’aime papa... je t’aime papa » La force théùtrale de ce dispositif dont la vidĂ©o est constitutive de l’écriture et non fioriture comme souvent est complĂ©tĂ©e par un parti pris radical de distribution qui se rĂ©sume Ă  quatre individus la fille et ses deux enfants, dont un bĂ©bĂ©, sont jouĂ©s par des acteurs hommes, tout comme le pĂšre. Le faisceau de troubles que procure ce Conte d’amour » n’en est que renforcĂ©. Des effigies, des babioles miniatures filmĂ©es en gros plans, les chansons d’amour triste de la fille qui ne sait que chanter mĂȘme quand son pĂšre s’allonge sur elle, des jeux d’enfants entre le pĂšre incestueux et ses enfants, des phrases lancĂ©es comme Je t’aime papa », dont on ne sait si elles sont le fruit du cƓur ou de la peur, traversent cet espace confinĂ©. Car amour il y a aussi. Et conte donc. L’artiste suĂ©dois et les deux compagnies finlandaises travaillent actuellement Ă  une nouvelle crĂ©ation Nous aimons l’Afrique et l’Afrique nous aime » qui sera créée la saison prochaine Ă  Berlin.
Construitecomme une sĂ©rie policiĂšre, cette tragĂ©die aborde des enjeux contemporains : amour, engagement, fidĂ©litĂ©, politique. Texte : Jean Racine. Mise en scĂšne : Robin Renucci. Avec Judith d’Aleazzo, Henri Payet, Marilyne Fontaine, Solenn Goix, Julien LĂ©onelli, Sylvain MĂ©allet, Patrick Palmero et Chani Sabaty. En ce temps-lĂ  l'amour - Grand Format "En ce temps-lĂ , l'amour Ă©tait de chasser ses enfants..." Ainsi commence le rĂ©cit que Z entreprend devant un petit magnĂ©tophone. AprĂšs avoir longuement... Lire la suite 10,00 € Neuf ExpĂ©diĂ© sous 6 Ă  12 jours LivrĂ© chez vous entre le 31 aoĂ»t et le 6 septembre "En ce temps-lĂ , l'amour Ă©tait de chasser ses enfants..." Ainsi commence le rĂ©cit que Z entreprend devant un petit magnĂ©tophone. AprĂšs avoir longuement hĂ©sitĂ©, encouragĂ© sans doute par les quelques photos de son arriĂšre-petit-fils qui viennent tout droit d'arriver d'AmĂ©rique, il se dĂ©cide enfin Ă  raconter, par bande magnĂ©tique interposĂ©e, un souvenir gravĂ© Ă  jamais dans sa mĂ©moire l'Ă©trange rencontre avec un pĂšre et son jeune garçon dans le wagon qui les emmenait vers les sinistres camps allemands. Et surtout l'extraordinaire volontĂ© chez cet homme de profiter de chaque instant pour transmettre Ă  son fils l'essentiel de ce qui aurait pu faire de lui un homme. Un rĂ©cit qui serait sans doute insoutenable sans le talent poĂ©tique au sens le plus noble du terme de Gilles SĂ©gal. Date de parution 01/01/2016 Editeur Collection ISBN 978-2-8071-0086-2 EAN 9782807100862 Format Grand Format PrĂ©sentation BrochĂ© Nb. de pages 40 pages Poids Kg Dimensions 11,6 cm × 20,5 cm × 0,4 cm Biographie de Gilles Segal NĂ© en Roumanie, Gilles SĂ©gal est auteur, mime, comĂ©dien. Il a travaillĂ© avec Marcel Marceau et Jean-Louis Barrault, puis pour le cinĂ©ma et la tĂ©lĂ©vision. En 1996, son spectacle Monsieur Schpill et monsieur Tippeton publiĂ© chez Lansman a obtenu deux MoliĂšre. Il est dĂ©cĂ©dĂ© en 2014.

Vousavez aimé En ce temps-là, l'amour ? Vous aimerez aussi : Coeurs: La derniÚre lettre: Taking sides, le cas FurtwÀngler: Amen: Gouttes d'eau sur pierres brûlantes: La Fausse Suivante: Pays de Production de En ce temps-là, l'amour Pays : Dates de Sortie de En ce temps-là, l'amour Année Production : 2002: Date de Sortie Cinema : 14/01/2004: Voir aussi la fiche

PubliĂ© dimanche 10 juillet 2022 Ă  1937 ModifiĂ© lundi 11 juillet 2022 Ă  1406 Il vous Ă©puise et vous le remerciez. Il vous conduit au cƓur des enfers, lĂ  oĂč fulmine HadĂšs, et vous vous sentez un enfant du paradis. Ce mois de juillet, Olivier Py fait ses adieux au Festival d’Avignon, aprĂšs neuf ans de rĂšgne. Il y reviendra, bien sĂ»r, mais plus comme directeur. Alors, pour tirer sa rĂ©vĂ©rence, il a commis une piĂšce fleuve, qui est une homĂ©lie et un manifeste, une comĂ©die et une Ă©lĂ©gie, une farce de maĂźtre-queux et une priĂšre de pĂšlerin errant dans le dĂ©sert.
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En ce temps-là, l'amour" Gilles Segal Le comité français pour Yad Vashem a proposé le 9 janvier 2012 à ses adhérents et sympathisants, une soirée consacrée à une piÚce de théùtre

PrĂ©sentation du projet Notre premiĂšre piĂšce, "Pendant que les autres dansaient", part au Festival d'Avignon du 7 au 31 juillet 2022!! NOTRE AVENTURE ! Voila maintenant deux ans que nous nous sommes dans la rĂ©alisation de ce puissant projet. Loin de nous douter de la tournure que ce dernier allait prendre, mais tout en l'espĂ©rant, nous avons Ă  travers les rĂ©pĂ©titions, les reprĂ©sentations, les moments de parfaite harmonie et les tunnels administratifs un peu plus compliquĂ©s. Ceci Ă©tant dit, nous voila aujourd'hui extrĂȘmement de vous annoncer que " Pendant que les autres dansaient " part Ă  Avignon et pour tout le mois de juillet. C'est assez fou. Nous allons jouer au théùtre " Au Bout LĂ -Bas ", une trĂšs belle petite salle d'une cinquantaine de places, idĂ©alement situĂ©e. Autant vous dire que nous sommes tous fous de joie. Comme vous vous en doutez, malgrĂ© notre passion pour ce que nous faisons, et l'amour que nous avons Ă  travailler ensemble Avignon demande un peu plus que ça, et notamment financiĂšrement... Voila pourquoi nous venons aujourd'hui, aussi humblement que possible, et en espĂ©rant pouvoir vous le rendre Ă  travers notre travail, vous demander de l'aide. De l'aide pour pouvoir continuer Ă  avancer, de l'aide pour continuer Ă  crĂ©er, ensemble. NOTRE PIECE. Trois ans aprĂšs un viol, Diane dĂ©cide d’entrer dans le Laboratoire, un lieu hors du temps oĂč il lui est permis d’observer et d’interagir avec diffĂ©rentes facettes, diffĂ©rents pĂŽles de sa personnalitĂ©. Diane veut aller mieux, car tout ne s’est pas arrĂȘtĂ© cette nuit lĂ . Il y a autre chose Ă  trouver pour elle la reconstruction, la rĂ©silience, la joie. Mais aprĂšs une telle violence, comment se reconstruire ? Que deviennent confiance, raison, rĂȘve et amour ? NOTRE COMPAGNIE. Les membres fondateurs de la compagnie Le temps de reprendre notre souffle » sont issus de la pĂ©dagogie alternative Waldorf, et elle se compose en majoritĂ© d’artistes issus du Studio de Formation Théùtrale de Vitry-sur-Seine dirigĂ©e par Florian Sitbon. Cette compagnie a pour but de laisser Ă©merger des crĂ©ations originales engagĂ©es, oĂč s’entremĂȘlent diverses formes d’art musique, danse, vidĂ©o etc., car pour nous, le théùtre est avant tout un moyen de transmettre l’intimitĂ© des individualitĂ©s, sous quelque forme qu’elle soit. Notre compagnie croit donc que l’empathie, mĂȘme soumise au regard critique qu’impose une reprĂ©sentation, permet de s’ouvrir de façon apaisĂ©e Ă  des rĂ©cits de vie et par lĂ -mĂȘme fait place Ă  une possibilitĂ© de se comprendre en tant que communautĂ© Ă  travers l’ensemble des singularitĂ©s. A quoi sert l'argent collectĂ© GrĂące Ă  cet argent, nous allons pouvoir vivre cette aventure, payer les comĂ©diens, payer la salle, payer le logement. Et qui sait ? Peut-ĂȘtre s'offrir une glace si nous dĂ©passons le budget. Objectif de collecte 10 400,00 € Montant Global 30 300,00 € DĂ©penses DĂ©signation Montant DĂ©penses Promotion 500,00 € PrĂ©stations exterieures Assurances, inscriptions, droits 1 800,00 € Salaires 22 700,00 € Location salle 5 300,00 € SOUS TOTAL 30 300,00 € TOTAL TOTAL 30 300,00 € Recettes DĂ©signation Montant Recettes prĂ©visionnelles Aides 3 000,00 € ReprĂ©sentation thĂ©atre Pixel 2 000,00 € Billetterie 6 800,00 € SOUS TOTAL 11 800,00 € Proarti Financement participatif proarti 10 400,00 € TOTAL TOTAL 22 200,00 € Quel aprĂšs pour une personne violĂ©e ? Est-il une reconstruction possible, ou est-elle condamnĂ©e Ă  errer dans ses traumatismes passĂ©s ? Est-ce tabou d’aller bien aprĂšs un viol?Au-delĂ  de l’omerta, la piĂšce entend dĂ©fendre le postulat suivant prendre conscience de l’étendue des consĂ©quences d’un tel traumatisme sur tous les aspects Ă©motionnels et rationnels d’un sujet, sur tous ses pĂŽles », c’est permettre Ă  ce mĂȘme sujet de redevenir acteur de son histoire, et par-lĂ  relĂ©guer la douleur au rang de sujet d’étude. Dans l’apprĂ©hension des consĂ©quences d’un viol, force est d’abord de constater l’importance des changements qui s’opĂšrent chez la victime, et l’étendue des domaines de sa personnalitĂ© qui sont touchĂ©s. Une victime de viol voit sa vie entiĂšre chamboulĂ©e au-delĂ  des consĂ©quences sur sa santĂ© physique et sexuelle, c’est tout son rapport aux autres et Ă  elle-mĂȘme qui se modifie. La raison s’adapte, module sa façon mĂȘme d’ĂȘtre en consĂ©quence du traumatisme. La mĂ©moire oublie, retient de maniĂšre tonitruante, revient en flashbacks, ou au contraire bloque. L’amour se voit confier l’impossible tĂąche de devoir oublier pour pouvoir exister, alors que le corps retient de maniĂšre incontrĂŽlable. Un viol, c’est le bouleversement complet d’un monde, auquel s’ajoute d’abord l’impossibilitĂ© d’en rendre compte. Pourtant en rendre compte est une Ă©tape dĂ©cisive dans la voie de la rĂ©silience, laquelle n’est pas nĂ©cessairement vouĂ©e Ă  s’ancrer sur un long chemin de malheur. N’est-il pas possible d’aller bien aprĂšs un viol ? Ne peut-on pas, en parlant, reprendre le contrĂŽle ? Et reprendre le contrĂŽle, n’est-ce pas se frayer une possible voie vers la reconstruction ? C’est en tout cas le parti pris de notre crĂ©ation, de notre Ă©criture. Parler, porter haut la joie que peut aussi ĂȘtre ce chemin. Dire que les retrouvailles – libĂ©ratrices - avec son pouvoir se font lĂ , Ă  la jonction prĂ©cise entre souffrance et rĂ©silience. Diane entre dans le Laboratoire pour y confronter tout ce qu’elle est devenue se prendre pour sujet d’étude, c’est mettre le mal Ă  distance, c’est reconquĂ©rir le pouvoir sur lui. Pourquoi le théùtre quand il existe tribunaux, articles de presse, pĂ©titions en ligne ? Pourquoi le mettre en fiction plutĂŽt que de l’affronter dans la rĂ©alitĂ© ? Car par-delĂ  l’angle adoptĂ©, celui de la reconstruction, se dessine aussi celui de la construction dans sa gĂ©nĂ©ralitĂ©. Il n’y a pas que ça » pour Diane, entrer dans le Laboratoire, c’est Ă©galement espĂ©rer trouver sa place dans le monde en gĂ©nĂ©ral; et c’est ce que tend Ă  montrer notre spectacle pluridisciplinaire. C’est dans ce Laboratoire qu’elle espĂšre comprendre ce qui en elle est dĂ©jĂ  apaisĂ©, et ce qui au contraire fait encore rage. Quelle place dans son parcours pour la volontĂ©, la raison, la solitude ou encore la confiance ? Pendant que les autres dansaient est aussi un rĂ©cit d’initiation Ă  l’ñge adulte, celui d’une conscience qui refuse de se soustraire Ă  l’examen profond et lucide de ce qui en elle mĂ©rite encore d’ĂȘtre questionnĂ©. Sarah Nusbaumer et Gabriel Arbessier
AmourAmĂšre Festival d’ Avignon. J’ai dĂ©couvert l’écriture de Neil LaBute avec Providence Neil LaBute Pierre Laville dont je garde encore un trĂšs fort souvenir, ce texte lĂ  me restera assurĂ©ment en mĂ©moire aussi!. Edouard Carr se livre Ă  nous, Ă  l’occasion de la veillĂ©e funĂšbre de sa si aimĂ©e Ă©pouse qui vient de mourir.
Au Théùtre de la Luna, dans le cadre du Festival d’Avignon le OFF, David BrĂ©court dĂ©fend En ce temps-lĂ  l’amour, piĂšce de Gilles Segal, mis en scĂšne par Christophe Gand. AprĂšs une belle saison estivale en 2019, le comĂ©dien reprend avec plaisir de rĂŽle d’une vie. Quel est votre premier souvenir d’art vivant ? La ComĂ©die-Française, Les Femmes Savantes dans la mise en scĂšne de Jean-Paul Roussillon. Du rĂ©alisme pur !!! Quel a Ă©tĂ© le dĂ©clencheur qui vous a donnĂ© envie d’embrasser une carriĂšre dans le secteur de l’art vivant ? De voir papa et maman sur scĂšne NDLR Claude BrĂ©court et Anne Fournet. Qu’est-ce qui a fait que vous avez choisi d’ĂȘtre comĂ©dien ? Le hasard ! J’ai rencontrĂ© dans la rue, Monsieur Jean Meyer, qui Ă©tait le metteur en scĂšne de papa, qui a insistĂ© pour me faire jouer le rĂŽle de Souplier dans La ville dont le prince est un enfant de Montherlant, qui fut mon premier spectacle. Votre plus grand coup de cƓur scĂ©nique ? Les Bas-fonds de Gorki Ă  L’OdĂ©on !!! Une claque Quelles sont vos plus belles rencontres ? Toutes mes rencontres ont Ă©tĂ© belles !!!! En quoi votre mĂ©tier est essentiel Ă  votre Ă©quilibre ? Pour l’imaginaire, le rĂȘve, le rire
 Qu’est-ce qui vous inspire ? Les autres acteurs et actrices De quel ordre est votre rapport Ă  la scĂšne ? C’est un endroit de peur oĂč tout est presque permis ! À quel endroit de votre chair, de votre corps, situez-vous votre dĂ©sir de faire votre mĂ©tier ? Le CƓur forcĂ©ment ! Avec quels autres artistes aimeriez-vous travailler ? Arestrup, Darmon, Depardieu. À quel projet fou aimeriez-vous participer ? TOUS !! Si votre vie Ă©tait une Ɠuvre, qu’elle, serait-elle ? En ce temps-lĂ  l’amour. Marie-CĂ©line NiviĂšre En ce temps-lĂ , l’amour de Gilles Segal Festival d’Avignon le OFFThéùtre de la Luna1 rue SĂ©verine84000 Avignon du 7 au 31 juillet – RelĂąches 13, 20, 27 juillet 2021Ă  18h45 Mise en scĂšne de Christophe GandAvec David BrĂ©courtLumiĂšre de Denis KoranskyDĂ©cors de Nils ZachariasenComposition musicale de RaphaĂ«l SanchezCostumier de Jean-Daniel Vuillermoz CrĂ©dit photos © DR et © Denis Koransky Letemps du trajet, ignorant le chaos qui s'installe de jour en jour dans le wagon, ce pĂšre va profiter de chaque instant pour transmettre Ă  son fils l'essentiel de ce qui aurait pu faire de lui un homme. La piĂšce est sĂ©quencĂ©e en 7 chapitres pour les 7 jours du trajet du train. Sept jours comme la crĂ©ation du monde, un monde que ce pĂšre Critiques Cet amour-lĂ , Cie LittĂ©rature Ă  Voix Haute, Salle Roquille, Festival OFF d’Avignon 2018 Cet amour-lĂ  se joue Ă  la Salle Roquille Ă  15h pendant le festival off d’Avignon. Un texte de Yann AndrĂ©a sur sa rencontre, son amour et sa vie avec Marguerite Duras. Simple, sensible, vrai
 et qui nous rappelle notre devoir de lire tout Duras. Ces temps-ci Nous oublions vite que ce festival ne reprĂ©sente pas la totalitĂ© du champ théùtral et de ses productions, tellement que le marchĂ© se dit d’avoir tout. 1000 spectacles, mille Ă©motions voudrait plus ou moins dire qu’il n’y en a pas d’autres. À part que ce soit le 1001Ăšme qui change la donne ? Mais il faut jamais cesser de se rappeler les conditions de travail pour participer Ă  ce festival et nous sommes alors devant la preuve la plus manifeste ce que la libĂ©ralisation de la culture et de tous les autres champs Ă  de destructeur tant sur la qualitĂ© du travail, que sur la diversitĂ© des formes. Temps de montage, nombre de crĂ©neaux, coĂ»t de la location de la salle, coĂ»t de l’hĂ©bergement font en sorte qu’il faut rĂ©duire la scĂ©nographie, le nombre d’acteurs, les lumiĂšres
 Pour nombreuses compagnies, Avignon est un Ă©norme risque Ă©conomique. Quand la salle n’est pas pleine, c’est le dĂ©ficit qui se creuse. Alors que l’histoire du théùtre s’est Ă©crit avec ce qui Ă©taient souvent un moment des salles la Salle Roquille, on tente de faire un peu diffĂ©remment. Moins de spectacles et un cadre prĂ©servĂ©, serein et respectueux de l’acte artistique ». On comprends donc qu’on demande Ă  la presse de participer financiĂšrement. Nous proposons aux pros un tarif Ă  8 euros. Est-ce que cela vous dĂ©range ? » Cela ne peut me dĂ©ranger, mais cela pose la question comment faire dĂšs lors qu’il n’y ait plus d’argent non plus pour la presse, en tout cas, pas la nĂŽtre. LĂ  aussi c’est le marchĂ©. Qui paie donc ? Et nous voyons lĂ  que bientĂŽt pourront faire seuls les riches ce qu’ils dĂ©sirent. Les autres, gagnez votre pain et dĂ©guerpissez ! Service publique, patrimoine de celles et ceux qui n’en ont pas. Cet amour-lĂ  Cet amour-lĂ  est cet amour qui frappe avec une Ă©vidence certaine, miraculeux hasard de la vie. Que ce soit une femme ou un livre, une auteure. Tout Ă  coup, elle est lĂ , l’autre. Et on se regarde. Deux enfants face Ă  face. Elle a 100 ans, et 10 000 ans. Mais aussi 15 ans. » C’est ce temps hors du temps. Ou c’est le temps. Écrire. Yann AndrĂ©a aura Ă©crit pendant cinq ans Ă  Marguerite Duras. Sans rĂ©ponse. Il ne fait rien d’autre. Il boit et il Ă©crit. Puis arrive un livre qu’il aime moins. Il cesse d’écrire. Elle renvoie des livres. Il recommence Ă  Ă©crire. Ils se voient et il l’accompagne le reste de sa vie. C’est une histoire, comme Duras aurait pu Ă©crire peut-ĂȘtre, ou en a en effet Ă©crit. Et c’est racontĂ© ici Ă  nouveau, toujours la mĂȘme et toujours Ă©tonnante comme l’évĂ©nement lui-mĂȘme lors qu’il se produit. Cet amour-lĂ  est dit ici par Thomas Sacksick avec une simplicitĂ© et une douceur que nous ne voyons plus que rarement au théùtre. Trop souvent s’agit-il de dĂ©montrer ses capacitĂ©s musculaires et non pas une sensibilitĂ© vraie. Avec cette sincĂ©ritĂ© Ă  l’Ɠuvre, nous oublions nos questions sur la pertinence du tabouret mĂ©tallique, du tiroir, du costume et des lumiĂšres. Nous oublions notre fixation sur ses mains qui veulent peut-ĂȘtre trop dire, Ă  moins que ce ne soit les mains qui au théùtre n’écrivent plus et deviennent des sortes de membres superflues, dĂ©laissĂ©es. Que pourrait-elle faire, la Compagnie LittĂ©rature Ă  Voix Haute avec les mains qui sont Ă  la source de ces mots ? Sinon, Thomas Sacksick a cette humilitĂ© de rien nous imposer et cette nĂ©cessitĂ© Ă  nous faire entendre ce texte. Comme Yann AndrĂ©a, aprĂšs avoir Ă©tĂ© mis dehors par Marguerite Duras, qui a jetĂ© sa valise dans la rue en disant qu’elle ne le supportait plus, comme Yann AndrĂ©a, qui revient le lendemain et qui Ă©tonne Marguerite Duras Quel genre d’homme es-tu d’avoir si peu de fiertĂ© ?, comme Yann AndrĂ©a, Thomas Sacksick revient avec cette tranquillitĂ© vers nous pour nous raconter toute cette histoire, cette tranquillitĂ© que seule une nĂ©cessitĂ© intime et profonde nous peut garantir. SĂ©rĂ©nitĂ© qui importe beaucoup dans ce monde oĂč on veut nous vendre du théùtre dynamique, Ă©nergĂ©tique et drĂŽle. SĂ©rĂ©nitĂ© qui est peut-ĂȘtre en lien direct avec le travail sur les mots. Écrire et savoir que par lĂ  on participe Ă  une aventure qui nous dĂ©passe. Comme il dit trouver d’autres mots, des mots Ă  l’écart, pour dire autre chose et l’espace, ce nĂ©ant qui s’ouvre, se tenant dans la vĂ©rité  quelle vĂ©ritĂ© ? Allez savoir. Enfin, l’envie de lire et relire Duras. Cet amour Ă©tait sensible et peut-ĂȘtre est-ce contaminant
 Onla surnomme la disparue de l’hĂŽpital d’Avignon. Marie-Pascale Sidolle s’est volatilisĂ©e dimanche 14 avril 2019, alors qu’elle allait attaquer sa journĂ©e au Nous voici Ă  un mois jour pour jour du lancement du Festival d’Avignon 2022. Cette sĂ©lection m’a Ă©tĂ© demandĂ©e par plusieurs de mes amies qui pour des raisons diverses, ne resteront que trĂšs peu de temps en Avignon. Voici donc ma sĂ©lection de piĂšces incontournables y compris spectacles musicaux et spectacles destinĂ© au jeune public – que j’ai eu la chance de voir Ă  Paris, Ă  quelques exceptions prĂšs. LE MONTESPAN de Jean TeulĂ© Je vous ai dĂ©jĂ  dit ICI tout le bien que je pense aussi bien de la mise en scĂšne remarquable que du talent des comĂ©diens notamment de SalomĂ© Villiers , MoliĂšre 2022 de la rĂ©vĂ©lation fĂ©minine de la mise en lumiĂšre, des dĂ©cors
 bref allez-y ! La piĂšce sera Ă  16h Ă  la Condition des Soies BEYROUTH HÔTEL de Remi De Vos Le Pitch Un auteur de théùtre français se rend au Liban pour rencontrer un metteur en scĂšne qui envisage de monter l’une de ses piĂšces. Mais une fois Ă  l’aĂ©roport, le metteur en scĂšne censĂ© l’accueillir est introuvable. L’écrivain dĂ©cide de l’attendre dans un hĂŽtel de Beyrouth. Il y passera lĂ  plusieurs jours, sans sortir, passant du hall d’accueil Ă  sa chambre. En effet, ce n’est pas la grande forme. Ses piĂšces ne rencontrent aucun succĂšs, et pour parfaire le tableau, sa femme vient de le semble vide, Ă  l’exception de la rĂ©ceptionniste, jeune femme enjouĂ©e et pleine d’allant. Entre ces deux ĂȘtres que tout sĂ©pare, va se nouer une conversation qu’il refusera d’abord, pour la rechercher ensuite
 Avec Nathalie Comtat et Olivier Douau Au Théùtre l’Adresse Ă  18h35. RĂ©servations ICI LE JOURNAL INTIME D’ADAM ET EVE de Julien Grisol Cette dĂ©licieuse adaptation de l’oeuvre de Mark Twain, suit Adam et Ève dans le jardin d’Éden, chacun d’eux s’interrogeant sur l’autre et sur le but de leur vie. Le journal intime d’Adam et Ève sera au Sham’s Théùtre Ă  10h. À l’OMBRE D’OZ d’Olivier Schmidt Un spectacle musical inĂ©dit, sur les traces de Judy Garland et les mystĂšres entourant le tournage du Magicien d’Oz. Les comĂ©diens des Joyeux de La couronne et leur directeur artistique, lui-mĂȘme comĂ©dien et metteur en scĂšne, Olivier Schmidt ont fait leurs preuves depuis bien longtemps L’empereur des Boulevards, Monsieur Chasse
etc . Autant vous dire que chacune de leurs crĂ©ations est un succĂšs. Je vous recommande À l’Ombre d’Oz tout en Ă©tant persuadĂ©e que, vu le succĂšs qu’ils ont eu Ă  Paris pratiquement toutes les reprĂ©sentations Ă©taient Ă  guichets fermĂ©s!, il est probable que vous l’ayez dĂ©jĂ  vu. À L’OMBRE D’OZ Ă©crit et mis en scĂšne par Olivier Schmidt Ă  12h au Théùtre de l’Observance. GAZON MAUDIT au Théùtre du roi RenĂ© Je ne l’ai pas – encore – vue mais Helene Zidi qui reprend un titre d’une telle envergure 
je n’ai aucun doute sur le niveau » de la piĂšce
 GAZON MAUDIT mis en scĂšne par HĂ©lĂšne ZidiDu 7 au 30 juillet Ă  18h10 relĂąche les lundis au Théùtre du Roi RenĂ© DANY AND THE DEEP BLUE SEA Le Pitch New York. Le Bronx. Dans un bar perdu, Roberta est seule Ă  sa table. Danny, un jeune homme aux mains abĂźmĂ©es par les coups, entre. Lui, tout le monde l’appelle La bĂȘte. Elle, porte un terrible secret
 Dany and the deep blue sea, c’est le genre de piĂšces qui provoquent tellement de sentiments Ă  la seconde 
 j’avais l’impression d’un camion, bourrĂ© de dynamite, lancĂ© Ă  fond sur une route
 ou d’une plongĂ©e en eaux troubles
 dans les deux cas on se demande oĂč et comment tout cela va s’arrĂȘter
 J’ai beaucoup aimĂ© cette piĂšce qui m’a un peu fait penser Ă  l’univers de l’AmĂ©rique Profonde et pauvre de Of mice and Men
 DANY AND THE DEEP BLUE SEA – Mise en scĂšne Nicolas Taffin Avec Estelle Georget et Vincent Simon Théùtre De La Luna Ă  18h05 PHASE FINALE Une piĂšce qui vous amusera, puis vous surprendra, pour en fin de compte vous Ă©mouvoir. PHASE FINALE contrairement aux apparences, n’est absolument pas une piĂšce qui parle de foot. Enfin si, mais finalement non ! En fait cette piĂšce est tout le contraire de ce qu’elle semble ĂȘtre 
 Je l’ai vue la semaine derniĂšre au Théùtre du Marais et je suis persuadĂ©e que le public d’Avignon saura l’apprĂ©cier Ă  sa juste valeur. Les comĂ©diens Thomas Le Tallec, Nathan Martin, Mathieu Peralma, Maxime Seynave sont excellents. La mise en scĂšne Morgane Delacour extra et le texte plein d’humour. Alors allez-y non seulement parce que dialogues et quiproquos sont extrĂȘmement drĂŽles mais aussi parce que Phase Finale vous amĂšnera, mine de rien, Ă  rĂ©flĂ©chir sur pas mal de choses et notamment sur ce que signifie vraiment l’amitiĂ©. PHASE FINALE, du 7 au 30 juillet 2022 Ă  22h au Théùtre Carnot JE T’AIME À L’ITALIENNE Grosse dĂ©tente ! Une bonne vieille comĂ©die sans chichis qui fait rire Ă  chaque seconde et qui cartonne depuis plusieurs annĂ©es moi je l’ai vue en 2019 au Palace Ă  17h50 Tant qu’on est sur du trĂšs drĂŽle », impossible de faire l’impasse sur la reprise de la piĂšce du Splendid. Le PÈRE NOËL EST UNE ORDURE La Compagnie SaynĂšte et sans bavure – qu’on ne prĂ©sente plus – propose une nouvelle mise en scĂšne, accueille de nouveaux comĂ©diens et part sĂ©duire le public d’Avignon
 Ă  mon avis, ça devrait le faire ! LE PÈRE NOËL EST UNE ORDURE Ă  20h05 au Théùtre Notre Dame LES 3 SPECTACLES JEUNE PUBLIC QUE JE VOUS RECOMMANDE L’ARBRE D’HIPOLLENE L’arbre d’HipollĂšne adaptĂ© de l’album jeunesse de Claude Ponti. Évidemment, on valide! Et vu le succĂšs qu’il a eu auprĂšs du public – jeunĂ© et moins jeune – au Théùtre du Gymnase Ă  Paris, nul doute qu’il fera salle comble Ă  la Chapelle des Italiens Ă  10h30 LE PETIT RÉSISTANT ILLUSTRÉ En 2024, nous fĂȘterons les 80 ans du DĂ©barquement et de la LibĂ©ration de Paris. Le petit rĂ©sistant est un hommage en forme de fĂȘte . Paul et Ferdinand, anciens artistes de cabaret, reviennent de l’au-delĂ  pour raconter la Seconde Guerre mondiale Ă  leur façon marrante et dans une salle de classe, ils rejouent pour nous les grands thĂšmes de ce conflit, du IIIĂšme Reich aux histoires extraordinaires de la le burlesque rejoint le tragique pour mieux servir la comprĂ©hension de l’Histoire. Théùtre & Clown – DurĂ©e 1h10 – À partir de 7 ans MADEMOISELLE GAZOLE Le Pitch Le futur. Ou un autre monde. Ou un monde d’aprĂšs le nĂŽtre. Quoi qu’il en soit, notre histoire se passe plus tard, dans un monde dans lequel les enfants n’appartiennent plus Ă  leurs parents pour toute la vie. Ils sont les agents spĂ©ciaux de sociĂ©tĂ©s qui les louent Ă  l’heure ou Ă  la journĂ©e pour des missions spĂ©cifiques tel un anniversaire ou une histoire avant de se meilleur de ces agents s’appelle Mademoiselle, et son majordome Gazole. À eux deux, ils vont partir Ă  la dĂ©couverte de ce que pourrait ĂȘtre une enfance qui s’appartient encore, en faisant des dĂ©couvertes stupĂ©fiantes qui vont gripper la machine de L’ pour toute la famille Ă  partir de 7 ans. RĂ©servations Théùtre la Luna Ă  10h00 ET SI VOUS AIMEZ LES SPECTACLES MUSICAUX 
 Dalida sur le Divan
 créé au Théùtre de Bastia. Dalida se confie Ă  son Psy et lui parle de ses peurs, de ses angoisses mais surtout de ses Amours et de sa famille. Une Dalida avec ses mots, ses textes et surtout ses chansons. J’avoue que je n’ai pas vu ce spectacle mais en fan inconditionnelle de Dalida je me devais de vous le citer. Au Théùtre Le Verbe fou Ă  13h30. Un spectacle avec un pied » dans la catĂ©gorie jeune public et l’autre dans celle des spectacles musicaux
 RAG’N BOOGIE LA TOUTE PETITE HISTOIRE D’UNE EXTRAORDINAIRE MUSIQUE » de SÉBASTIEN TROENDLE Savant mĂ©lange de musique et de rĂ©cit oĂč le pianiste, virtuose de boogie-woogie et de ragtime, RAG’N BOOGIE Ă©voque l’histoire des noirs amĂ©ricains, de leur musique et de leurs conditions de vie. Cette version du spectacle est adaptĂ©e au jeune public de 6 Ă  12 ans, avec lequel SĂ©bastien TROENDLE souhaitait partager et transmettre ce qu’il appris grĂące Ă  la musique. Des documents dĂ©filent de ci de lĂ  sur un Ă©cran, ils montrent sans pathos, la rĂ©alitĂ© parfois indicible de la condition des afro-amĂ©ricains au temps de l’esclavage, des images documentaires en noir et blanc que la musique accompagne, une musique enjouĂ©e et rĂ©jouissante. RAG’N BOOGIE RAG N BOOGIE version pour le jeune public, les 7, 9, 11, 13, 15, 17, 19, 21, 23, 25 et 29 juillet au THÉÂTRE DE LA LUNA – salle 2 Ă  11H. TOUTES LES INFORMATIONS ICI DOUBLE JE, de Joshua Lawrence DOUBLE JE est Ă  voir absolument. D’une douceur extrĂȘme, ce spectacle est apaisant et vous transporte des annĂ©es en arriĂšre. Pour ceux et celles qui apprĂ©cient les chansons de Michel Berger
 et mĂȘme pour les autres! DOUBLE JE DE JOSHUA LAWRENCE Ă  18h au Théùtre LE VERBE FOU Salvador et Monsieur Henri On a tous quelque chose en nous de Salvador ! On rĂȘve de Syracuse, on mange des bananes avec Juanita, on pleure le lion qu’est mort ce soir, on s’endort avec une chanson douce
 Deux comĂ©diennes chanteuses pianistes virtuoses et complices rendent hommage Ă  sa voix de crooner, Ă  ses soleils verts , Ă  ses rythmes chaloupĂ©s , Ă  son Ɠil qui pĂ©tille, Ă  son rire qui claque. Un tendre et joyeux voyage dans l’universalitĂ© ïżŒde Monsieur Henri. À voir absolument, n’est-ce pas ? Je suis sĂ»re que vous y serez . SALVADOR ET MONSIEUR HENRI Théùtre des 3 Soleils salle 2 Ă  21h00 Avec Anne CadilhacCaroline Montier/ Juliette Pradel en alternanceMise en scĂšne Yann de Monterno LA TRUITE Spectacle musical mis en scĂšne par Eric Bouvron Ce spectacle a Ă©tĂ© prĂ©sentĂ© ici trĂšs rĂ©cemment. Prolongeant l’idĂ©e initiale du compositeur romantique et de son “thĂšme et variations”, inspirĂ© d’un poĂšme mettant en garde, Ă  la maniĂšre de La Fontaine, le poisson contre les ruses du pĂȘcheur, le quintette atypique violon, guitare ou hautbois, batterie, accordĂ©on et contrebasse propose plus de 30 variations oĂč s’enchaĂźnent, avec humour et Ă©nergie, le conte, la chanson et la danse. LA TRUITE a eu tellement de succĂšs au Théùtre du Gymnase Marie Bell qu’il y a eu prolongations ! Le spectacle se jouera du 7 au 31 juillet Ă  19h20 au Festival OFF d’avignon au Théùtre du Petit Louvre. Chapelle des Templiers. MAHALIA ET MOI de FLORENCE AUBRUN Mahalia Jackson a sans nul doute Ă©tĂ© touchĂ©e par la grĂące. Elle chantait du gospel parce que ça lui donnait de l’espoir d’un mondemeilleur. C’est pour ces mĂȘmes raisons que Florence Aubrun veut lui rendre hommage. Le spectacle musical MAHALIA ET MOI de Florence Aubrun sera au Sham’s Théùtre Ă  22h. Et puis voici quelques spectacles que j’irais volontiers revoir et qui seront aussi sur les scĂšnes avignonnaises. Si vous les avez loupĂ©s Ă  Paris, c’est le moment oĂč jamais ! ADIEU MONSIEUR HAFFMANN, Ă  10h au théùtre du roi RenĂ©, JAMAIS PLUS Ă  11h40 au Théùtre EpiscĂšne, MAIS T’AS QUEL ÂGE ? De et avec Marion Pouvreau qui nous dit avec tellement d’humour ces choses qu’on prĂ©fĂ©rerait parfois oublier sur le temps qui passe elle sera Ă  13h20 au théùtre Arto VERY MATH TRIP , ce belge, ancien prof de maths reconverti dans le one man show est juste hilarant ! Il dĂ©mystifie les maths Ă  14h05 au théùtre Le Palace, ALBERT EINSTEIN UN ENFANT À PART Ă  10h15 au Théùtre des 3 Soleils Thierry Lhermitte, excellent dans Fleurs de Soleil sera Ă  19h55 au Tbeatre du ChĂȘne Noir. AUTHENTIQUE le -en-scĂšne drĂŽlissime de ClĂ©mence Baron Ă  13h au Sham’s, 25 Rue Saint-Jean le Vieux. Ou SEULS, un autre seul-en-scĂšne trĂšs drĂŽle aussi oĂč Karim Mendil explore les dĂ©boires d’un comĂ©dien abandonnĂ© par sa partenaire quelques minutes avant le dĂ©but du spectacle
 Il sera Ă  17h sur la scĂšne de La Petite caserne, 119 rue Carreterie. Vous n’avez plus qu’à prendre un crayon – Ă  moins que vous ne le notiez directement sur l’agenda de votre tĂ©lĂ©phone – et faites-vous un planning complet pour ce Festival Off 2022. Théùtralement vĂŽtre!
\nen ce temps lĂ  l amour avignon

Noussommes une agence spĂ©cialisĂ©e dans l'organisation et la dĂ©coratition de mariages modernes et authentiques en Provence. BasĂ©e au Grand Avignon dans le Vaucluse, nous nous dĂ©plaçons partout lĂ  oĂč l’Amour est au rendez-vous ! Empreinte EphĂ©mĂšre, wedding planner Provence Ă  Avignon a pour mission de crĂ©er et d'organiser des

Textes liturgiques annĂ©e C Ac 5, ; Ps 29 30, 3-4, 5-6ab, 13 ; Ap 5, 11-14 ; Jn 21,1-19 Garde Ă  ton peuple sa joie, Seigneur, toi qui refais ses forces et sa jeunesse. » C’est ce que nous avons demandĂ© Ă  Dieu au dĂ©but de cette cĂ©lĂ©bration. Nous l’avons demandĂ© car nous sommes souvent menacĂ©s par le danger de la tristesse, de l’affadissement et de l’inertie spirituelle. Le temps pascal est un moment de revitalisation de notre vie chrĂ©tienne nous devons repartir du centre de notre foi Ă  travers notre rencontre avec le RessuscitĂ©. Et c’est ce que nous permet cette page d’évangile nous sommes dans le dernier chapitre de l’évangile selon Jean et pourtant nous avons l’impression que tout commence, comme au premier jour. Les disciples reprennent leurs activitĂ©s quotidiennes et JĂ©sus appelle Ă  le suivre. Impression de dĂ©jĂ -vu ! En fait l’évangĂ©liste Jean nous indique Ă  travers le cheminement de l’apĂŽtre Pierre trois critĂšres pour ĂȘtre de vrais disciples du RessuscitĂ©. Le premier critĂšre est celui de l’épreuve du temps. Il faut du temps pour devenir disciple du Christ. Il est frappant de voir que l’appel de Pierre situĂ© dans les trois autres Ă©vangiles au tout dĂ©but quand le Christ passe devant le lac de TibĂ©riade n’apparaĂźt chez Jean qu’ici, Ă  la fin. Dans le premier chapitre, Pierre rencontre JĂ©sus grĂące Ă  son frĂšre AndrĂ© et le Messie le regarde en disant Tu es Simon, fils de Jean ; tu t’appelleras KĂšphas. » 1, 42 Mais il ne lui dit pas suis-moi ». C’est un peu comme si l’évangĂ©liste avait voulu transposer l’appel vĂ©ritable de Pierre Ă  la fin, pour nous dire quelque chose d’important on ne devient vraiment disciple de JĂ©sus que lorsqu’on a touchĂ© sa misĂšre. Avant, on pouvait prĂ©tendre suivre le Christ mais ce n’était pas sans illusion. Pierre, aprĂšs le lavement des pieds avait affirmĂ© Ă  JĂ©sus qu’il continuerait de marcher Ă  sa suite et lui avait dit Seigneur, oĂč vas-tu ?’ JĂ©sus lui rĂ©pondit LĂ  oĂč je vais, tu ne peux pas me suivre maintenant ; tu me suivras plus tard.’ Pierre lui dit Seigneur, pourquoi ne puis-je pas te suivre Ă  prĂ©sent ? Je donnerai ma vie pour toi !’ » 13, 37 Et nous connaissons la suite avec le triple reniement. Suivre JĂ©sus Ă  partir de ses propres forces ne mĂšne pas trĂšs loin ; en tout cas, cela mĂšne tĂŽt ou tard Ă  l’impasse, Ă  l’expĂ©rience de notre incapacitĂ© fonciĂšre Ă  marcher derriĂšre JĂ©sus. Pierre a eu beau entendre l’avertissement du Christ ; il ne l’a pas cru tant qu’il n’a pas fait l’expĂ©rience de sa faiblesse. Le disciple ne l’est vraiment qu’à partir du moment oĂč il a touchĂ© son pĂ©chĂ© et a reconnu son besoin d’ĂȘtre sauvĂ©, d’ĂȘtre arrachĂ© Ă  sa complicitĂ© avec le mal. Et pour cela, il faut du temps, l’expĂ©rience de la vie qui Ă©prouve nos belles paroles et nos prĂ©tentions. Le deuxiĂšme critĂšre aprĂšs celui du temps pourrait ĂȘtre la confession d’amour. Pierre a dĂ©jĂ  fait devant les apĂŽtres sa confession de foi Seigneur, Ă  qui irions-nous ? Tu as les paroles de la vie Ă©ternelle. Quant Ă  nous, nous croyons, et nous savons que tu es le Saint de Dieu. » Jn 6,68-69 Il a affirmĂ© avec force qui Ă©tait JĂ©sus pour lui et pour les Douze, et ce Ă  un moment difficile de la prĂ©dication de JĂ©sus oĂč beaucoup de disciples l’avaient abandonnĂ©. Mais il restait surtout pour Pierre Ă  faire sa confession d’amour pas simplement je sais qui tu es, mais je te dis que je t’aime. Et je te le dis avec l’expĂ©rience de ma misĂšre, de ma parole trahie, avec la conscience de ma lĂąchetĂ© et de mes paroles creuses. Mais je te dis quand mĂȘme Seigneur, toi, tu sais tout tu sais bien que je t’aime. » C’est-Ă -dire, tu sais que je t’aime avec mes contradictions, avec mes incohĂ©rences et mes mesquineries. Mais je choisis de demeurer avec toi en accueillant sans cesse ton pardon et en sachant que dĂ©sormais c’est toi qui seras ma force. C’est toi qui referas mes forces et ma jeunesse. Et cette confession d’amour se vĂ©rifiera dans sa maniĂšre de vivre devenir disciple de JĂ©sus, c’est renoncer Ă  conduire sa vie par soi-mĂȘme. Suivre le Christ, c’est bien marcher derriĂšre lui et non devant comme l’a tentĂ© Pierre qui a alors entendu Passe derriĂšre moi, Satan. » Mt 16, 23 Accepter de ne plus dĂ©cider par soi-mĂȘme oĂč l’on va, mais se laisser guider par un autre vers un chemin inconnu, comme JĂ©sus l’annonce Ă  Pierre Ă  travers l’image de la ceinture qu’il se laissera mettre. Cet apprentissage de l’obĂ©issance Ă  l’Esprit Saint, c’est dans l’humble quotidien qu’il se vĂ©rifiera. JĂ©sus rejoint ici Pierre chez lui, en GalilĂ©e, dans son travail habituel de pĂȘcheur. C’est chaque jour que nous apprenons Ă  suivre le Christ lĂ  oĂč nous sommes. C’est lĂ  que le RessuscitĂ© se manifeste au milieu de nous si nous savons le reconnaĂźtre. Le troisiĂšme critĂšre est ecclĂ©sial. On ne suit pas JĂ©sus tout seul. Chacun suit personnellement le Christ mais il le fait avec d’autres. Dans l’évangile, Pierre ne discerne pas seul la prĂ©sence et l’appel de JĂ©sus. Il a besoin d’un autre disciple, celui que JĂ©sus aimait. C’est lui qui reconnaĂźt au signe de la surabondance du poisson que cet inconnu sur le rivage ne peut ĂȘtre que le Christ, l’homme qui donne toujours sans compter le vin Ă  Cana, le pain sur la montagne et maintenant le poisson. Comme pour le tombeau vide, ce disciple voit et il croit. Pierre a besoin de l’entendre dire c’est le Seigneur » pour plonger dans la foi. On ne croit pas tout seul ; nous avons besoin de la foi des autres pour grandir dans notre propre foi. Dans les Actes des ApĂŽtres, Pierre et Jean sont ainsi associĂ©s sans cesse dans les premiers chapitres, chacun dans son rĂŽle. Un disciple ne va jamais seul mais avance avec ses frĂšres et sƓurs. Et il se nourrit avec eux du repas eucharistique Ă©voquĂ© par ce dĂ©jeuner au bord du lac c’est bien JĂ©sus qui prend le pain et le donne Ă  tous. Pour ĂȘtre disciple du Christ, il nous faut donc du temps, de l’amour et la communautĂ©. C’est tout l’itinĂ©raire de Pierre le temps de faire l’expĂ©rience de sa faiblesse ; le temps de dire son amour viscĂ©ral pour JĂ©sus ; le temps de former avec les autres apĂŽtres la communautĂ© naissante. Pierre a refait ses forces dans la RĂ©surrection du Christ et dans les Actes des ApĂŽtres, nous le verrons prĂȘcher et agir avec une assurance Ă©tonnante. Celle-ci ne vient pas de son caractĂšre elle est le don de l’Esprit Saint que Dieu donne aux disciples qui lui obĂ©issent. Alors avec Pierre, frĂšres et sƓurs, demandons Ă  nouveau Garde Ă  ton peuple sa joie, Seigneur, toi qui refais ses forces et sa jeunesse. » Amen
Demain, dĂšs l’aube, Ă  l’heure oĂč blanchit la campagne, Je partirai. Vois-tu, je sais que tu m’attends » Dans la cour du MusĂ©e Calvet, Daniel Auteuil avait retenu lse vers de ce poĂšme de Victor Hugo Ă©crit dans le recueil « Les Contemplations », pour le spectacle qu’il donnait sous l’égide de France Culture. A quelques mĂštres de lĂ , au 11, salle trĂšs frĂ©quentĂ©e en
EXCLUSIVITÉ ! “LES BEFORE AVIGNON AU THÉÂTRE DE LA CONTRESCARPE” DÉCOUVREZ EN EXCLUSIVITÉ ET EN AVANT-PREMIÈRE LA CRÉATION 2019 DE “EN CE TEMPS-LÀ L’AMOUR” QUI SERA PRÉSENTÉE POUR LA PREMIÈRE FOIS AU FESTIVAL OFF D’AVIGNON EN JUILLET ! 2 DATES EXCEPTIONNELLES DE “EN CE TEMPS-LÀ L’AMOUR” mardi 28 et mercredi 29 mai Ă  19h30. EXTRAITS Dans le wagon, c’était un vacarme infernal. Les gens gueulaient, passant de l’affolement Ă  l’abattement, de l’abattement Ă  la rĂ©volte, puis au dĂ©sespoir. [
 ] Et tout Ă  coup, au milieu de ce merdier, j’entends tout prĂšs de moi, une voix
 je veux dire une voix normale ! Normale dans cette folie
 c’est fou, non ? C’était un homme qui Ă©tait lĂ , dans un coin, avec son fils
 douze ans, le fils
 dans un coin, avec son fils, et je l’entends lui dire
 je l’entends lui dire, le plus simplement du monde Est-ce que tu as fait tes devoirs pour demain, mon fils ? » En ce temps-lĂ , l’amour Ă©tait de chasser ses enfants. Moi, j’avais pu Ă©viter Ă  ta sƓur et Ă  toi d’ĂȘtre dans ce train qui nous menait vers
 bon, tu sais. Le petit, c’est-Ă -dire toi, j’avais rĂ©ussi Ă  le
 Mais ça aussi, en gros tu es au courant. Et puis ce n’est pas mon histoire Ă  moi que je veux te raconter. Elle n’a malheureusement pas grand-chose d’original. Pour l’époque je veux dire. » Il ne termina pas sa phrase. L’enfant s’endormait dĂ©jĂ  et murmurait dans son demi-sommeil Maman
 mam
 ». Alors l’homme lui demande Sais-tu pourquoi le roi et la reine d’Angleterre n’ont pas le droit de voyager ensemble ? Non ? C’est pourtant simple. Pour Ă©viter le risque qu’ils disparaissent tous les deux dans un mĂȘme accident ! » Et il se met Ă  rire, Ă  rire, je le jure ! C’est en riant qu’il dit C’est comme ta mĂšre et moi, nous ne voyageons pas dans le mĂȘme train ! » L’homme Ă©tait livide. Ses yeux brillaient de fiĂšvre. Et il riait ! Fou ! Oui, il Ă©tait fou ! Note d’intention du metteur en scĂšne J’ai rencontrĂ© Gilles Segal en 2010 pour un court-mĂ©trage que je rĂ©alisais et dans lequel il interprĂ©tait le personnage principal. À cette occasion, j’ai dĂ©couvert un homme sensible, doux, secret, intelligent et trĂšs Ă  l’écoute du tout jeune cinĂ©aste que j’étais. Quelques annĂ©es plus tard, j’ai assistĂ© Ă  une reprĂ©sentation de sa piĂšce En ce temps-lĂ , l’amour
 qu’il jouait lui-mĂȘme. Au théùtre, c’est le plus grand choc que j’ai eu en tant que spectateur. La poĂ©sie incroyable et l’humour qui se dĂ©gagent de cette piĂšce, malgrĂ© la lourdeur du sujet, offrent Ă  ce texte une force et une Ă©motion intense. J’ai rĂ©cemment dĂ©couvert David BrĂ©court dans Kamikazes de StĂ©phane GuĂ©rin et en le voyant jouer, j’ai repensĂ© Ă  ce texte de Gilles Segal. David a cette force tranquille, un regard perçant et surtout ce type de jeu organique que j’imagine pour interprĂ©ter Z, le personnage de la piĂšce qui enregistre ce souvenir ». MĂȘme si on ne parlera jamais assez de la Shoah, on ne compte plus les films, les romans et les piĂšces de théùtre sur ce sujet. J’ai toujours Ă©tĂ© passionnĂ© » par cette pĂ©riode, et tourne dans ma tĂȘte cette question sans rĂ©ponse oĂč s’arrĂȘtait l’horreur, au point de concevoir l’extermination des Juifs de maniĂšre industrielle » ? MalgrĂ© la charge autobiographique de sa piĂšce, Gilles a rĂ©ussi l’immense pari de traiter de ce sujet en nous intriguant, en nous immergeant dans un conte et mĂȘme en nous faisant rire. Pas une seule fois il y a trace de pathos dans le texte, ou d’élĂ©ments larmoyants. Seul sur scĂšne le personnage, marquĂ© par l’arrivĂ©e au monde de son petit-fils, sent le besoin de tĂ©moigner, la nĂ©cessitĂ© de transmettre. De maniĂšre indirecte, il se livre par l’intermĂ©diaire d’un Revox Ă  bandes. Au lieu d’assister Ă  l’action dans le train, nous sommes immergĂ©s avec cet homme dans son enregistrement. Nous vivions ses fĂȘlures, ses difficultĂ©s Ă  parler, son besoin de livrer un texte Ă  son fils, sans fausse note. J’ai fait le choix d’ancrer la piĂšce dans les annĂ©es 60. Je ne souhaite pas proposer un seul en scĂšne dĂ©nuĂ© de scĂ©nographie. L’auteur, dans les didascalies du dĂ©but, propose diffĂ©rents lieux possibles. Parmi eux, j’ai choisi l’atelier d’horlogerie de Z pour le rapport au temps. La trame ce pĂšre qui veut donner Ă  son fils la possibilitĂ© de vivre toute une vie d’homme le temps du trajet du train est marquĂ©e par ce temps qui passe, ce temps imposĂ©, ce temps dont le fils sera dĂ©possĂ©dĂ©. J’ai donc la volontĂ© de travailler ce rapport au temps, le rapport de ce personnage, qui a fait le choix de vivre au milieu d’horloges, de cadrans, d’aiguilles, de chiffres, de tic-tacs. La piĂšce est sĂ©quencĂ©e en 7 chapitres pour les 7 jours du trajet du train. Sept jours comme la crĂ©ation du monde, un monde que ce pĂšre refuse de voir s’effondrer. Pour donner aux spectateurs des moments de respirations, des musiques marqueront ces 7 pĂ©riodes.
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1La Cause freudienne – Parce que ses mots ont donnĂ© forme Ă  nos sentiments, Stendhal est un classique. Dans Le Rouge et le Noir, n’est-ce pas l’amour qui est en cause ? plus prĂ©cisĂ©ment l’amour aprĂšs la RĂ©volution française, Ă©poque de la bourgeoisie triomphante, de l’industrie et de l’argent ?2Philippe Berthier – Cette histoire, c’est le contraire d’une histoire intemporelle. Ce n’est pas l’amour sub specie ĂŠternitatis, c’est une chronique de 1830 ». On peut rappeler que le livre a Ă©tĂ© imprimĂ© au moment mĂȘme des barricades de la RĂ©volution de Juillet, puisque nous avons une note oĂč les ouvriers typographes ont abandonnĂ© leur travail pour aller dans la rue faire le coup de feu. Il y a l’inscription mĂȘme de l’actualitĂ© la plus brĂ»lante de la politique en fusion, au moment oĂč le livre est en train de se est quelqu’un qui ne considĂšre jamais les questions de maniĂšre dĂ©sincarnĂ©e et dĂ©connectĂ©e des circonstances historiques, surtout en tant que thĂ©oricien de l’amour. On pourrait dire de son De l’amour qui prĂ©cĂšde ses grands romans c’est un traitĂ©, ce n’est pas un roman, c’est l’analyse d’un sentiment qui peut passer pour Ă©ternel mais en mĂȘme temps, dĂ©jĂ  dans ce texte-lĂ , il prend bien soin de montrer qu’on n’aime plus au xixe siĂšcle comme on aimait au Moyen Âge, qu’ĂȘtre amoureux Ă  Stockholm, ce n’est pas du tout la mĂȘme chose qu’ĂȘtre amoureux Ă  y a toujours ce sentiment aigu des dĂ©terminismes locaux et temporels. En tant que romancier, il applique tout Ă  fait cela en montrant les contradictions de l’amour et celles de la sociĂ©tĂ©. Il choisit deux personnages dont la trajectoire n’aurait jamais dĂ» se croiser Mme de RĂȘnal, aussi bien que Mathilde de La Mole, appartiennent Ă  des univers oĂč le fils du charpentier Sorel, de VerriĂšres en Franche-ComtĂ©, n’aurait jamais dĂ» pĂ©nĂ©trer. Il y a lĂ  une sorte d’embardĂ©e sociologiquement aberrante et impossible. D’une certaine façon, c’est le cĂŽtĂ© conte de fĂ©es du Rouge et le Noir. C’est donc une expĂ©rimentation. Il met en prĂ©sence, dans la chimie sentimentale, deux personnes venant d’horizons absolument Ă©trangers l’un Ă  l’autre et il observe ce que ça donne. Évidemment, ça ne peut ĂȘtre que conflictuel et trĂšs difficile, au moins avec Mathilde de La Mole. Tandis qu’avec Mme de RĂȘnal, cela se situerait sur un autre plan. La psychanalyse dirait peut-ĂȘtre que Mme de RĂȘnal rĂ©pond Ă  d’autres besoins, et de Stendhal et de Julien Sorel. C’est un personnage maternel. Tandis que Mathilde de La Mole incarne, par sa situation de la plus brillante hĂ©ritiĂšre du faubourg Saint-Germain, un horizon de rĂ©ussite – Est-ce que le conflit est celui-lĂ  ? Parce que, dans le fond, Julien Sorel rĂ©ussit Ă  se faire aimer des deux. Sa rĂ©ussite sur le plan de l’amour est Ă©clatante dans les deux cas. N’y a-t-il pas une contradiction plus forte que lui, celle qui oppose le monde moderne glorifiant le revenu » et l’amour devenu pour le bourgeois une passion inutile ?6Ph. B. – Justement ni Julien Sorel ni Mathilde de La Mole ne sont du xixe siĂšcle, tout en y Ă©tant forcĂ©ment. Je veux dire par lĂ  que Mathilde de La Mole, comme vous le savez, est une espĂšce de Bovary avant la lettre, qui s’ennuie beaucoup dans ce monde monotone de pauvre petite fille riche » et se rĂȘve en tant qu’hĂ©roĂŻne de la Fronde. Elle n’aime pas son temps. Elle rĂȘve d’un xixe siĂšcle qui ressemblerait au xvie. Julien Sorel en tant qu’il est un volcan d’énergie lui aussi est du xvie siĂšcle et mĂȘme plutĂŽt de la RĂ©volution. Il cite Danton et lit l’histoire de la RĂ©volution de Thiers. Ces deux ĂȘtres si diffĂ©rents ont un dĂ©nominateur commun extrĂȘmement puissant et tel qu’ils vont se reconnaĂźtre justement comme Ă©tant de la mĂȘme race, au-delĂ  de tout ce qui les justement ce refus du xixe siĂšcle, en tant que c’est un siĂšcle de l’éteignoir, comme dit Stendhal. En 1815, quand il apprend la dĂ©faite de Waterloo, il dessine un grand Ă©teignoir dans son journal intime, et il Ă©crit À l’éteignoir » comme si c’était la devise du xixe siĂšcle. À partir de la Restauration, c’est l’extinction des feux, littĂ©ralement, c’est-Ă -dire qu’il n’y a plus de place pour les Ăąmes gĂ©nĂ©reuses qui ont le feu sacrĂ©. DĂ©jĂ  quinze ans en avance, il n’y a donc plus qu’à s’enrichir par le travail et l’économie comme le dira François en quoi ils sont dĂ©viants et en quoi ils sont des corps Ă©trangers non intĂ©grĂ©s dans le monde qui est le – Est-ce que Julien Sorel aime l’amour autant que Madame de RĂȘnal ? Stendhal fait dire Ă  Julien Sorel que sa grande passion, c’est de faire fortune Si tu devinais que cette figure de jeune fille si pĂąle et si douce cachait la rĂ©solution inĂ©branlable de s’exposer Ă  mille morts plutĂŽt que de ne pas faire fortune. » 10Ph. B. – Comme toujours chez Stendhal, le roman dĂ©crit justement l’apprentissage de l’amour vĂ©ritable. On s’en fait d’abord une idĂ©e qui se rĂ©vĂšle non pertinente, fausse, non comblante et peu Ă  peu, on l’ peut rappeler que c’est Madame de RĂȘnal, complĂštement en dehors de tout ce monde de l’ambition et de la rĂ©ussite Ă  tout crin, obscure provinciale, entiĂšrement circonscrite dans le microcosme domestique, qui finalement l’emporte sur Mathilde de La Sorel quant Ă  lui, se dĂ©pouille continĂ»ment. C’est comme Ă  la fin de La Chartreuse de Parme, les personnages, selon un itinĂ©raire qu’on pourrait qualifier, non sans audace, d’ascĂ©tique, voire – certains critiques l’ont fait – de mystique, se dĂ©pouillent de leurs oripeaux mondains et peu Ă  peu s’ouvrent Ă  une dimension trĂšs spirituelle de l’amour, dĂ©sintĂ©ressĂ© de tout ce qui n’est pas lui. C’est donc pourquoi, dans la prison de Besançon, il y a des scĂšnes magnifiques oĂč il n’y a plus que deux ĂȘtres, Julien et Madame de RĂȘnal qui s’aiment, en dehors de tout autre considĂ©ration. Mathilde de La Mole reste seule, dĂ©pareillĂ©e, elle a perdu. Elle Ă©lĂšvera seule l’enfant de Julien et Madame de RĂȘnal aura emportĂ© la meilleure – Dans La Chartreuse de Parme, c’est le contraire la duchesse, si toute mĂšre » soit-elle, B. – Absolument, la duchesse perd. Mais pourquoi ClĂ©lia gagne-t-elle ? Parce que ClĂ©lia ressemble plus Ă  Mme de RĂȘnal qu’à Mathilde de La Mole, parce que ClĂ©lia est une personne humble, modeste, rĂ©servĂ©e, religieuse. C’est qu’on ne sait absolument rien du rapport Ă  Dieu de la Sanseverina, ClĂ©lia Conti est toujours dĂ©finie par sa profonde et sincĂšre piĂ©tĂ©, comme Mme de RĂȘnal. C’est trĂšs important que Mme de RĂȘnal soit une femme religieuse. Dans ses Histoires d’amour Julia Kristeva s’est beaucoup scandalisĂ©e de ce que, chez Stendhal, on aime ce qu’elle appelle avec mĂ©pris les femmes archaĂŻques, les catholiques passionnĂ©es, les Italiennes irrationnelles. C’est profondĂ©ment vrai, mais pourquoi se scandaliser ?16Pour Stendhal, la piĂ©tĂ© est une preuve de sensibilitĂ©. Une femme qu’on peut aimer, c’est une femme pieuse, authentiquement pieuse. Et, bien entendu, pour le romancier, c’est de l’or en barre, parce que vous imaginez les drames de conscience, les remords bourrelants, toute la dramaturgie du pĂ©chĂ© ! Il est trĂšs important que l’obstacle tienne Ă  Dieu. Bien que Stendhal soit un athĂ©e affirmĂ©, cela ne remet pas en cause ses positions personnelles parce qu’en tant que romancier, il doit crĂ©er des conflits, organiser des crises, etc. Quel obstacle plus fort que le commandement divin ? Je crois que ClĂ©lia Conti Ă©tait programmĂ©e pour l’emporter sur la duchesse Sanseverina qu’on ne voit pas une seule fois Ă  l’église, alors qu’on voit ClĂ©lia en oraison, s’arrachant les cheveux parce qu’elle a l’impression de se – ClĂ©lia a une Ăąme, alors que la Duchesse
18Ph. B. – Ce qui condamne la duchesse est qu’à partir du moment oĂč elle a compris qu’entre ClĂ©lia et Fabrice, c’était pour la vie, elle devient possessive. Elle s’abĂźme beaucoup. Ce personnage admirable, irrĂ©sistible, Ă  partir d’un certain moment refuse de s’effacer, devient sadique, devient carrĂ©ment un personnage malfaisant, mĂ©chant qui trouve plaisir Ă  marier ClĂ©lia avec le marquis Crescenzi. Elle trouve cette satisfaction mesquine dans le au moins, il ne l’aura pas ». Il y a lĂ  la revanche de la perdante. Le personnage se dĂ©grade dans toute la fin du roman. Plus ClĂ©lia monte et s’impose, plus la Sanseverina dĂ©cline. Elle n’a pas cette Ă©lĂ©gance de savoir se retirer en comprenant qu’elle a perdu la partie. C’est PhĂšdre et Aricie. Balzac, dans son grand article de la Revue parisienne de 1840 oĂč il cĂ©lĂšbre La Chartreuse de Parme comme un des plus grands livres du xixe siĂšcle, compare ce livre Ă  PhĂšdre. D’ailleurs, dans le texte, il y a des citations de PhĂšdre qui ne sont pas entre guillemets mais complĂštement infusĂ©es dans le texte. Il y a aussi le thĂšme de l’inceste qui est au cƓur du sujet puisque la tour FarnĂšse a Ă©tĂ© construite pour y incarcĂ©rer un prince incestueux. La comparaison avec Hippolyte et PhĂšdre est explicite dans le roman, qui a donc cet aspect cannibale et incestueux, alors que ClĂ©lia est complĂštement en dehors de tout cela. C’est cela qui lui assure la victoire. Fabrice se dĂ©tourne complĂštement de cet amour d’emprise qui veut vraiment s’emparer de l’autre d’une façon qui le dĂ©vore. Je crois que ClĂ©lia Conti et Mme de RĂȘnal, au-delĂ  de tout ce qui les diffĂ©rencie, sont fondamentalement de la mĂȘme famille. C’est pourquoi finalement, elles restent les – Quel lien avec Armance ?20Ph. B. – L’impasse d’Octave de Malivert, c’est sans doute une impasse physique – c’est en pointillĂ© – on ne saura jamais quel est son secret. De quel ordre est son impuissance ? S’agit-il d’une impuissance gĂ©nitale, s’agit-il – certains critiques l’ont soutenu – d’une impuissance historique ? Il appartient Ă  une classe condamnĂ©e. Cette impuissance physique ne serait que la mĂ©taphore d’une autre impuissance beaucoup plus radicale, tenant Ă  l’absurditĂ© d’ĂȘtre un jeune duc en 1827 et d’avoir des privilĂšges, de ne pas sentir son ĂȘtre au monde justifiĂ©. Qu’est-ce que j’ai fait ? Je n’ai rien fait. Je me suis donnĂ© la peine de naĂźtre, je suis le fils de papa et c’est une absurditĂ© au siĂšcle de la machine Ă  – Il y a un cĂŽtĂ© Marivaux Ă  l’envers !22Ph. B. – Absolument, c’est une problĂ©matique qui obsĂšde les hĂ©ros stendhaliens. On la retrouve dans Lucien Leuwen. Lucien Leuwen qui se dit Qu’est-ce que j’ai fait ? J’ai fait la guerre aux cigares. VoilĂ  ce dont je peux me vanter. Ce n’est pas trĂšs brillant Ă  vingt-cinq ans. OĂč est l’époque de NapolĂ©on oĂč j’aurais pu faire mes preuves sur le champ de bataille ? » On en revient toujours lĂ , c’est l’éternelle obsession de ces jeunes gens. Quant Ă  Armance, dans la situation d’émigrĂ©e oĂč elle se trouve puisqu’elle vient de l’Orient, elle est sans moyen de survie financiĂšre, elle dĂ©pend des autres. Je rappellerai aussi qu’Armance est trĂšs pieuse, qu’elle pense Ă  ĂȘtre religieuse, comme ClĂ©lia Conti. Elle entre au couvent, Ă  la fin du livre. On voit bien que ce sont aussi deux inadaptĂ©s qui ne trouvent pas dans le monde qui les entoure un terrain oĂč ils puissent s’épanouir. Leur rĂȘve, d’ailleurs, quand ils dĂ©cident de se marier, c’est de s’enfuir loin de Paris et d’aller s’enterrer au fin fond d’une province pour vivre l’un de l’autre en coupant toute relation avec la sociĂ©tĂ© et la mondanitĂ©. Ce sont toujours la dissonance et l’écart chez Stendhal un ĂȘtre qui serait parfaitement en phase avec son temps, son xixe siĂšcle, qui serait complĂštement adaptĂ©, serait un ĂȘtre nul, comme dans ce roman inachevĂ© qui s’appelle Feder oĂč l’on voit un peintre rĂ©ussir merveilleusement par sa mĂ©diocritĂ©. On s’arrache ses tableaux, il fait fortune, il est heureux en mĂ©nage, tout lui sourit, pourquoi ? Parce qu’il est nul. C’est un texte qui paraĂźtra dans le troisiĂšme volume de la PlĂ©iade. Selon l’ordre chronologique nous aurons d’abord, en effet, le deuxiĂšme volume, 1830-1837, dont la sortie est prĂ©vue en octobre, oĂč le gros morceau sera Lucien Leuwen, puis le troisiĂšme, qui comprendra les textes fictionnels Ă©crits par Stendhal jusqu’à sa mort en – Quelqu’un de parfaitement adaptĂ© au monde post-napolĂ©onien ne sera jamais chatouillĂ© par l’amour ?24Ph. B. – Balzac dit la mĂȘme chose. Stendhal n’est pas du tout le seul et c’est un thĂšme lancinant dans la premiĂšre gĂ©nĂ©ration romantique. L’amour n’existe plus, et s’il y a un endroit oĂč c’est particuliĂšrement vrai, c’est Paris. Un jeune Parisien du faubourg Saint-Germain en 1825 n’a aucune idĂ©e de ce que c’est que l’amour, sauf, peut-ĂȘtre, au sixiĂšme Ă©tage dans les mansardes, lĂ  d’oĂč un jeune homme de temps en temps se suicide par amour, ou dans les classes pauvres, en proie aux vrais besoins
25LCf – Est-ce la chute de NapolĂ©on ou sa politique qui sont responsables de cet effacement de l’amour ? Ne dirait-on pas que Stendhal a variĂ© sur ce point ? [1]26Ph. B. – Et pourquoi ? C’est parce que NapolĂ©on avait rĂ©installĂ© une cour. Il faut bien comprendre que pour Stendhal, il y a Bonaparte et NapolĂ©on. S’il a servi trĂšs loyalement NapolĂ©on jusqu’au bout, rĂ©pĂ©tant je n’ai admirĂ© qu’un seul homme, NapolĂ©on », il a aussi Ă©crit heureux les hĂ©ros morts en 1804 », c’est-Ă -dire au moment oĂč NapolĂ©on se couronne et restaure ce que Stendhal appelle les vieilleries monarchiques. Donc quelle dĂ©ception de voir cet Ă©mancipateur extraordinaire, le Bonaparte de 1796, voyez le dĂ©but de La Chartreuse de Parme, devenir, Ă  son tour, une sorte de despote, de tyran ! Il y a chez Stendhal des dĂ©clarations extrĂȘmement dures sur ce qu’était devenu NapolĂ©on. Il n’a jamais remis en cause son engagement Ă  son service. Il l’a accompagnĂ© jusqu’à Moscou et ça lui a coĂ»tĂ© la retraite de Russie. Stendhal a vraiment beaucoup donnĂ© pour NapolĂ©on. On ne peut pas le suspecter de l’avoir trahi. Mais en mĂȘme temps, il Ă©tait parfaitement lucide et il a bien vu que NapolĂ©on rĂ©installait l’ennui, le conformisme, le rĂ©gime de la faveur, des cordons ».27LCf – RĂ©installait ou installait ?28Ph. B. – 
 le rĂ©installait, parce qu’on retrouvait ce qui avait lieu avant la RĂ©volution
 Donc, il y a eu un moment miraculeux, ça a Ă©tĂ© le moment du Directoire, disons les annĂ©es 1796-1804, mĂȘme pas une dĂ©cennie – prodigieux ! – oĂč lĂ , comme le dit Stendhal tout est pur, tout est grand, tout est noble, tout est sublime, tout est poĂ©tique. Et puis, Ă  partir de 1804, ça se gĂąte
 et, malheureusement, voilĂ , il y a, vous avez tout Ă  fait raison, on peut le dire, il y a de la faute de NapolĂ©on dans cette espĂšce de pĂ©nĂ©plaine tellement assommante et consternante qui est celle du dĂ©but du xixe siĂšcle et de la fin de l’Empire. Il y a tout de mĂȘme dans la lettre de Stendhal Ă  Balzac, dans les trois brouillons il s’y est repris Ă  trois fois pour rĂ©pondre Ă  l’article de Balzac sur la Chartreuse Le Prince de Parme, je l’ai copiĂ© d’aprĂšs ce que j’ai vu Ă  Saint-Cloud en 1811
 » C’est quand mĂȘme trĂšs lourd de consĂ©quences ça veut dire que ce petit Prince ridicule aberrant et tyrannique, en fait, je l’ai observĂ© Ă  la cour de l’Empereur ! C’était comme ça, Ă  une autre Ă©chelle, que ça se passait Ă  la cour de France, en 1811
Donc c’est quand mĂȘme trĂšs dur ! Un adversaire de NapolĂ©on ne dirait pas pire, et sous la plume de Stendhal, qui admire tant NapolĂ©on par ailleurs, ça a tout son poids, – Pourrait-on dire qu’il y a un cĂŽtĂ© hybride chez Stendhal, Ă  la fois anti-moderne, contre les affairistes et en mĂȘme temps rĂ©volutionnaire ?30Ph. B. – Oui, mais parce que pour lui l’avenir c’est une amĂ©ricanisation du monde, gĂ©nĂ©rale ; notre avenir, ce sont les États-unis. C’est la seule RĂ©publique vertueuse, c’est la seule RĂ©publique qui marche bien, dit-il, dans le monde ; c’est bien, on peut saluer chapeau bas, Washington, Jefferson. Stendhal a lu Tocqueville, il a lu beaucoup de rĂ©cits de voyages aux États-unis et il salue le cĂŽtĂ© civique. Mais il voit aussi le volet nĂ©gatif, parce que aux États-unis, il y a une espĂšce de perversion qui fait que, tout se rĂ©glant Ă  tous les niveaux par l’élection, c’est la campagne Ă©lectorale permanente, et la campagne Ă©lectorale permanente, c’est la dĂ©magogie Ă  fond, et donc la confiscation du moi. Or, pour Stendhal, le moi, c’est la valeur absolue, c’est cela qu’il appelle le beylisme une culture du moi, non pas le culte du moi Ă  la maniĂšre barrĂšsienne, mais culture au sens de volontĂ© de s’analyser soi-mĂȘme, de se connaĂźtre parfaitement, pour essayer tout simplement d’ĂȘtre le plus heureux possible
31LCf – Culture de sa singularitĂ© ?32Ph. B. – C’est ce qu’on appelle la souverainetĂ©, il faut s’appartenir, et donc on ne doit absolument pas se laisser grignoter, ni, a fortiori, annexer, coloniser ou squatter par le non-moi. Or, aux États-Unis, Ă©tant donnĂ© que la position que j’ambitionne Ă  tout niveau, ne serait-ce que pour ĂȘtre
 shĂ©rif dans mon village dĂ©pend de la faveur de mes concitoyens, je dois leur plaire, donc je fais la cour aux boutiquiers, ce qui implique l’aliĂ©nation totale. L’accent porte sur le renoncement, l’abdication de la libertĂ© individuelle, pour se faire bien voir de celui dont on dĂ©pend. Pour Stendhal c’est une sorte de mise sous tutelle du moi qui lui est odieuse
33LCf – C’est lĂ  que vous situez l’origine du beylisme, ou c’était dĂ©jĂ  avant ?34Ph. B. – Ah, non, le beylisme, il est trĂšs ancien ! Il date vraiment de ses annĂ©es de formation. Dans son journal il Ă©crit Quelques principes de beylisme
 ». C’était lĂ  trĂšs tĂŽt, c’est un pilotis, pour reprendre un de ses termes, fondateur de sa vision du en finir avec les États-Unis, Ă©videmment, l’imprĂ©gnation biblique de la sociĂ©tĂ© est Ă©pouvantable pour lui. Le puritanisme, c’est l’horreur absolue, et, accessoirement, j’allais dire, mais enfin ça n’est pas accessoire tout de mĂȘme, c’est mĂȘme tout Ă  fait important, c’est un monde sans culture comment pourrait-il y avoir de l’art ! C’est suspect, naturellement ! Ce qu’il faut, c’est travailler, travailler, parce que c’est bien vu par le Seigneur. Plus on fait fortune, plus on est bĂ©ni du ciel, et c’est ce que Stendhal appelle d’une formule qui fait choc le culte du dieu dollar. C’est la religion amĂ©ricaine
Alors, on voit dans son Ɠuvre, Ă  certains moments de crise, que les protagonistes sont tentĂ©s de franchir l’Atlantique. C’est tellement moche et tellement sans horizon en France. Allons refaire notre vie de l’autre cĂŽtĂ© de la mer. Mais, chose trĂšs significative, personne ne passe Ă  l’acte. À propos des jeunes conspirateurs rĂ©publicains de 1834 qui avaient subi un procĂšs retentissant que Stendhal considĂšre comme absolument inique, il dit Au lieu de les mettre en prison et de les condamner, il faut leur offrir aux frais de l’État, un sĂ©jour de six mois Ă  Cincinnati, ça les guĂ©rira dĂ©finitivement de leurs rĂȘveries dĂ©mocratiques et amĂ©ricaines ! » Alors, lĂ , Ă©videmment, on saisit un point oĂč certains pourraient voir une contradiction comment Stendhal peut-il d’un cĂŽtĂ© dire je souhaite sincĂšrement le bonheur du plus grand nombre », mais en mĂȘme temps dire pour rien au monde je ne voudrais ĂȘtre avec le peuple, qui est toujours sale Ă  mes yeux. » Je suis persuadĂ© qu’il y a beaucoup d’intellectuels qui le pensent, mais personne n’ose le dire, parce que, Ă©videmment, ce serait trĂšs choquant aujourd’hui, ça heurterait la bien-pensance gĂ©nĂ©rale ! Donc, je veux de tout mon cƓur que le peuple soit heureux, mais ne me demandez pas de vivre avec lui, j’ai plus de plaisir Ă  ĂȘtre dans un salon du Faubourg Saint-Germain, avec un lĂ©gitimiste qui est mon adversaire politique, mais avec qui je partage des rĂ©fĂ©rences communes, qu’avec un ouvrier ou quelqu’un de la plĂšbe, que je voudrais vraiment et sincĂšrement voir heureux, mais Ă  qui je n’ai rien Ă  dire, parce que finalement on ne vit pas dans le mĂȘme – Ce qui est magique chez Stendhal, et hybride en mĂȘme temps, c’est ce culte du plaisir, alliĂ© justement Ă  sa sympathie pour les rĂ©volutionnaires
37Ph. B. – Bien sĂ»r ! C’est un jacobin, un jacobin Ă  talons rouges, comme on l’a dit – Il n’était pas xviiiiĂšmiste au sens d’un Sollers aujourd’hui
39Ph. B. – Il est trĂšs xviiiiĂšmiste dans la mesure par exemple oĂč il dit L’endroit du monde oĂč je me trouve le mieux, c’est un salon, Ă  minuit, oĂč on boit du punch, oĂč on mange des glaces avec des femmes qui ont toutes eu des amants et oĂč on frotte sa cervelle Ă  la cervelle d’autrui, dans des conversations spirituelles, brillantes, sans prĂ©jugĂ©s
 » C’est un rĂȘve de xviiiiĂšmiste, d’un monde d’avant la il y a chez lui cette tension – je prĂ©fĂšre le mot de tension Ă  celui de contradiction – entre ses goĂ»ts et ses idĂ©es. Du point de vue des idĂ©es, il n’y a aucun doute qu’il est entiĂšrement du cĂŽtĂ© du mouvement, du progrĂšs etc.., mais en mĂȘme temps du point de vue de son idiosyncrasie, de ses goĂ»ts, de sa personne, il est entiĂšrement du cĂŽtĂ© d’avant la grande fracture. Il en a la nostalgie quand il Ă©voque un Laclos en garnison Ă  Grenoble avant la RĂ©volution, des jeunes femmes tellement charmantes dans des salons brillants, des soirĂ©es exquises
 la douceur de vivre ! Il essaie d’en recueillir un peu les morceaux dans la modernitĂ© ; mĂȘme s’il a un sens aigu de leur disparition, une partie de sa personnalitĂ© en a c’est ce qui explique que dans sa fortune critique, il ait pu ĂȘtre revendiquĂ© aussi bien par la droite que par la gauche. Il y a eu un Stendhal marxiste que nous connaissons tous. Aragon et d’autres ont dit voilĂ  le dĂ©mocrate, l’homme contre les privilĂšges, le fĂ©ministe, le dĂ©fenseur des causes progressistes. Et puis il y a eu une droite rĂ©torquant mais pas du tout, et qui a mis l’accent sur un autre cĂŽtĂ©, qui interdit toute militance. Nous retrouvons lĂ  le clivage entre les Rougistes et les Chartreux, parce que les premiers insistent plutĂŽt sur le cĂŽtĂ© rĂ©volutionnaire alors que les seconds abondent plutĂŽt dans le sens d’une rĂȘverie nostalgique, d’un Ă©den comme dit Julien Gracq Un Ă©den revisitĂ© en songe ». On est dans l’Europe normalisĂ©e » de Metternich, le gouvernement est baroque, infĂąme, et pourtant ce gouvernement – c’est Ă©videmment une idĂ©e trĂšs choquante et trĂšs dĂ©rangeante pour notre moralitĂ© – permet de se consacrer aux choses les plus importantes la connaissance du cƓur humain et l’amour. À Parme, pour un esprit citoyen c’est le dĂ©sespoir, il n’y a que le suicide, aucune perspective d’action politique, tout Ă©tant tellement corrompu et marchant sur la on met la politique entre parenthĂšses, on lui tourne le dos, elle est en vacances. Et alors, que faire sinon l’amour, Ă©couter Madame Pasta, passer des soirĂ©es heureuses avec des gens qu’on aime dans des salons dĂ©licieux ? C’est trĂšs dĂ©mobilisateur mais on n’en a pas mauvaise conscience. La seule urgence c’est le – L’actualitĂ© de Stendhal, n’est-ce pas une promotion de la solitude, autre aspect du beylisme dont nous parlions ?44Ph. B. – Ah, certainement, je suis tout Ă  fait d’accord avec vous, le beylisme est une forme de solitude. Il y a la monade du moi, d’abord me connaĂźtre, savoir qui je suis, moi le plus irremplaçable des ĂȘtres » comme dira Gide, quelque chose de socratique Ă  la base. Par exemple, au dĂ©but de son autobiographie inachevĂ©e la Vie de Henry Brulard, il Ă©crit Je vais avoir cinquante ans, il serait bien temps que je me connaisse. Qu’ai-je Ă©tĂ© ? Suis-je intelligent, suis-je bĂȘte, suis-je bon, suis-je mĂ©chant, je ne le sais pas ! »45LCf – Mais je le saurai en Ă©crivant
46Ph. B. – VoilĂ , je le saurai en Ă©crivant. Me connaĂźtre, pour pouvoir connaĂźtre les autres et pour pouvoir agir sur eux, c’est Ă  partir d’un socle mĂ©thodologique inspirĂ© des philosophes sensualistes et des IdĂ©ologues, tous ces penseurs qui ont Ă©tĂ© les repĂšres thĂ©oriques de Stendhal trĂšs tĂŽt, dĂšs les annĂ©es 1800
47LCf – Ce qui nous parle Ă  nous, au-delĂ  de ses narrations, c’est magnifique quand B. – Je crois qu’il est trĂšs conscient de ce scandale que la plupart des ĂȘtres meurent sans s’ĂȘtre jamais rencontrĂ©s. Je suis moi, pour le meilleur et pour le pire, qui suis-je, que suis-je ? Si je me connaissais, je pourrais savoir sur quel clavier jouer, pour pouvoir m’assurer la plus grande somme de bonheur possible. Il s’assigne comme devoir, premier devoir, premier commandement du beylisme, de partir tous les matins Ă  la chasse du bonheur, non pas d’un bonheur in abstracto mais du bonheur pour moi, en sachant trĂšs bien que le bonheur pour Henri Beyle, ce qui le rend heureux lui, peut laisser de marbre son voisin, donc chacun est unique, et c’est pourquoi il importe tant de se connaĂźtre Ă  fond soi-mĂȘme pour savoir comment s’épanouir, pour savoir comment devenir qui l’on est et accomplir toutes les potentialitĂ©s, toutes les virtualitĂ©s qu’on a en soi
 et qui ne sont absolument pas – C’est un goĂ»t pour la singularitĂ© qui n’a rien Ă  voir avec le culte du moi
50Ph. B. – Le mot, l’adjectif, l’épithĂšte singulier », c’est immĂ©diatement qualifiant dans le monde stendhalien. Quand Stendhal dit d’un personnage de roman elle ou il avait une physionomie singuliĂšre » ça veut dire qu’il ou elle n’était pas comme tout le monde et donc c’est immĂ©diatement prometteur. Stendhal est quelqu’un qui sacralise la diffĂ©rence. C’est parfois trĂšs risquĂ© comme on le voit dans son rĂ©cit de sa premiĂšre expĂ©rience avec ses camarades Ă  l’école centrale. On se moque de lui parce qu’il n’est pas comme les autres et il comprend tout de suite ce grand axiome de la vie sociale diffĂ©rence engendre haine. Si vous ĂȘtes diffĂ©rent, si vous ne bĂȘlez pas, c’est le cas de le dire, avec les moutons, vous serez un paria, vous serez exclu. Stendhal en a souffert, parce qu’il y avait aussi en lui le besoin de communiquer, mais il a toujours voulu ĂȘtre comme lui-mĂȘme et non pas comme plusieurs, comme la masse ou comme les autres. Et donc, il a toujours montĂ© en Ă©pingle sa singularitĂ©, c’était son Ă©thique. Comme dans l’Évangile, le premier commandement, celui qui rĂ©sume tous les autres, c’est Aimez-vous les uns les autres », pour lui c’est ĂȘtre moi-mĂȘme ». Michel Crouzet a d’ailleurs intitulĂ© sa grande biographie Stendhal ou Monsieur moi-mĂȘme, c’est une citation de Stendhal Mister Myself ». C’est vraiment fondamental. Il a tout construit lĂ -dessus
51LCf – Et les considĂ©rations sur la solitude ?52Ph. B. – Oui la solitude, il en a souffert. Racontant dans son autobiographie son arrivĂ©e Ă  Paris, il dit avoir crevĂ© de solitude. Il m’aurait fallu un ami, j’aurais pu lui expliquer, j’aurais pu m’épancher, mais Ă  quel ami ai-je jamais dit un mot de mes souffrances d’amour ? » Il y a cette solitude fondamentale en lui, de mĂȘme qu’il n’a pas eu de famille. Il est mort Ă  l’hĂŽtel et n’a jamais eu de chez soi. C’est un grand solitaire, Stendhal. Il a fait des tentatives, il a essayĂ© de se marier trois ou quatre fois, mais enfin, on ne peut pas imaginer une Madame Stendhal !53LCf – Il n’en faisait pas une thĂ©orie, une Ă©thique de B. – Il ne thĂ©orisait pas du tout. Simplement, il avait un tel besoin de libertĂ© qu’il s’était assez vite rendu compte que les contraintes d’une conjugalitĂ© quelconque lui auraient Ă©tĂ© odieuses trĂšs – Il a une phrase inouĂŻe sur le fait qu’il n’aime pas trop frĂ©quenter les femmes honnĂȘtes, parce qu’il est sensible Ă  l’hypocrisie qu’il faut pour
56Ph. B. – C’est pourquoi il veut frĂ©quenter des femmes qui ont eu des amants, parce qu’avec elles on ne ment pas. On peut ĂȘtre soi-mĂȘme, sans jouer la comĂ©die. Donc, Ă©videmment, tout cela va de pair avec une grande Ă©thique du naturel
57LCf – Ment ou amants ! Toutes les femmes nous trompent avec le Christ dit quelque part Flaubert dans sa correspondance. Il n’y a que les femmes qui ont une relation Ă  Dieu ?58Ph. B. – Mais oui, absolument ! Par exemple, un homme qui porte un cierge dans une procession, Stendhal s’en moque immĂ©diatement. Une femme qui va se confesser, il ne s’en moquera pas. C’est vraiment pour lui un signe, un indice, un symptĂŽme de sensibilitĂ©, et donc, c’est fĂ©minin essentiellement. Et une femme qui n’est pas religieuse, n’en dĂ©plaise Ă  Julia Kristeva, c’est une femme qui manque de fĂ©minitĂ©, et qui sera donc moins dĂ©sirable
59LCf – Une des rĂ©fĂ©rences de Lacan Ă  Stendhal concerne l’amour comme un certain rapport au savoir et Ă  la croyance. Au-delĂ  des figures imaginaires que Stendhal Ă©grĂšne de l’amour, il y a au fond une figure majeure fondĂ©e sur le fait qu’un homme croit une femme, il croit ce qu’elle dit
 comme un fou croit au B. – L’amour quand il est vĂ©ritable comporte une sorte d’évidence on ne se pose pas de questions, on ne ratiocine pas, il est immĂ©diat et porteur de vĂ©ritĂ©, la vĂ©ritĂ© de ceux Ă©videmment qui le ressentent, mais aussi d’une vĂ©ritĂ© extĂ©rieure Ă  eux, la vĂ©ritĂ© tout simplement et il n’y a rien d’autre, il abolit tout en – Stendhal Ă©crit aussi Si j’eusse Ă©tĂ© habile, selon les conseils de mon oncle Gagnon, je serais dĂ©goĂ»tĂ© des femmes jusqu’à la nausĂ©e et par consĂ©quent de la musique et de la peinture[
]. Au lieu de cela dans tout ce qui touche aux femmes j’ai le bonheur d’ĂȘtre dupe[
] »62Ph. B. – C’est cela, Ă  l’ñge de fifty-two, il est encore un jeune homme et Ă  ce moment-lĂ , il rappelle ce qu’il avait dĂ©jĂ  dĂ©veloppĂ© dans l’incipit d’une de ses Chroniques italiennes, Les Cenci », le dialogue entre Werther et Don Juan c’est celui qui stocke les femmes, qui les additionne. Il a tous les succĂšs, mais il est blasĂ©, il n’aime pas. Werther rate, en arrive au suicide, mais il a eu la meilleure part parce qu’il a aimĂ© vĂ©ritablement. Il dit moi je suis beaucoup plus Werther que Don Juan. J’ai eu trĂšs peu de succĂšs
 » – vous vous rappelez au dĂ©but de la Vie de Henry Brulard, il dresse la liste et Ă©videmment ça n’est pas innocent c’est une reprise de la scĂšne du Don Giovanni de Mozart oĂč Leporello fait la statistique pays par pays – la plupart ne m’ont pas honorĂ© de leurs bontĂ©s ». Donc c’est plutĂŽt la statistique des ratages et il dit Bien, malgrĂ© tout ça je suis encore naĂŻf, je suis encore ingĂ©nu, j’ai encore la tĂȘte pleine de nuĂ©es et de chimĂšres et je ne donnerais pas mes Ă©checs pour les rĂ©ussites des Don Juan, parce que j’ai profondĂ©ment le sentiment que j’ai Ă©tĂ© plus heureux en ne rĂ©ussissant pas et en aimant, Ă©ventuellement sans ĂȘtre payĂ© de retour, qu’en ayant toutes les femmes qui passent couchĂ©es Ă  mes pieds. »64LCf – Il aime tellement l’amour qu’il parle aussi souvent de ses fiascos, il prĂ©fĂšre l’amour Ă  l’érection. Ph. B. – Ah oui, il n’y a aucun doute lĂ -dessus. Dans sa vie sentimentale et sexuelle c’est trĂšs frappant. On le voit trĂšs bien avec AngĂ©la PiĂ©tragrua il lui a fait la cour pendant onze ans, enfin le jour arrive – Je remporte cette victoire si longtemps dĂ©sirĂ©e » – et le lendemain il s’en va. Il comprend trĂšs bien que s’installer dans la possession, c’est tuer le dĂ©sir. Tout ce qui est atteint est dĂ©truit et donc il faut immĂ©diatement la distance, l’écart. Évidemment, il est trĂšs content d’avoir fait l’amour avec AngĂ©la, mais pour maintenir cette relation vivante et signifiante, il faut immĂ©diatement la quitter. On a beaucoup thĂ©orisĂ© sur l’amour Ă  distance chez Stendhal, mais je crois que c’est une grande vĂ©ritĂ©. On peut quand mĂȘme faire remarquer que dans les romans, notamment dans La Chartreuse, il y a des annĂ©es de possession heureuse entre ClĂ©lia et Fabrice, mais le roman n’en dit rien parce que ce ne serait pas une matiĂšre romanesque. Stendhal ne jette pas du tout l’anathĂšme sur la sexualitĂ©, absolument pas. Il n’en fait nullement fi mais il est clair que pour lui elle n’épuise pas la relation Ă  l’ – On n’imagine pas de Madame Stendhal, mais Stendhal pĂšre n’est-ce pas plus difficile encore ? Ph. B. – Il en avait tellement soupĂ© dans sa famille ! Lisez la Vie de Henry Brulard, qui est un texte extraordinaire, je ne crois pas que dans la littĂ©rature mondiale il y ait des textes aussi durs sur l’enfance, qui montrent vraiment la maison comme un enfer. Dans cette maison oĂč, aprĂšs la mort de la mĂšre, dĂšs que la mĂšre s’est absentĂ©e, tout le monde se dĂ©teste, c’est la guerre civile Ă  l’intĂ©rieur de l’appartement, tout le monde se hait, ce sont des scĂšnes du matin au il dit J’étais un pauvre bambin persĂ©cuté  », il anĂ©antit complĂštement un certain mythe de l’enfance heureuse, il n’en reste que dĂ©combres, et voyez la scĂšne du dĂ©part de Grenoble, quand il a seize ans et qu’il s’en va – enfin ! – sous prĂ©texte de se prĂ©senter au concours d’entrĂ©e Ă  l’école polytechnique. Il est lĂ  sur le trottoir avec son pĂšre qui l’a accompagnĂ© Ă  la voiture. Ils ne trouvent rien Ă  se dire, le pĂšre se met Ă  pleurnicher un peu, et tout ce que Stendhal trouve Ă  remarquer, c’est Je l’ai trouvĂ© bien laid ! » C’est quand mĂȘme terrible, cela sonne vrai mais en donnant la chair de poule !67LCf – Il l’a jugĂ© ! À treize ans ! Et sans appel
68Ph. B. – Et en mĂȘme temps, il se sent coupable Longtemps, je me suis dit est-ce que je suis un monstre ? Longtemps, je n’ai pas trouvĂ© de rĂ©ponse Ă  cette question
 ». On ne peut pas ĂȘtre parricide comme Henri a voulu l’ĂȘtre sans en ĂȘtre profondĂ©ment affectĂ©, on ne tue pas papa de gaietĂ© de cƓur !69LCf – Sauf si on est fou ! Stendhal s’en servait en le dĂ©testant et ne s’en portait finalement pas plus mal !70Ph. B. – Il n’y a pas la moindre complaisance. Prenons la scĂšne oĂč il raconte comment il a appris l’exĂ©cution de Louis xvi. Sa famille a vĂ©cu le procĂšs du roi comme un procĂšs de famille, la famille frappĂ©e au cƓur, la paternitĂ© mĂȘme a Ă©tĂ© assassinĂ©e, mise Ă  mort par ce geste, et Henri ressent son premier orgasme
 C’est clair, il est lĂ , sous la lampe, et il dit J’ai Ă©tĂ© bouleversĂ© d’un des plus violents mouvements de joie que j’aie jamais ressenti dans ma vie ! »71LCf – Pas trop dix-huitiĂšmiste cet orgasme !
72Ph. B. – PlutĂŽt plutarquien et antique » !73LCf – N’avait-il pas plutĂŽt la nostalgie des annĂ©es que vous dites 1796-1804
74Ph. B. – Oui, c’est un certain mythe, culturel plutĂŽt que politique, un certain art extraordinairement policĂ©, une sorte d’apogĂ©e dans la civilisation, dans les maniĂšres, dans la maniĂšre d’ĂȘtre ensemble. L’esprit, l’esprit ! L’esprit coulait Ă  flots dans la haute sociĂ©tĂ© de l’Ancien RĂ©gime. L’esprit, l’échange, la conversation. Stendhal est fondamentalement un ironiste. Ses amis disaient qu’il avait au coin de la bouche un pli d’ironie. Il disait que ça lui avait fait beaucoup de mal, mais qu’il ne pouvait pas s’en empĂȘcher, c’était son corps parce que c’était son esprit. On avait l’impression qu’il se moquait de tout le monde et de tout. Il Ă©tait caustique et sarcastique, ne respectant rien
Est-ce que ça n’est pas un trait du xviiie siĂšcle ?75Il aime Diderot. Il a dit beaucoup de bien de Jacques le fataliste. Il a beaucoup lu Marivaux, dont vous parliez tout Ă  l’heure
 Et en mĂȘme temps, lui qui aime tant la rĂȘverie, il a dit tant de mal de Jean-Jacques Rousseau. C’est qu’il lutte contre un penchant glissant Je ne veux pas branler l’ñme du lecteur ! » Il le dit Ă  Balzac. Et, justement, La Nouvelle HĂ©loĂŻse, c’est de l’onanisme, vĂ©ritablement. Oui, parce que ses phrases sont tellement Ă©mouvantes ! Et Stendhal qui est honnĂȘte dit Ces phrases si belles me touchaient malgrĂ© moi. »76LCf – Il dit aussi que pour dire la vĂ©ritĂ©, il faut Ă©crire trĂšs vite en Ă©vitant tout ce qui B. – Et cette phrase magnifique Je tremble toujours de noter un soupir, quand je voudrais Ă©pingler les vĂ©ritĂ©s. » Donc essayer de limiter complĂštement le coefficient d’affect, parce que c’est toujours du mensonge. C’est pourquoi il y a cette dĂ©claration qui peut nous paraĂźtre tellement bizarre, oĂč il dit que pour se mettre en train tous les matins de ces cinquante-trois jours oĂč il a dictĂ© La Chartreuse de Parme, il lisait une page du code civil, soit ce qu’il y avait de plus opposĂ©. Selon lui, la phrase la plus parfaite de la langue française, c’est Tout condamnĂ© Ă  mort aura la tĂȘte tranchĂ©e ». C’est une phrase Ă  laquelle on ne peut rien ajouter et rien retrancher, c’est le cas de le dire ! Il y a une adĂ©quation idĂ©ale entre ce qu’on veut dire et ce qu’on dit. Et ça, c’est un modĂšle absolu du style trĂšs diffĂ©rent de celui de Rousseau avec son Ă©motivitĂ© suspecte, complaisante voire – Écrire, dicter La Chartreuse en cinquante-trois jours, c’est terrible !79Ph. B. – Oui, alors on a dit miracle ! Je pense que c’est comme l’aloĂšs qui fleurit tous les cent ans, il faut quatre-vingt-dix-neuf ans d’incubation, et puis d’un seul coup, en faisant un bruit de canon, il fleurit. C’est pareil Stendhal, sur le tard, fait enfin un grand roman sur l’Italie. Il a parlĂ© de l’Italie dans d’autres livres, mais sous forme de carnets de voyage, promenades dans Rome, dans Naples et Florence, dans des nouvelles, mais jamais un roman de grande envergure. C’est le cƓur de ce qui a Ă©tĂ© son existence pendant quarante ans au moins. Comment s’étonner que cela vienne si bien ? Il s’est entraĂźnĂ© pendant des dĂ©cennies pour cette course – Mais il ne le savait pas, n’est-ce pas ça le miracle ?81Ph. B. – Il ne le savait pas
Il faut croire quand mĂȘme qu’il y a des moments de maturation. La Chartreuse de Parme ne peut pas ĂȘtre l’Ɠuvre d’un dĂ©butant, Ă  aucun point de vue. Elle rassemble vraiment l’expĂ©rience de toute une vie et il faut donc admettre qu’il y a une sĂ©dimentation intĂ©rieure, et puis, le moment venu
82LCf – L’anglais ?
Ce goĂ»t pour l’anglais ?83Ph. B. – C’était un incroyable sabir, parce qu’il n’y a pas que de l’anglais. Hier, encore, en travaillant au troisiĂšme volume de la PlĂ©iade, je voyais une phrase de quelques mots oĂč il y avait trois langues. Il y avait If I publie me vivente
 », soit si je publie de mon vivant », anglais, français, latin, en cinq mots. On peut se dire pourquoi dans un Ă©crit purement privatif, ça n’a pas de sens. Ce sont des notes tout Ă  fait personnelles. Il y a une part de – Et le texte de son Ă©pitaphe ?85Ph. B. – Dans son Ă©pitaphe, c’était en italien Arrigo Beyle, Milanese ». Donc, vouloir ĂȘtre enterrĂ© sous une pierre tombale en italien, c’est une maniĂšre de se naturaliser Italien. Et dans la mort, de se rattacher Ă  cette gĂ©nĂ©alogie fantasmĂ©e du cĂŽtĂ© de la mĂšre. Il disait que du cĂŽtĂ© des Gagnon, c’étaient des Guadagni, des Guadagnamo, qui seraient venus avec les Papes en Avignon. C’est un peu comme Gobineau qui s’imagine des ancĂȘtres vikings. Il y a beaucoup d’écrivains qui ont Ă©chafaudĂ© des gĂ©nĂ©alogies dĂ©lirantes parce qu’elles confortaient l’image qu’ils avaient besoin de se faire d’eux-mĂȘmes. À sa mort, ses derniĂšres volontĂ©s ont causĂ© du scandale auprĂšs de l’ambassadeur de France qui a dit il renie sa patrie alors qu’il Ă©tait fonctionnaire français, voilĂ  qu’il veut faire croire qu’il Ă©tait Milanais ». Son cousin, Romain Gagnon, qui a fait tellement pour lui, qui Ă©tait d’un dĂ©vouement canin Ă  sa mĂ©moire, Ă©crit dans une lettre qu’il Ă©tait consternĂ© d’avoir trouvĂ© ces volontĂ©s dans son testament. Il les respectera mais la mort dans l’ñme. On ne mesure peut-ĂȘtre pas aujourd’hui ce qu’avait d’étonnant ce genre de chose
 C’était une espĂšce de trahison, il passait de l’autre cĂŽtĂ© des Alpes. Il signifiait Ă  ses compatriotes Je n’ai rien de commun avec vous ». Et vous savez combien Ă  Grenoble, on lui en a voulu, et jusqu’à une date rĂ©cente, on ne s’y flattait pas d’avoir donnĂ© naissance Ă  Stendhal. Il passait pour un mauvais Français et mauvais Grenoblois, c’est encore bien pire !86LCf – Est-ce qu’on peut rapprocher, comme ça, ce goĂ»t des idiomes Ă©trangers, ce goĂ»t des langues, pour aborder certains domaines, avec ce que vous dites du dessin, dans la Vie de Henry Brulard ? [2], ces dessins qu’il y a dans le manuscrit, Ă  chaque fois, dirait-on, qu’il s’approche d’une zone plus sensible, d’un certain rĂ©el
87Ph. B. – Oui, c’est pour tenir Ă  distance une dĂ©ferlante affective. C’est aux moments de grande intensitĂ© Ă©motionnelle, comme par hasard, qu’on voit le dessin prolifĂ©rer
Parce que le dessin, ça refroidit forcĂ©ment. On fait des lignes, des angles, on met petit a, petit b
C’est une maniĂšre de cartographier une sorte de chaos. Il y a une lave qui bouillonne et qui veut sortir, alors, pour la dominer, on essaie de la dessiner. En tout cas, ce qui est capital – et je crois que la critique l’a vraiment bien intĂ©grĂ© depuis maintenant une dizaine d’annĂ©es – c’est que les dessins font partie du texte. Songez que les premiĂšres Ă©ditions de Henry Brulard, non seulement ne reproduisaient pas les dessins, mais n’y faisaient mĂȘme pas allusion. On ne savait pas qu’il y en avait. C’est assez rĂ©cemment que les Ă©ditions d’Henry Brulard reproduisent les dessins, et qu’on se rend compte que c’est une partie intĂ©grante du texte, et qu’il faut essayer de penser ce rapport binoculaire entre l’aspect graphique et l’aspect textuel, qui sont absolument indissociables, organiquement dessins ne sont pas lĂ  non plus en guise d’illustrations. Les lĂ©gendes des dessins disent d’ailleurs souvent des choses qui ne sont pas dans le texte. Il n’y a pas seulement des dessins, mais des – Par exemple ?90Ph. B. – Eh bien, aux Echelles, par exemple. Lors d’un sĂ©jour de vacances heureux quand il a treize ans, c’est la seule oasis qui lui reste de son enfance, chez l’oncle Romain Gagnon, il y a Ă©normĂ©ment de dessins, et il rajoute des dĂ©tails, parce que la mĂ©moire afflue, et alors lĂ , dans les lĂ©gendes, il ajoute des dĂ©tails qu’il ne reprend pas dans le texte. C’est une maniĂšre d’aller vite, aussi, vous connaissez la phrase de NapolĂ©on Un croquis en dit plus qu’un long discours ».91C’est un aide-mĂ©moire, une maniĂšre Ă©conomique de dire les choses. Et puis, aussi, je crois, et pour moi, c’est le plus important, une maniĂšre de les – Au tout dĂ©but de l’entretien, vous avez soulignĂ© un point trĂšs intĂ©ressant, le cĂŽtĂ© temporel, le cĂŽtĂ© datĂ© de l’amour, de ce que l’amour doit au discours, Ă  la langue de son temps. Comment dire le message que Stendhal dĂ©livre sur l’amour de son temps ?93Ph. B. – Il n’en parle pas beaucoup. Vous savez qu’il reprend un titre qui n’est pas de lui. Pour ses contemporains, il y avait un autre livre intitulĂ© De l’amour. On l’a complĂštement oubliĂ© aujourd’hui. C’était un traitĂ© de SĂ©nancour. Il y avait un De l’amour de SĂ©nancour, dont Stendhal ne parle jamais, mais visiblement, il lui fait concurrence. Je crois que Stendhal ne veut pas se prĂ©occuper des thĂ©ories amoureuses de ses contemporains. Il rĂ©pond Ă  une urgence. Ce livre c’est une maniĂšre de se consoler. Il a visiblement un usage curatif ou thĂ©rapeutique de son Ă©chec avec MĂ©tilde Dembrowski. Quand il apprend des annĂ©es plus tard la mort de MĂ©tilde, il Ă©crit dans ses notes Death of the author », mort de l’auteur. Donc, l’auteur de De l’Amour, c’est MĂ©tilde d’une certaine façon. C’est une rĂ©ponse qu’il a voulu faire aux souffrances qu’il a endurĂ©es. C’est toujours la mĂȘme dĂ©marche, en prenant de la hauteur et du recul, en essayant peut-ĂȘtre de souffrir moins. Il avait plusieurs fois eu l’idĂ©e du suicide. Quand il est rentrĂ© d’Italie, il Ă©crit qu’il a Ă©tĂ© very near of the
 », et il dessine un pistolet. Et je pense que chez lui, ce n’était vraiment pas une – Il le dit en anglais ?95Ph. B. – Oui very near of the
 », et il n’emploie pas le mot pistolet, il dessine un pistolet. Ce n’était pas pour jouer les Werther, pas du tout. Ce n’était pas de la pose pseudo romantique. Il ne voyait plus de raison de vivre. Mais fidĂšle Ă  un principe du beylisme, qui est que dans les moments de grandes douleurs et de grand danger, il faut marcher droit Ă  l’objet, que c’est la seule maniĂšre de dominer sa peur et sa douleur, il a essayĂ©, je crois, par un traitĂ© apparemment dĂ©tachĂ© et gĂ©nĂ©ral, mais tout pĂ©tri de ses expĂ©riences, en l’occurrence pĂ©nibles, d’analyser cet univers de sentiments dans lequel il Ă©tait faut quand mĂȘme se rappeler ce qu’il a dit dans la Vie de Henry Brulard l’amour a Ă©tĂ© pour moi la premiĂšre des affaires, ou plutĂŽt la seule, aprĂšs sont venus mes ouvrages ». AprĂšs » veut dire en numĂ©ro deux ».97Un trait qui me semble trĂšs sympathique chez Stendhal, c’est qu’il ne sacralise absolument pas l’activitĂ© d’écriture. Il n’est pas du tout ce genre d’écrivain qui dit Si on m’empĂȘchait d’écrire, je mourrais. » Si on l’empĂȘchait d’écrire, il continuerait Ă  vivre. Il continuerait d’aller Ă  l’opĂ©ra, Ă  ĂȘtre amoureux. Pas de mission, de sacerdoce encore moins. Il s’agit de donner du plaisir, pas d’apporter l’ – C’est l’anti-Proust !99Ph. B. – Et l’anti-MallarmĂ©. D’abord et avant tout l’amour. Aimer et ĂȘtre aimĂ©, c’est lĂ -dessus qu’on juge la rĂ©ussite d’une vie. J’aime Ă©crire, dit-il ; Ă©crire dans un grenier pour son plaisir, d’abord pour son plaisir. Si on trouve quelques amis qui s’y reconnaĂźtront, tant mieux, mais l’écriture d’abord pour soi
 Mais avant tout l’amour est la premiĂšre et la seule des affaires qui mĂ©rite qu’on s’y consacre. Le reste n’est – C’est l’amour qui porte ses hĂ©ros Ă  l’ B. – Oui, absolument. Ce qui est sĂ»r, c’est qu’il Ă©tait amoureux de l’amour. D’ailleurs, c’est une phrase qu’il emploie une fois. Il dit J’ai Ă©tĂ© amoureux de l’amour », Amabam amare », comme dit saint Augustin, qu’il n’avait sans doute pas lu. Être en Ă©tat d’amour toujours. Pour lui, c’était ĂȘtre en vie, rien d’autre. N’ĂȘtre pas amoureux, ou n’ĂȘtre plus amoureux, c’était la vieillesse, c’était la mort. Et ce qui le dĂ©sole en son temps, c’est qu’on est mort Ă  dix-huit ans. Parmi les jeunes gens du salon de La Mole, aucun n’est amoureux. Ils vont faire de beaux mariages, ce qui est tout Ă  fait autre chose, mais aucun n’a cette folie
 Parce que l’amour, c’est Ă©videmment une folie, c’est le contraire du bon sens. Et c’est pourquoi il est si peu français, ce Stendhal par ailleurs si français !, si ĂȘtre français c’est, dans le sillage de Descartes, valoriser le bon sens, y compris en lui donnant sa noble signification philosophique. Pour lui, pas du tout, l’amour est un dĂ©lire, c’est une construction narcissique. Il le montre trĂšs bien toute la thĂ©orie de la cristallisation, qu’est-ce que c’est ? Je prĂȘte Ă  un ĂȘtre les perfections qu’il n’a pas. Je les invente
 L’amour est donc une fiction. On peut bien imaginer combien Proust a pu s’intĂ©resser Ă  cela et comment il a eu un rapport endurant avec Stendhal. Et il est trop clair qu’en inventant un ĂȘtre tellement sublime dont je suis amoureux, par un effet de rĂ©verbĂ©ration, de feed-back, cela retombe sur moi. Si c’est un ĂȘtre aussi sublime que j’aime, c’est parce que je suis sublime moi-mĂȘme. Naturellement, il est bien digne de moi et moi de lui. Il y a un engin narcissique qui fonctionne, qui tourne Ă  plein rĂ©gime dans cette cristallisation et Stendhal l’analyse magistralement. En dehors de cette folie, mais qui est la plus belle, la plus nĂ©cessaire des folies, il n’y a – D’ailleurs vous semblez dire aussi qu’il entre dans ce domaine-lĂ , au sommet du Saint-Bernard en rejoignant l’armĂ©e d’ B. – Oui absolument, puisque c’est lĂ  qu’il bascule de l’autre cĂŽtĂ© et qu’il reçoit tout d’un seul coup. Il dĂ©couvre l’amour Ă  l’italienne. Il avait Ă©tĂ© amoureux une fois Ă  Grenoble d’une actrice, Virginie Kubly, qu’il n’avait jamais osĂ© aborder ; quand il la rencontre par hasard nez Ă  nez dans le jardin de ville, il prend ses jambes Ă  son cou tellement il est terrorisĂ© d’ĂȘtre prĂšs de son idole. Toujours l’amour Ă  distance. Il se consume pour elle et quand, enfin, elle s’approche de lui, il tourne les talons. C’est pour cela qu’il a tant aimĂ© les cantatrices, l’opĂ©ra parce que la femme est vue Ă  distance, avec le recul, sur la scĂšne, prestige de l’illusion dramatique. C’est une femme fortement libidinale mais en mĂȘme temps inaccessible. Elle est hors d’atteinte, on ne peut pas la toucher. Il faut qu’elle reste hors d’atteinte. Sinon, si on faisait l’amour avec elle, ce serait une femme comme les – Vous l’avez dit Ă  un moment, c’est la jouissance de l’ B. – – Comment les mots de Stendhal donnent-ils forme Ă  nos sentiments ?107Ph. B. – Le terme de cristallisation rĂ©pond admirablement. Il a trouvĂ© un mot. Il raconte d’ailleurs quelque part, je crois que c’est dans une lettre, ou peut-ĂȘtre dans les Souvenirs d’égotisme que, dans les salons, on se moquait de lui car il mettait en circulation des nĂ©ologismes. Il disait qu’il y en a d’autres comme ça mais qui n’ont pas marchĂ©, qui n’ont pas rĂ©ussi. Le mot cristallisation, lui, s’est imposĂ© immĂ©diatement avec la mĂ©taphore du rameau dans la mine de sel de Hallein prĂšs de Salzbourg. On peut dire que depuis Stendhal, l’amour a un nouveau terme, un nouveau vocabulaire. Et comme on sait bien que les mots ce sont des choses, c’est aussi une nouvelle rĂ©alitĂ©. Notes [*] Philippe Berthier est professeur de littĂ©rature française Ă  la Sorbonne Nouvelle. Il a publiĂ© de nombreux essais sur la littĂ©rature du XIX Ăšme siĂšcle dont plusieurs sur Stendhal. Il co-dirige la nouvelle Ă©dition des Ɠuvres romanesques de Stendhal pour la BibliothĂšque de La par Christiane Alberti, Nathalie Georges-Lambrichs et Philippe Hellebois. [1] Stendhal Paris-Londres. Chroniques Paris, Stock1997, p. 267. TantĂŽt il fait remonter l’effacement de l’amour Ă  la chute de NapolĂ©on, tantĂŽt Ă  sa politique elle-mĂȘme Du fait que depuis la chute de NapolĂ©on, toute apparence de galanterie est sĂ©vĂšrement bannie des mƓurs de la province, l’ennui redouble. Il ne reste d’autres plaisirs que la lecture et l’agriculture. » NapolĂ©on a jugĂ© nĂ©cessaire Ă  l’établissement de son despotisme de dĂ©crĂ©ter, en 1802, que dorĂ©navant aucune femme ne paraĂźtrait en sociĂ©tĂ©, ou dans la rue, sans son mari. Cette seule phrase du despote a tuĂ© la galanterie française qui pourrait ĂȘtre gai ou badin devant un mari ? » [2] Philippe Berthier Stendhal. Vie de Henry Brulard, Paris, Gallimard, FoliothĂšque », 2000.
VĂ©ritablecoup de cƓur pour cette remarquable leçon de vie et de transmission. Le regard d’Isabelle EN CE TEMPS LA, L’AMOUR Théùtre La Luna, 1 rue SĂ©verine, 84000 Avignon Du 7 au 31 juillet – RelĂąches les 13, 20, 27 juillet – Ă  18h45 chargement ← LE PROCÈS EICHMANN À JÉRUSALEM – THÉÂTRE DES HALLES – FESTIVAL D’AVIGNON 2021
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DavidBrĂ©court fait sensation. Il ne sort pas indemne, nous non plus, de cette merveilleuse piĂšce Ă  l’édifiante universalitĂ©. En ce temps lĂ , l’amour. Une piĂšce de Gilles SEGAL. Mise en scĂšne par
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Lemeurtrier du policier de 36 ans tué par balles mercredi 5 mai en fin d'aprÚs-midi à Avignon lors d'un contrÎle antidrogue, était toujours en
David BRECOURT Ă©tait l’invitĂ© de l’émission DEUX SOUS DE SCENE, sur Radio Libertaire le samedi 26 Octobre 2019, ci-dessous en podcast Comme j’ai enviĂ© ce pĂšre capable de susciter un tel regard d’admiration dans les yeux de son fils » Ce cri du cƓur Ă©mane d’un individu qui sait faire partie du commun des mortels avec cette particularitĂ© cependant, celle d’avoir connu l’enfer, un enfer justement inimaginable pour le commun des mortels. L’individu en question Z » dans la piĂšce est redevenu un homme normal sans histoires, invisible. Non certainement, il ne s’est pas Ă©panchĂ© sur sa dramatique expĂ©rience de la shoah auprĂšs de son fils qui a Ă©tĂ© Ă©pargnĂ©. La vie a repris son cours. Ce fils est loin dĂ©sormais qui lui envoie d’AmĂ©rique, une photo de son petit-fils. Bien sĂ»r, il songe sur les rapports entre pĂšre et fils qui Ă  distance peuvent devenir conventionnels, distraits, banaux. C’est implicite, il n’en dit mot Ă  ce fils, mais il y a ce dĂ©clic que reprĂ©sente, tombĂ©e du ciel une photo de son petit-fils. Et lui revient en boomerang, le souvenir d’une rencontre dans un train en partance pour Auschwitz, avec un pĂšre et un fils, extraordinaires. Qui ne s’est pas plu Ă  observer dans les transports en commun ces relations intimes entre un parent et son enfant qui passent parfois juste par des regards, des attentions lesquelles peuvent Ă©blouir l’observateur parce qu’elles ne sont pas criantes, seulement naturelles. Dans le train de la mort, Z a dĂ©cidĂ© de ne plus penser, ne plus penser Ă  lui, durant les 7 jours du voyage, il va vivre d’une certaine façon par procuration, Ă  travers un pĂšre et son fils d’une douzaine d’annĂ©es. Le rĂ©cit de ce voyage qu’il enregistre pour son fils, devient en quelque sorte anachronique. Qui parle, le pĂšre qu’il aurait voulu ĂȘtre, le pĂšre qu’il a rencontrĂ© ? Et le fils, celui d’AmĂ©rique n’aurait-il pas pu ĂȘtre celui du train de l’enfer ? Qui parle, le vieil homme ou le jeune homme qu’était Z Ă  l’époque ? Les rĂ©actions de Z sont sans fard, il ne comprend pas tout d’abord, comment le pĂšre peut faire abstraction de la situation insupportable Ă  laquelle sont confrontĂ©s les voyageurs, la promiscuitĂ©, l’odeur des excrĂ©ments, la mort des plus faibles, les cris des survivants. Le pĂšre durant tout le voyage dĂ©ploiera toute son Ă©nergie Ă  occuper l’esprit de son enfant, un peu comme ShĂ©hĂ©razade des Mille et Une Nuits, pour l’étourdir, le faire sourire, le voir heureux jusqu’au bout de la nuit et de la mort 
 Alors Ă©tonnamment, le rĂ©cit qui aurait pu prendre la tournure d’une oraison funĂšbre, devient un hymne Ă  la vie, Ă  sa poĂ©sie, Ă  l’amour simplement entre un pĂšre et son fils. David BrĂ©court rayonne dans ce rĂŽle de conteur. Nous oublions complĂštement qu’il s’agit d’un seul en scĂšne tant son interprĂ©tation est vivante et l’histoire captivante. Gille Segal, comĂ©dien et dramaturge, d’origine juive romaine a certainement puisĂ© dans son histoire personnelle. Il signe avec cette piĂšce, un bijou de tendresse et d’humanitĂ©, en donnant la parole Ă  Z, un commun des mortels par dĂ©faut, auquel nous pouvons tous nous identifier, face Ă  son double extraordinaire ». Que ceux qui viennent au théùtre avant tout pour se distraire et se changer les idĂ©es, ne soient pas rebutĂ©s par le thĂšme de la shoah. La piĂšce, mise en scĂšne par Christophe Gand diffuse une lumiĂšre qui ne cesse de chatoyer, mettant en valeur son interprĂšte David BrĂ©court, tout juste fascinant. Paris, le 25 Octobre 2019 Mis Ă  jour le 10 Juillet 2021 Evelyne TrĂąn PubliĂ© par Evelyne TrĂąn Animatrice radio sur Radio Libertaire depuis 2008 . - Chroniqueuse pour le blog "Théùtre au vent" du site Le en 2011, puis sur le site et sur le Monde libertaire en ligne ou version papier 2019. Voir tous les articles par Evelyne TrĂąn PubliĂ© 10 juillet 202110 juillet 2021

CetĂ©moignage ou la transmission d’une leçon de vie s’avĂšre faire Ă©cho Ă  ce souvenir dont il fut le tĂ©moin. Des bandes magnĂ©tiques enregistrent alors son rĂ©cit livrant Ă  son fils, vivant aux Etats-Unis, un tĂ©moignage poignant de son trajet en train vers Auschwitz. Il dĂ©crit, de façon factuelle, l’horreur de l’entassement humain, les humiliations dues Ă  la promiscuitĂ©, les

Spectacles du Festival OFF Avignon 00 avis Votre avis Théùtre La Luna - Festival OFF Avignon De Gilles SEGAL Z. vient tout juste d’ĂȘtre grand-pĂšre. Il se dĂ©cide alors Ă  enregistrer pour son fils, sur bandes magnĂ©tiques, un souvenir gravĂ© Ă  jamais dans sa mĂ©moire sa rencontre avec un pĂšre et son jeune garçon dans le train qui les conduisait aux camps de la mort. Le temps du trajet, ignorant le chaos qui s’installe de jour en jour dans le wagon, ce pĂšre va profiter de chaque instant pour transmettre Ă  son fils l’essentiel de ce qui aurait pu faire de lui un homme. La piĂšce est sĂ©quencĂ©e en 7 chapitres pour les 7 jours du trajet du train. Sept jours comme la crĂ©ation du monde, un monde que ce pĂšre refuse de voir s’effondrer. L’incroyable poĂ©sie et l’humour qui se dĂ©gagent de ce texte donnent Ă  la piĂšce une force et une Ă©motion d’une rare intensitĂ©. - Elu "MEILLEUR SPECTACLE" du festival Off d'Avignon 2021 par la Presse Lire plus Fermer La presse parle de En ce temps lĂ , l'amour Un seul en scĂšne absolument bluffant. Bouleversant et d’une rare intensitĂ©. Coup de cƓur théùtral, magnifique et bouleversant. Une leçon de vie et de transmission, merveilleusement portĂ©e par D. BrĂ©court. Une rĂ©ussite! il faudrait l’ñme bien vile et le coeur bien dur pour ne pas Ă©craser une larme. Alain Girodet David Brecourt est remarquable. En finesse, en subtilitĂ©, en toute pudeur. Armelle HĂ©liot Afficher tous Laissez un avis sur En ce temps lĂ , l'amour Ce spectacle n'est plus Ă  l’affiche Les autres piĂšces du mĂȘme genre Prochainement Prochainement Prochainement Prochainement Prochainement Prochainement Prochainement Ceux qui ont consultĂ© le spectacle En ce temps lĂ , l'amour ont aussi consultĂ© Promo L'amour c'est mieux Ă  trois Edgar Prochainement J’ai pas l’air Antoine - Simone Berriau DerniĂšres Post it ComĂ©die des Suds De L'Ambition Manufacture des Abbesses Prochainement Addition SaliniĂšres Prochainement CONFÉRENCE DÉRAPANTE NAÎTRE ANIMAL, ÊTRE HUMAIN Reine Blanche Prochainement Le Rossignol / Les Mamelles de TirĂ©sias, opĂ©ras de Stravinsky et de Poulenc mis en scĂšne par Olivier Py Champs-ElysĂ©es Chers parents Paris - Salle RĂ©jane Accueil Les spectacles En ce temps lĂ , l'amour .